Le Barbier de Séville

Beaumarchais

Acte I, scène 4

De "Te voilà instruit..." à "...ce qu’il soit parti."




Plan de la fiche sur Le Barbier de Séville - Acte I, scène 4 de Beaumarchais :
Introduction
Texte de l'Acte I, scène 4
Annonce des axes
Commentaire littéraire
Conclusion


Introduction

Le Barbier de Séville ou la Précaution inutile est une comédie en quatre actes de Beaumarchais, représentée pour la première fois le 23 février 1775. C'est le premier volet d'une trilogie intitulée Le roman de la famille Almaviva.
Le deuxième volet, Le Mariage de Figaro, est écrit en 1778 et mis à la scène en 1784 seulement. Le troisième, L'Autre Tartuffe ou La Mère coupable, est achevé et joué en 1792.

Dans la scène précédente, l'apparition au balcon de Bartholo et de Rosine a interrompu la conversation entre Figaro et le Comte. Rosine a alors lancé du balcon un billet destiné au Comte. Bartholo, qui s'est douté de quelque chose a fermé la fenêtre. Le Comte et Figaro reprennent leur conversation.


Texte de l'Acte I, scène 4

LE COMTE. Te Voilà instruit ; mais si tu jases…
FIGARO. Moi, jaser ! Je n’emploierai point pour Vous rassurer les grandes phrases d’honneur et de dévouement dont on abuse à la journée ; je n’ai qu’un mot : mon intérêt vous répond de moi ; pesez tout à cette balance, et…
LE COMTE. Fort bien. Apprends donc que le hasard m’a fait rencontrer au Prado, il y a six mois, une jeune personne d’une beauté… ! Tu viens de la voir. Je l’ai fait chercher en vain par tout Madrid. Ce n’est que depuis peu de jours que j’ai découvert qu’elle s’appelle Rosine, est d’un sang noble, orpheline, et mariée à un vieux médecin de cette ville, nommé Bartholo.
FIGARO. Joli oiseau, ma foi ! difficile à dénicher ! Mais qui vous a dit qu’elle était femme du docteur ?
LE COMTE. Tout le monde.
FIGARO. C’est une histoire qu’il a forgée en arrivant de Madrid, pour donner le change aux galants et les écarter ; elle n’est encore que sa pupille, mais bientôt…
LE COMTE, vivement. Jamais !… Ah ! quelle nouvelle ! J’étais résolu de tout oser pour lui présenter mes regrets, et je la trouve libre ! Il n’y a pas un moment à perdre ; il faut m’en faire aimer, et l’arracher à l’indigne engagement qu’on lui destine. Tu connais donc ce tuteur ?
FIGARO. Comme ma mère.
LE COMTE. Quel homme est-ce ?
FIGARO, vivement. C’est un beau gros, court, jeune vieillard, gris, pommelé, rusé, rasé, blasé, qui guette, et furette, et gronde, et geint tout à la fois.
LE COMTE, impatienté. Eh ! je l’ai Vu. Son caractère ?
FIGARO. Brutal, avare, amoureux et jaloux à l’excès de sa pupille, qui le hait à la mort.
LE COMTE. Ainsi, ses moyens de plaire sont…
FIGARO. Nuls.
LE COMTE. Tant mieux. Sa probité ?
FIGARO. Tout juste autant qu’il en faut pour n’être point pendu.
LE COMTE. Tant mieux. Punir un fripon en se rendant heureux…
FIGARO. C’est faire à la fois le bien public et particulier, chef d’œuvre de morale, en vérité, Monseigneur !
LE COMTE. Tu dis que la crainte des galants lui fait fermer sa porte ?
FIGARO. A tout le monde : s’il pouvait la calfeutrer…
LE COMTE. Ah ! diable, tant pis. Aurais-tu de l’accès chez lui ?
FIGARO. Si j’en ai ! Primo, la maison que j’occupe appartient au docteur, qui m’y loge gratis.
LE COMTE. Ah ! ah !
FIGARO. Oui. Et moi, en reconnaissance, je lui promets dix pistoles d’or par an, gratis aussi.
LE COMTE, impatienté. Tu es son locataire ?
FIGARO. De plus, son barbier, son chirurgien, son apothicaire ; il ne se donne pas dans sa maison un coup de rasoir, de lancette ou de piston, qui ne soit de la main de votre serviteur.
LE COMTE l’embrasse. Ah ! Figaro, mon ami, tu seras mon ange, mon libérateur, mon dieu tutélaire.
FIGARO. Peste ! comme l’utilité vous a bientôt rapproché les distances ! Parlez-moi des gens passionnés !
LE COMTE. Heureux Figaro, tu vas voir ma Rosine ! tu vas la voir ! Conçois-tu ton bonheur ?
FIGARO. C’est bien là un propos d’amant ! Est-ce que je l’adore, moi ? Puissiez-vous prendre ma place !
LE COMTE. Ah ! si l’on pouvait écarter tous les surveillants !
FIGARO. C’est à quoi je rêvais.
LE COMTE. Pour douze heures seulement !
FIGARO. En occupant les gens de leur propre intérêt, on les empêche de nuire à l’intérêt d’autrui.
LE COMTE. Sans doute. Eh bien ?
FIGARO, rêvant. Je cherche dans ma tête si la pharmacie ne fournirait pas quelques petits moyens innocents…
LE COMTE. Scélérat !
FIGARO. Est-ce que je veux leur nuire ? ils ont tous besoin de mon ministère. Il ne s’agit que de les traiter ensemble.
LE COMTE. Mais ce médecin peut prendre un soupçon.
FIGARO. il faut marcher si vite, que le soupçon n’ait pas le temps de naître. Il me vient une idée : le régiment de Royal Infant arrive en cette ville.
LE COMTE. Le colonel est de mes amis.
FIGARO. Bon. Présentez-vous chez le docteur en habit de cavalier, avec un billet de logement ; il faudra bien qu’il vous héberge ; et moi, je me charge du reste.
LE COMTE. Excellent !
FIGARO. Il ne serait même pas mal que vous eussiez l’air entre deux vins…
LE COMTE. A quoi bon ?
FIGARO. Et le mener un peu lestement sous cette apparence déraisonnable.
LE COMTE. A quoi bon ?
FIGARO. Pour qu’il ne prenne aucun ombrage, et vous croie plus pressé de dormir que d’intriguer chez lui.
LE COMTE. Supérieurement vu ! Mais que n’y vas-tu, toi ?
FIGARO. Ah ! oui, moi ! Nous serons bien heureux s’il ne vous reconnaît pas, vous qu’il n’a jamais vu. Et comment vous introduire après ?
LE COMTE. Tu as raison.
FIGARO. C’est que vous ne pourrez peut-être pas soutenir ce personnage difficile. Cavalier… pris de vin…
LE COMTE. Tu te moques de moi. (Prenant un ton ivre.) N’est-ce point ici la maison du docteur Bartholo, mon ami ?
FIGARO. Pas mal, en vérité ; vos jambes seulement un peu plus avinées. (D’un ton plus ivre.) N’est-ce pas ici la maison… ?
LE COMTE. Fi donc ! tu as l’ivresse du peuple.
FIGARO. C’est la bonne ; c’est celle du plaisir.
LE COMTE. La porte s’ouvre.
FIGARO. C’est notre homme : éloignons-nous jusqu’à ce qu’il soit parti.

Beaumarchais - Le Barbier de Séville - Extrait de l'acte I, scène 4



Annonce des axes




Commentaire littéraire

I. INDICATIONS IMPORTANTES SUR L’INTRIGUE

1. Fin de l’exposition

Le comte se dévoile.

2. Caractérisation de Bartholo

Pouvoir le connaître, lemanipuler.


II. AUTORITÉ APPARENTE DU MAÎTRE

1. Le maître tient sa place

Coupe son valet.
Menaçant ("si tu jases").

2. Mais n’arrive jamais à avoir le dessus

Enervement du Comte / calme de Figaro.


III. MAIS LES RÔLES SE RENVERSENT

1. Le valet mène le jeu

Comique de situation : le maître ne remet pas en cause les dires de Figaro.

2. Le valet détient la vérité

Procédé de retardement des réponses.

3. Le valet remet en place son maître

Paroxysme du comique de situation : dernière réplique.








Conclusion


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Merci à celui ou celle qui a réalisé cette analyse de l'Acte I, scène 4 du Barbier de Séville de Beaumarchais