C'est le premier tête-à-tête entre le Comte et Figaro, qui sont les protagonistes essentiels dans l'intrigue principale. Il est très attendu ; l'enjeu principal est la possession de Suzanne. Les deux personnes sont rivales du point de vue de l'amour, mais aussi du point de vue social. Le Comte se rend compte que le savoir lui échappe. Cette scène est rythmée par une double énonciation (nombreux passages d'apartés). Elle contient une grande tension dramatique, où les deux personnages jouent serrés.
Lecture
Annonce des axes
Etude du texte
I) La rivalité
Elle ne s'exprime pas d'une manière explicite. Chacun des personnages
dissimule, essaie de jouer au plus fin. Chaque personnage veut comprendre ce
que l'autre sait. Le Comte fait semblant de ne pas vouloir emmener Figaro à Londres,
et Figaro fait semblant de vouloir y aller.
Le Comte conclut : "Il veut venir à Londres […] elle n'a pas parlé."
Le spectateur a la satisfaction de voir qu'au début, Figaro est plus avancé.
Figaro n'est plus l'allié du Comte comme dans le Barbier de Séville.
Figaro lui résiste au nom de l'amour et de la vertu.
Le Comte essaie d'humilier Figaro, lui fait miroiter son avenir en flattant son
ambition.
Dans ce duel verbal, les deux personnages vont mieux se définir
du point de vue social (Figaro a pris autant d'épaisseur, sinon plus que son
maître).
II) L'affrontement social
2.1) Les préjugés du maître
Le maître et le valet se disputent une femme, Suzanne. C'est une scène de confrontation, attendue, qui arrive au centre de la pièce. Portée sociale et politique de cet affrontement.
Malgré l'aide que Figaro a fourni au Comte dans le Barbier, celui-ci considère son domestique comme le ferait un noble de l'ancien régime. Le Comte a les mêmes préjugés que les autres nobles sur son valet, alors que celui-ci l'a aidé dans le Barbier.
Traditionnellement, le valet a des mœurs grossières (malpoli, intéressé,
voleur, sans moralité). On retrouve dans les œuvres de Molière des valets et
servantes émancipés.
2.2) La réplique du valet
Elle consiste en une critique de la noblesse, qui contraste avec le stéréotype annoncé par son maître.
Figaro déploie toute sa subtilité pour se défendre, mais aussi pour attaquer son adversaire. Il est en fait un personnage plus moral que son maître, et l'attaque en critiquant la noblesse -> critique directe du Comte et indirecte de la noblesse.
Figaro : "Me feriez vous un crime de refuser une vieille fille quand votre excellence
se permet de nous souffler toutes les jeunes ?"
-> Remontrances pour critiquer la position sociale du Comte face aux femmes.
Utilisation de l'impératif.
Figaro se pose en porte-parole du tiers Etat. Le théâtre est le genre de la double énonciation.
Figaro parle de manière impersonnelle (Maximes, …) ; il dit "nous", "on" -> porte-parole de ceux qui ne font pas partie des classes privilégiées.
2.3) La satire politique
La politique est assimilée à l'intrigue. Dans la scène 5, la tirade sur la politique est remarquable.
Réseau lexical de l'apparence, du paraître (feindre, entendre, ignorer, pouvoir, paraître, jouer : 3 verbes importants)
C'est aussi la tirade du vide ; gestes, accumulation de verbes
donnant l'impression d'une grande activité, alors qu'elle est nulle.
Successions de verbes (plus de verbes de mouvement) qui illustre
parfaitement la difficulté à se faire un chemin, à se faire reconnaître. C'est
une manière imagée pour montrer la difficulté de la reconnaissance sociale.
Conclusion
L'affrontement du Comte et du valet : cette joute oratoire permet d'approfondir le profil de chaque personnage, car il y a très peu d'action, d'intrigue. Il y a une critique sociale indéniable dans la pièce ; on peut accentuer plus ou moins cette idée. Le beau rôle échoit quand même à Figaro (tirades, jeux de mots).
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