Le jeune Chateaubriand dut d'abord vivre jusqu'à ses trois ans éloigné de
ses parents avec un éducateur, mais à l'âge de trois ans
la réussite de son père a permis à ce dernier de racheter
en 1771 le château de Combourg en Bretagne, dans lequel Chateaubriand
s'installa et passa une enfance souvent morose. Destiné d'abord à la
carrière de marin, conformément à la tradition familiale,
il était par tempérament tenté bien davantage par la prêtrise
et la poésie.
Il fit de rapides études aux collèges de Dol-de-Bretagne et
de Rennes. A 17 ans, il obtint un brevet de sous-lieutenant au régiment
de Navarre, fut fait capitaine à 19 ans. Il vint à Paris en
1788, où il fréquenta les salons littéraires et fit
ses débuts littéraires en écrivant des vers pour l'Almanach
des Muses. Il est alors nourri de Corneille et marqué par Rousseau. À Paris,
il assiste aux premiers bouleversements de la Révolution, est
d'abord séduit par les débats d'idées mais prend en
horreur les violences qu'elle engendre.
L'Exilé
En avril 1791, par goût de l'aventure, il s'embarqua pour l'Amérique et y voyagea quelques mois. Il en rapporta de volumineuses notes qui allaient nourrir ses œuvres littéraires, notamment son Voyage en Amérique (1826). Revenu à Saint-Malo au début de l'année 1792, il se maria puis, émigra et rejoignit en Allemagne l'armée contre-révolutionnaire. Blessé au siège de Thionville, il est transporté mourant à Jersey. Ce sera la fin de sa carrière militaire (1793). Il passa ensuite sept années d'exil et de misère à Londres. C'est là qu'il publia L'Essai sur les révolutions anciennes et modernes dans leur rapport avec la Révolution française (1797) où il exprimait des idées politiques et religieuses peu en harmonie avec celles qu'il professera plus tard, mais où se révélait déjà son talent d'écrivain.
Retour en France et premiers succès littéraires
De retour en France en 1800, Chateaubriand, affecté par la mort de sa
mère et de l'une de ses soeurs, se tourne vers la foi catholique dont
il s'était écarté. Il fit paraître en 1801 Atala,
création originale qui suscita une admiration universelle. Il composa
vers la même époque René, œuvre empreinte d'une mélancolie
rêveuse, qui deviendra un modèle pour les écrivains romantiques.
Dans cette œuvre, il rapporte de manière à peine déguisée
l'amour chaste mais violent et passionné qu'il a entretenu pour sa sœur
Lucile, qui le surnommait « L'enchanteur ».
Il publia ensuite le Génie du Christianisme (1802), dont Atala et René n'étaient à l'origine
que des épisodes : il s'était proposé d'y montrer que
le christianisme, bien supérieur au paganisme par la pureté de
sa morale, n'était pas moins favorable à l'art et à la
poésie que les « fictions » de l'Antiquité. Ce livre
fit événement et donna le signal d'un retour du religieux après
la Révolution.
Chateaubriand devint l'écrivain de la foi et fit la connaissance de
Mme Récanier qui deviendra l'amour de sa vie. Remarqué par le
Premier Consul Napoléon Bonaparte, il fut nommé secrétaire
d'ambassade à Rome en 1803. Mais, après l'exécution du
duc d'Enghien (1804), il donna sa démission et passa alors dans l'opposition à l'Empire.
Le voyage en Orient
Deux ans plus tard, il s'embarqua avec sa famille pour l'Orient et visita
la Grèce, la Turquie, Jérusalem. Au cours de ces voyages, il
prit des notes pour sa prochaine oeuvre, Les Martyrs ou le triomphe de la religion
chrétienne, publiée en 1809.
Il se retira dans sa maison de la Vallée-aux-Loups, près de Sceaux,
où il commença Les Mémoires d'outre-tombe dont la rédaction
allait durer une trentaine d'années. Il fut élu à l'Académie
française en 1811, année de la publication de son Itinéraire
de Paris à Jérusalem, inspiré de son voyage en Orient.
Faveur et disgrâce
Durant les Cent-Jours, Louis XVIII, réfugié en Belgique, le fit Ministre de l'Intérieur. Après le désastre de Waterloo et l'exil définitif de l'empereur à Sainte-Hélène, il devint Pair de France et Ministre d'État.
Mais, en 1816 après avoir critiqué le pouvoir, il fut privé de
son poste et des revenus qui y étaient attachés, et dut vendre
la Vallée-aux-Loups. Il se jeta dès lors dans l'opposition ultra-royaliste
et devint l'un des principaux rédacteurs du Conservateur, le plus puissant
organe de ce parti. Le meurtre du duc de Berry, en 1820, le rapprocha de la
cour. Il fut nommé la même année ministre de France à Berlin,
puis ambassadeur en Angleterre et Ministre des Affaires Étrangères
en 1822.
La fin de sa vie
Mais après une tentative de complot avec la duchesse de Berry, contre Louis-Philippe (1834), il abandonna la vie politique. Il composa La Vie de Rancé (1844). Ses dernières années furent passées dans une profonde retraite ; il ne quittait guère sa demeure que pour aller à l'Abbaye-aux-Bois, chez Juliette Récamier, dont il fut l'ami constant et dont le salon réunissait l'élite du monde littéraire. Il reprit Les Mémoires d’outre-tombe et les continua presque jusqu'à ses derniers moments. Ces Mémoires ne devaient paraître qu'après sa mort ; toutefois, pressé par des besoins d'argent, qui l'assiégèrent toute sa vie, il les céda dès 1836 à une société qui lui assura un revenu convenable pour le reste de ses jours.
Cependant, sa santé déclinait. Chateaubriand meurt le 4 juillet
1848, à 80 ans. Ses obsèques solennelles eurent lieu à Saint-Malo,
dans sa Bretagne natale. Il fut inhumé sur le rocher du Grand Bé à Saint-Malo,
face à l'océan. Sur sa tombe, on peut encore lire cette épitaphe :
Œuvres
Essai sur les révolutions (1797) |
Chateaubriand sur un rocher |