Nous étudierons d'abord le cadre spatio-temporel dans le quel prend place la pièce, puis la présentation des personnages
et enfin l'action de ces personnages.
Etude méthodique :
I/ Le cadre spatio-temporel
1- Le cadre spatial
- Pas d'effet de transition ou de mimétisme du réel, cadre neutre
et indéfini.
- Portée symbolique : espace dépouillé qui figure la misère.
=> Vide ontologique, comme si les personnages prenaient place dans une situation vierge qui diffère des scènes d'expositions classiques aux longues didascalies (Cyrano de Bergerac).
2- Le cadre temporel
- Temps cyclique, temps de la réitération, avec déjà un
effet d'annonce dans le titre puisque l'utilisation du gérondif et le
sémantisme du verbe attendre suggèrent la durée, et l'inachèvement.
- Répétition de ce qui est déjà connu (« revoilà », « revoir », « de
même »)
=> Action perpétuellement placée dans un déroulement infini, ce qui est en opposition avec le théâtre classique, comme Britanicus de Racine, qui ne fait que jouer sur les ellipses et doit durer un jour.
Ainsi le cadre spatio-temporel dans lequel prend place la pièce et que présente, dans le théâtre dramatique, la scène d'exposition est ici dénué et confus, surprenant le spectateur.
II/ La présentation des personnages
1- Un passé glorieux
- Evocation d'un passé glorieux mais révolu : « on portait
beau alors » « maintenant on ne nous laisserait même pas
monter ».
- A l'inverse le présent est fait d'errances.
=> Ceci ne constitue pas une démarche nouvelle.
2- La présentation des personnages
- Vladimir se présente dès sa première réplique,
mais les personnages n'ont pas vraiment d'identité : ils sont désignés
par leur prénom (celui d'Estragon n'est annoncé que tardivement)
et plus souvent par leur diminutif).
- « Alors te revoilà toi » = Estragon surpris qu'on le reconnaisse
? froideur envers Vladimir ?
=> La présentation des personnages est éloignée de la présentation classique où l'on a dès la première page la liste de tous les personnages et de leurs relations et enfin à chaque scène ceux en présence.
3- La relation entre les personnages
- Les personnages semblent être toujours ensemble, faisant ainsi référence
aux célèbres binômes que sont Laurel et Hardi, ou George
et Lennie dans Des Souris et des Hommes de Steinbeck.
Vladimir semble plus penser, philosophe, paternel, altruiste, protecteur à l'inverse
d'Estragon présenté comme plus simple et égocentré.
- Les personnages ont un passé commun, ont vécu des expériences
communes ce que nous montre l'expression « main dans la main »,
la sollicitude de Vladimir envers Estragon, et l'aide réclamée
par Estragon à Vladimir.
- La relation entre les deux personnages semble tendue : Vladimir est enthousiaste
alors qu'Estragon est cassant, ce qui crée un décalage entre
les personnages.
=> Relation compliquée entre les deux personnages, peut-être inspiré par des héros célèbres.
Dans la scène d'exposition, les personnages sont présentés comme de véritables anti-héros, allant à l'encontre des pièces de théâtre plus classiques.
III/ La difficile action
- Les seules actions évoquées sont des actions passées.
- La pièce débute sur « rien à faire », et
sur un quiproquo entre Estragon qui parle de sa chaussure et Vladimir qui lui
répond par une réflexion d'ordre philosophique.
=> D’emblée, l'action est niée.
- Les didascalies sont principalement des didascalies de silence, à ces
silences s'ajoutent des points de suspension et des didascalies d'immobilisme : « sans
geste », marquant ainsi l'impossibilité de l'action.
- Pour les personnages, faire est une difficulté insurmontable « Que
faire » « Qu'est-ce que tu fais ? ». Cette constatation est
renforcée par le titre même de la pièce et par le fait
que tout au long du livre, chaque velléité d'action sera coupée
par un « on attend Godot ».
=> L'action est donc niée dès là scène d'exposition, inscrivant cette pièce dans le cadre du théâtre
de l'absurde.
Conclusion
En attendant Godot de Beckett est donc en rupture
avec
le
théâtre
dramatique et s'inscrit dans le théâtre de l'absurde, fruit des
bouleversements du siècle, avec un décor dénué, un
cadre temporel confus et cyclique, des personnages anti-héros et une action
qui restera niée tout au long du récit.
Merci à celui ou celle qui m'a envoyé cette
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