Nous étudierons d'abord le rapport à la mort
et la prise de conscience de l'essence de la condition humaine, puis le rapport à la
religion.
Etude méthodique :
I/ Le rapport à la mort
1- Le désir de mort
- « Et si on se pendait » : le désir de mort est un thème récurent de la pièce (Tour Effel dans la scène d'exposition,
suicide dans la Durance, scène finale)
- Impératifs associés au lexique de la mort « pendons-nous », expression de la volonté, de l'aspiration à la mort, comme une
invitation à l'action.
- Demande pressante « tout de suite », imploration « on peut toujours ».
=> L'extrait met en scène deux personnages qui cherchent à se suicider.
2- La mort, un choix tragique ?
- Caractère désespéré de la situation des personnages.
à Elément tragique, la mort est là pour les soustraire
au vide de l'existence.
- Néanmoins dans la philosophie stoïcienne, se donner la mort peut être un acte de courage, de prise en main de soi-même.
- Le vrai tragique, c'est de ne jamais arriver à se pendre : la mort se dérobe devant Vladimir et Estragon de façon récurrente.
=> Ce n'est donc pas le choix de la mort qui est tragique dans cet extrait, mais le renoncement.
3- Le renoncement et la dérision
- Renoncement pour des causes matérielles (évocation insistante
de la branche).
à dérision
- Mais l'obstacle matériel ne fait que traduire un obstacle d'ordre psychologique : la peur de vivre seul, et plus encore la peur de mourir seul.
=> Prise de conscience de la condition humaine et de la solitude fondamentale de l'homme.
Beckett aborde dans cet extrait le rapport des hommes à la mort. Cette mort est parfois désirée et parfois redoutée. Beckett met ainsi en scène, tragiquement et comiquement, la prise de conscience de l'essence de la condition humaine.
II/ Le rapport à la religion
1- Qui est Godot ?
- Godot est, selon l'expression française, « attendu comme le messie », d'autre part, le sens étymologique de Godot pourrait venir de l'anglais « god » qui signifie Dieu.
- Présence d'un lexique à forte connotation religieuse, d'autre part Vladimir se définit comme suppliant.
- A cela s'ajoute la position dominante dans laquelle semble être Godot, signalée par l'énumération de ses possessions.
=> Godot semble donc être Dieu ou un de ses représentants.
2- Godot tourné en dérision
- Godot semble très attaché au matériel, comme semble l'indiquer l'énumération de ses possessions.
- En argot, le verbe goder signifie bander.
- « qu'il verrait, qu'il ne pouvait rien promettre » = impuissance ? incertitude ?
=> Beckett tourne donc en dérision Godot, et à travers lui la religion.
3- La parole
La parole est un des points phare de la religion (prières, messes, suppliques), mais ici le pouvoir de la parole est remis en cause :
- La fin de l'extrait est constituée de répliques proches de la stichomythie (répliques courtes et dénuées de sens).
- A cela s'ajoutent des formules toutes faites « qui peut le plus peut
le moins » « réfléchir à tête reposée », « battre
le fer » qui sont le moteur du dialogue.
=> Le pouvoir de la parole est donc remis en cause dans sa capacité à exprimer la complexité des Hommes.
Dans notre extrait, Samuel Beckett met en scène le rapport des hommes à la
religion, en plaçant Dieu dans la peau de Godot, un personnage attendu mais toujours absent et tourné en dérision, il y ajoute la remise
en cause d'un des fondements de la religion.
Conclusion
A travers Vladimir et Estragon, Samuel Beckett réussit à aborder
les thèmes majeurs de la vie humaine. Ces thèmes touchent à l'essence
même de l'existence : la mort, si présente au cours du siècle
et la religion dont le rôle a été si ambiguë, par une
réflexion commune aux Hommes, à caractère universel, et à tourner
ces thèmes en dérision, s'inscrivant bien ainsi dans le théâtre
de l'absurde.
Merci à celui ou celle qui m'a envoyé cette
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