Le naturalisme chez Zola


Zola



      Dès le début du 18ème siècle, ce dérivé savant de "naturel" avait désigné le système symbolique, et notamment mythologique d'interprétation des phénomènes de la nature. Vers le milieu du siècle, le terme naturalisme s'emploie pour dénommer les théories excluant toute causalité surnaturelle. Au 18ème siècle, le mot s'emploie aussi en science pour désigner le caractère naturel de quelque chose, d'un phénomène. Peu à peu, ce terme tombe en désuétude jusqu'en 1857 où la Revue Moderne publie un texte du critique d'art Castagnary qualifiant la peinture de Courbet de naturaliste ; le sens en est ici : peintre traitant de la nature avec réalisme.

      Zola, au nom de la modernité rejette le romantisme "démodé comme un jargon que nous n'entendons plus" (cf. Mes Haines). Il faut noter que c'est au nom de cette même modernité que les romantiques étaient partis en guerre contre les classiques. Zola poursuit le but d'une littérature scientifique qui "obéisse à l'évolution générale du siècle" (cf. Le roman Expérimental). En rendant au Congrès scientifique de France en 1866, Zola adresse un mémoire mettant en rapport roman naturaliste et épopée. Or, le genre épique est un genre spécifique à la Grèce Antique : on reconnaît donc l'influence du déterminisme défini par Taine dans ses œuvres de critique littéraire, influence reconnue par Zola. Zola applique en effet, la fameuse démarche critique de Taine : "la race, le milieu, le moment et la faculté maîtresse". Zola applique ce protocole à la technique romanesque transformée en "étude du tempérament et des modifications profondes de l'organisme sous la pression des milieux et des circonstances" (cf. Préface de la deuxième édition de Thérèse Raquin. Dans cette préface, Zola parle pour la première fois d'un "groupe d'écrivain naturaliste".
      Le naturalisme consiste en fait en la recherche des causes du vice dans l'hérédité et Zola va s'élever contre le romantisme en donnant trois définitions importantes.

  • Ecran classique : écran qui rend les couleurs que l'auteur veut bien donner.
  • Ecran romantique : écran qui rend aveugle l'intelligence et cache la vérité.
  • Ecran réaliste : écran qui donne la vision la plus objective.
                Le romancier naturaliste est alors "observateur et expérimentateur". L'observateur accumule des renseignements sur les milieux sociaux, sur les conditions de vie et d'environnement. Il va cerner d'aussi près que possible une réalité qu'il va tenter de transposer dans la réalité du langage. Puis l'expérimentateur prend le relais, organisant les faits recueillis, montant en quelque sorte un mécanisme où tout s'enchaîne en fonction de la double détermination de l'hérédité et du milieu. Le personnage naturaliste est moins la marionnette d'un créateur que celle d'un système et d'une méthode. Le romancier naturaliste a un but moral. Zola écrit : "nous sommes les juges d'instruction des hommes et de leurs passions, c'est à dire des moralistes expérimentateurs".

          On peut se demander ce que devient l'écriture naturaliste dans cette perspective plus scientiste, c'est à dire qui prétend résoudre des problèmes philosophiques par la science, que scientifique. Réduit à un simple véhicule, le style se confond avec le sens du réel dont la définition consiste à "sentir la nature et la rendre telle qu'elle est" d'où la nécessité d'une langue qui ne soit pas écran. Quoique les naturalistes aient multiplié les déclarations selon lesquelles le naturalisme s'intéresse autant au vice qu'à la vertu, "la littérature n'est pas toute dans l'ouvrier, elle est aussi dans la nature qu'elle peint". La littérature naturaliste proposera en fait essentiellement des figures populaires (ouvriers et petits fonctionnaires) dans un décor urbain.





    Conclusion :

          La littérature naturaliste est une littérature de synthèse du type balzacien et de l'anti-héros flaubertien ce qui donne des personnages vidés d'individualité.
          La prépondérance de Zola dans le milieu naturaliste est indiscutable et le débat se catalysera d'ailleurs essentiellement autour de lui. L'école naturaliste est le plus souvent appelé e école de Médan du nom de la maison appartenant à Zola où les écrivains naturalistes comme Huysmans et Maupassant avaient l'habitude de se réunir.
          En dehors de l'œuvre zolienne, le naturalisme a donné peu d'œuvres majeures.

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