Introduction
Tout le monde fait des portraits (cf. Acte I, Sc.I -> Alceste qui dépeint
l’homme avec qui il a un procès, et Philinte qui s’occupe
de la Vieille Emilie). Nous avons appris qu’Alceste aime une coquette
(ce qui est contraire par rapport à son caractère), et deux marquis
(Clitandre & Acaste) sont arrivés -> nous allons avoir une galerie
de portraits successifs, et le jeu consiste à lancer un nom à Célimène
pour que Célimène dresse un portrait sur le défaut du
personnage. Vient le portrait de Cléon, lancé par Clitandre.
Phlinte pense que cela va être dur de dresser un portrait de lui car tout le monde en dit du bien…
Lecture de la scène 4 de l'acte 2
[...]
Clitandre.
Mais le jeune Cléon, chez qui vont aujourd'hui
nos plus honnêtes gens, que dites-vous de lui ?
Célimène.
Que de son cuisinier il s'est fait un mérite,
et que c'est à sa table à qui l'on rend visite.
Éliante.
Il prend soin d'y servir des mets fort délicats.
Célimène.
Oui ; mais je voudrois bien qu'il ne s'y servît pas :
c'est un fort méchant plat que sa sotte personne,
et qui gâte, à mon goût, tous les repas qu'il donne.
Philinte.
On fait assez de cas de son oncle Damis :
qu'en dites-vous, madame ?
Célimène.
Il est de mes amis.
Philinte.
Je le trouve honnête homme, et d'un air assez sage.
Célimène.
Oui ; mais il veut avoir trop d'esprit, dont j'enrage ;
il est guindé sans cesse ; et dans tous ses propos,
on voit qu'il se travaille à dire de bons mots.
Depuis que dans la tête il s'est mis d'être habile,
rien ne touche son goût, tant il est difficile ;
il veut voir des défauts à tout ce qu'on écrit,
et pense que louer n'est pas d'un bel esprit,
que c'est être savant que trouver à redire,
qu'il n'appartient qu'aux sots d'admirer et de rire,
et qu'en n'approuvant rien des ouvrages du temps,
il se met au-dessus de tous les autres gens ;
aux conversations même il trouve à reprendre :
ce sont propos trop bas pour y daigner descendre ;
et les deux bras croisés, du haut de son esprit
il regarde en pitié tout ce que chacun dit.
[...]
Le Misanthrope - Molière - Acte 2, scène 4 (extrait)
Plan
I. Portrait de Cléon.
II. Portrait de Damis.
Etude
I. Portrait de Cléon
Célimène -> il n’a aucun mérite, tout en revient à son
cuisinier (métaphore filée cuisine/personnage). Il est sot (il
n’a pas de jugement favorable sur quiconque) et il est plutôt gênant
qu’autre chose aux repas qu’il donne.
II. Portrait de Damis
- 2
ème personnage à la tournure positive : Damis.
Célimène -> « il est de mes amis » (donc si elle l’apprécie
cet homme doit être très bien). Philinte se permet donc un jugement
positif sur lui, mais Célimène ne veut pas que l’on fasse
des portraits à sa place… Elle va alors dresser son portrait (« oui,
mais… ») mais aussi celui d’Alceste.
- Il veut avoir trop d’esprit, et elle est jalouse (« dont j’enrage »)
-> il peut lui être supérieur.
- Il a de l’esprit mais ce n’est pas spontané et véritable
chez lui : ce n’est pas naturel et cela résulte de son labeur.
De plus, il est difficile (comme elle, étant donné qu’elle
ne dresse que des portraits péjoratifs).
- Elle se condamne elle-même : « louer n’est pas d’un bel esprit »
(c’est faux, cela résulte d’un esprit critique).
- Il contredit tout (comme elle et Alceste), il a toujours l’opinion
contraire.
- Défauts dont elle accuse Damis -> défauts reprochés au
bel-esprit par Alceste.
- « Je veux qu’on me distingue » (Alceste, Acte I Sc.I) -> un défaut de Damis : l’orgueil.
- 5 derniers vers -> cela pourrait également s'appliquer à Alceste et aussi à
Célimène : ils se sentent supérieurs à tout le
monde. On a donc un triple portrait : les trois ont les mêmes défauts :
• esprit contrariant
• sentiment de supériorité
• fait de ne pas considérer ce qu’il y a de bon chez les autres.
Conclusion
Alceste va alors réagir (il s’est senti visé) après
les futiles flatteries des petits marquis, avec un langage direct et très
clair. Célimène s’est pris à son propre jeu en voulant
dresser des portraits, mais a aussi esquissé les défauts d’Alceste
par la même occasion…