Plan de la fiche sur un extrait de
Itinéraire de Paris à Jérusalem de Chateaubriand :
Introduction
Itinéraire de Paris à Jérusalem a été écrit par
Chateaubriand au jour le jour après une prise de notes => valeur autobiographique. Valeur descriptive dominante.
Cet extrait fait partie de la première partie de
Itinéraire de Paris à Jérusalem : Voyage en Grèce. Le texte a une tonalité nostalgique et poétique : mouvement romantique.
C'est une description d'Athènes, capitale de la Grèce, lieu qui a particulièrement touché Chateaubriand.
Chateaubriand
Texte étudié
J’ai vu, du haut de l’Acropolis, le soleil se lever entre les deux cimes du mont Hymette ; les corneilles qui nichent autour de la citadelle, mais qui ne franchissent jamais son sommet, planaient au-dessous de nous ; leurs ailes noires et lustrées étaient glacées de rose par les premiers reflets du jour ; des colonnes de fumée bleue et légère montaient dans l’ombre le long des flancs de l’Hymette et annonçaient les parcs ou les chalets des abeilles ; Athènes, l’Acropolis et les débris du Parthénon se coloraient de la plus belle teinte de la fleur du pêcher ; les sculptures de Phidias, frappées horizontalement d’un rayon d’or, s’animaient et semblaient se mouvoir sur le marbre par la mobilité des ombres du relief ; au loin, la mer et le Pirée étaient tout blancs de lumière ; et la citadelle de Corinthe, renvoyant l’éclat du jour nouveau, brillait sur l’horizon du couchant comme un rocher de pourpre et de feu.
Du lieu où nous étions placés, nous aurions pu voir, dans les beaux jours d’Athènes, les flottes sortir du Pirée pour combattre l’ennemi ou pour se rendre aux fêtes de Délos ; nous aurions pu entendre éclater au théâtre de Bacchus les douleurs d’Oedipe, de Philoctète et d’Hécabe ; nous aurions pu ouïr les applaudissements des citoyens aux discours de Démosthène. Mais, hélas ! aucun son ne frappait notre oreille. A peine quelques cris échappés à une populace esclave sortaient par intervalles de ces murs qui retentirent si longtemps de la voix d’un peuple libre.
Itinéraire de Paris à Jérusalem - Chateaubriand (extrait)
Annonce des axes
I. Description d'Athènes moderne
II. Évocation du passé
Commentaire littéraire
I. Description d'Athènes moderne
Variété des temps (première phrase : présent, imparfait, passé composé) => actualisation de la scène.
- Le passé composé garde un lien avec le présent
- Le présent (de narration) rend la scène plus vivante
- L'imparfait apporte une touche durative - descriptive
Ces temps accentuent le caractère exceptionnel de l'événement et émeuvent le lecteur.
La valeur esthétique, au travers des formes, mouvements, et couleurs est également émouvante.
On note dans le texte une variété de formes circulaires qui rendent la scène plus intime et plus chaleureuse, horizontales et verticales (le décor naturel épouse le décor architectural).
La
métaphore et la
personnification de "les sculptures de Phidias, frappées horizontalement d’un rayon d’or, s’animaient et semblaient se mouvoir" accentuent la valeur des monuments et le lien avec le présent.
Mouvement lent et contemplatif (soleil couchant : romantique)
Rythme lent : longs groupes nominaux, une seule phrase longue dans ce premier paragraphe de l'extrait étudié, virgules, imparfaits duratifs.
Les couleurs donnent de la vie : elles montrent une luminosité de plus en plus forte.
Les jeux de contraste amènent une valeur picturale.
La description est vivante et garde un lien avec le passé.
II. Évocation du passé
La tonalité du deuxième paragraphe est nostalgique, ce qui est un trait du romantisme.
Utilisation du conditionnel en anaphore : "nous aurions pu...".
L'interjection "Hélas" (= Grèce en grec) marque une transition. C'est le point paroxystique du regret qui montre le sentiment d'impuissance et de résignation.
Opposition passé (démocratie remarquable : "beaux jours d'Athènes") / présent (joug des Turcs) notée par la force de la négation ("aucun son ne frappait notre oreille").
Accents sur la grandeur militaire ("les flottes sortir du Pirée pour combattre l’ennemi") puis la grandeur religieuse ("fêtes de Délos") et théâtrale ("entendre éclater au théâtre de Bacchus les douleurs d’Oedipe, de Philoctète et d’Hécabe"), et enfin l'art oratoire ("Démosthène").
Conclusion
Texte remarquable pour sa valeur esthétique notée à travers les émotions de Chateaubriand et un certain lyrisme, lié à la nostalgie d'un romantisme observateur et méditatif comme c'est souvent le cas dans les textes descriptifs de Chateaubriand.