Ces cheveux d'or

Joachim du Bellay





Plan de la fiche sur Ces cheveux d'or de Joachim du Bellay :
Introduction
Texte du poème
Annonce des axes
Commentaire littéraire
Conclusion


Introduction

     Le sonnet Ces cheveux d'or est extrait du recueil L'Olive, de Joachim du Bellay, publié entre 1549 et 1550.

     Ce sonnet est un modèle de la préciosité pétrarquiste : l'amant y est à la fois prisonnier, brûlé et mortellement blessé mais comment ne pas accepter la souffrance qui lui vient d'une telle ennemie.

-> Biographie de Joachim du Bellay.


Texte du poème

Ces cheveux d'or


Ces cheveux d'or sont les liens, Madame,
Dont fut premier ma liberté surprise
Amour la flamme autour du cœur éprise,
Ces yeux le trait qui me transperce l'âme.

Forts sont les nœuds, âpre et vive la flamme,
Le coup de main à tirer bien apprise,
Et toutefois j'aime, j'adore et prise
Ce qui m'étreint, qui me brûle et entame.

Pour briser donc, pour éteindre et guérir
Ce dur lien, cette ardeur, cette plaie,
Je ne quiers fer, liqueur, ni médecine :

L'heur et plaisir que ce m'est de périr
De telle main ne permet que j'essaie
Glaive tranchant, ni froideur, ni racine.

Joachim du Bellay


Sandro Botticelli - La Naissance de Vénus
Sandro Botticelli
La Naissance de Vénus (détail)



Annonce des axes

I. La souffrance amoureuse
II. Idéalisation de la femme aimée
III. Le paradoxe de l'état amoureux



Commentaire littéraire

I. La souffrance amoureuse

     Chacune des trois propositions du premier quatrain contient une métaphore. Elles mettent en scène le sujet amoureux.
     - 1ère métaphore met en relation les cheveux de la femme qui deviennent des liens. Elle souligne la servitude de l'amant prisonnier.
L'amant est prisonnier de la beauté de la femme. "Ces cheveux d'or". L'état amoureux est décrit dans la chronologie de ses effets. En effet, au vers 2, le passé simple renvoie au moment de la naissance de l'amour et le présent du vers 1 met en évidence le caractère vivace de cette séduction.
     - La 2ème métaphore est développé au vers 3. Elle assimile l'amour à une flamme qui brûle "éprise". Cette métaphore exprime la violence physique de l'émotion ressentie, violence traduite aussi par le resserrement du vers 3.
     - La 3ème métaphore contenue dans le dernier vers est une métaphore pétrarquiste par excellence, celle qui exprime le pouvoir du regard de la femme.
     Les mêmes métaphores sont reprises au vers 8 et sont ensuite développées dans le tercet.
     Entre les vers 7 et 8, il y a un paradoxe. Il tient dans le fait que ces métaphores disent à la fois la souffrance du poète et les remèdes pour y échapper de manière symétrique, vers 11 briser par " le fer ".

     Pour la 2ème métaphore, il y a la même symétrie entre le remède et le mal.
     En développant et en filant les mêmes métaphores que les quatrains, les tercets de ce sonnet constituent une amplification de la sentence paradoxale exprimée au vers 7 et 8.
     La disposition des métaphores permet de remettre en évidence la structure binaire du sonnet qui s'articule autour des vers 7 et 8.


II. Idéalisation de la femme aimée

     La présence de l'amour sur le poète présente la femme aimée en figure dominatrice et cruelle, habile à faire souffrir. vers 6 "le coup de main".
     Elle est présente dans ce sonnet dans la mesure où le discours prend la forme d'une interpellation directe, vers 1 "Madame".
     Cette apostrophe souligne la distance entre le poète et la femme aimée. Distance qui témoigne de la froideur de cette femme, froideur qui contraste avec l'ardeur de la confession amoureuse.
     L'amante est physiquement représentée par le procédé de la synecdoque.
     Le procédé participe à l'économie de se sonnet. Seules sont mises en évidence les caractéristiques qui ont provoqués la passion, l'amour du poète. Paradoxalement, ces éléments qui sont à l'origine de la souffrance du poète reçoivent des qualifications élogieuses.


III. Le paradoxe de l'état amoureux

     Le paradoxe dans le portrait élogieux de la femme, en opposition avec ses pouvoirs destructeurs, paradoxe introduit par "toutefois".
     L'évocation de la souffrance du poète plus inattendue encore la révélation du vers 7. Là où le lecteur s'attend à une lamentation du poète, l'accumulation des trois verbes " j'aime, j'adore, je prise ", et leur gradation rend plus paradoxal encore les sentiments exprimés. Ces trois verbes sont repris de manière négative au vers 8 "étreint, brûle, entame". De plus, le "je", poète en position de sujet se retrouve en position d'objet au vers 8 soulignant ainsi l'ambivalence des sentiments.
     Les deux tercets s'attachent à souligner la situation paradoxale développée par le poète, ce qui précise l'emploi de "donc" au vers 9 et le "du" au vers 11.
     Dans les tercets, ce sont les remèdes qui sont indiqués mais ils sont directement repoussés par la construction négative du vers 11.
     Le refus du vers 11, reprend l'énumération du vers 9.




Conclusion

     Dans le sonnet Ces cheveux d'or, du Bellay insiste sur la classe de l'amant douloureusement traité par la dame. En dépit de ses souffrances et connaissant les remèdes, il ne veut pas renoncer à sa relation amoureuse.

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Merci à Alain pour cette analyse de Ces cheveux d'or de Joachim du Bellay