Plan de la fiche sur
La cigarette de Ponge :
Introduction
Francis Ponge
Francis Ponge (1899-1988).
En 1940, entre dans la Résistance lors de la Seconde Guerre mondiale, et sera décoré. En 1981, il reçoit le Prix national de poésie.
Francis Ponge est un poète français du XXème siècle. Considéré comme un poète contemporain, il a fréquenté les surréalistes avant de s'engager dans la résistance. Il côtoiera également Camus et Eluard. Avant cela, dès ses 17 ans, il éprouve déjà une violente révolte contre le « parler ordinaire ». Son père meurt en 1923 et il connait un sentiment qu'il qualifiera lui-même de « rage de l'expression » (désir de s'exprimer mais difficulté éprouvée à y parvenir).
Le Parti pris des choses est un recueil de poèmes en prose qui paraît en 1942. La cigarette fait partie de ce recueil.
Comment Ponge renouvelle-t-il le regard que l’on porte à l’égard cet objet ?
Texte du poème
La cigarette
Rendons d'abord l'atmosphère à la fois brumeuse et sèche, échevelée, où la cigarette est toujours posée de travers depuis que continûment elle la crée.
Puis sa personne : une petite torche beaucoup moins lumineuse que parfumée, d'où se détachent et choient selon un rythme à déterminer un nombre calculable de petites masses de cendres.
Sa passion enfin : ce bouton embrasé, desquamant en pellicules argentées, qu'un manchon immédiat formé des plus récentes entoure.
Francis Ponge - Le parti pris des choses (1942)
Annonce des axes
I. un regard poétique sur l'anodin
1. Un style d’écriture propre à Francis Ponge
2. Une description originale
II. Les réflexions du poète
1. Réflexion autour du changement d’état de la cigarette
2. Réflexion autour du temps qui passe
Commentaire littéraire
I. un regard poétique sur l'anodin
1. Un style d’écriture propre à Francis Ponge
- Un poème en prose.
- Une forme donné au poème = 3 colonnes, illustrer symboliquement l'objet (comme dans « Le papillon »).
- La cigarette : un objet anodin, quotidien, auquel on ne prête pas attention.
- Francis Ponge rejette les conventions = poète moderne
La cigarette est un objet du quotidien que Ponge nous invite à redécouvrir.
- Mise en évidence de la dualité des choses : « rythme à déterminer » = inconnu, « nombre calculable » = connu.
2. Une description originale
- Elle commence par un impératif : « Rendons »
- Trois paragraphes : atmosphère,
personnification de la cigarette, évocation de la passion
- Effet de loupe : premier paragraphe = vision lointaine, deuxième paragraphe = vision de la cigarette dans son ensemble et dernier paragraphe = extrémité incandescente de la cigarette.
- « atmosphère à la fois brumeuse et sèche, échevelée » -> Contradiction entre brumeuse et sèche.
- Mélange de vocabulaire scientifique = rythme, « calculable », « masses »
Personnification de la cigarette= « sa personne »
- Passion, ce qui l'anime: bouton embrasé = le bout incandescent de la cigarette
- La cigarette fait appel à beaucoup de sens : toucher, odorat, vue (lumineuse, sèche, parfumée)
- La cigarette est magnifiée : « lumineuse », « parfumée », « bouton embrasé », « pellicules argentées ». Champ lexical de la lumière.
II. Les réflexions du poète
1. Réflexion autour du changement d’état de la cigarette
- On voit la progression de la cigarette qui se consume = chronologie
- Cigarette part en cendres et en lumière / chaleur. Comparée à une torche.
- Source d'inspiration. Ponge contemple la cigarette.
- Réflexion sur la matière et son devenir.
2. Réflexion autour du temps qui passe
- Une réflexion sur le temps qui passe : la cigarette une fois allumée vivante va mourir.
- « un nombre calculable de petite masses de cendres » = le poète sous-entend en quelque sorte l'espérance de vie.
- Personnification de la cigarette = échevelée = chevelure de femme.
Conclusion
A travers ce poème, le poète Francis Ponge invite le lecteur à redécouvrir un objet banal, la cigarette : son apparence sa fonction, mais également une signification. Francis Ponge donne le sentiment que cet objet a été créé pour mourir et pour un temps, occuper un espace.
On peut imaginer ce poète observant cette cigarette, il la personnifie, lui donne vie avec un jeu d'écriture qui lui est propre.
Sous la plume de Ponge, la cigarette retrouve ses lettres de noblesse. Ponge fait de cet objet un être à part entière.