Plan de la fiche sur un extrait de
La Peste de Camus :
Présentation de l'auteur
Albert Camus, est un écrivain et un philosophe. Né en Algérie en 1913, il a passé son enfance dans un quartier pauvre
d’Alger. Il se rend à Paris en 1939 puis il publiera
L’Étranger en 1942. Il sera un résistant très actif durant la seconde Guerre mondiale. Avec
Sartre, il fut l’un des plus grands philosophe de l’après-guerre.
Introduction
La Peste, de Albert Camus, est un roman écrit en
1947 dont le personnage principal est le docteur Rieux qui combat sans relâche
l’épidémie qui ravage la ville d’Oran.
Cet extrait se situe au moment où Tarrou propose à Rieux
de mettre sur pied des formations sanitaires. Rieux lui demande si Tarrou a réfléchi
au danger que cela pourrait représenter. Tarrou lui demande alors pourquoi
il est devenu médecin.
En quoi la description du parcours de Rieux dans cet extrait de
La Peste nous éclaire-t-elle sur la philosophie de l’existence chez Camus ?
Lecture du texte
- Quand je suis entré dans ce métier, je
l’ai fait abstraitement, en quelque sorte, parce que j’en avais
besoin, parce que c’était une situation comme les autres, une de
celles que les jeunes gens se proposent. Peut-être aussi parce que c’était
particulièrement difficile pour un fils d’ouvrier comme moi. Et
puis il a fallu voir mourir. Savez-vous qu’il y a des gens qui refusent
de mourir ? Avez-vous jamais entendu une femme crier : « Jamais ! » au
moment de mourir ? Moi, oui. Et je me suis aperçu alors que je ne pouvais
pas m’y habituer. J’étais jeune et mon dégoût
croyait s’adresser à l’ordre même du monde. Depuis,
je suis devenu plus modeste. Simplement, je ne suis toujours pas habitué à voir
mourir. Je ne sais rien de plus. Mais après tout…
Rieux se tut et se rassit. Il se sentait la bouche sèche.
- Après tout ? dit doucement Tarrou.
- Après tout…, reprit le docteur, et il hésita encore, regardant
Tarrou avec attention, c’est une chose qu’un homme comme vous peut
comprendre, n’est-ce pas, mais puisque l’ordre de monde est réglé par
la mort, peut-être vaut-il mieux pour Dieu qu’on ne croie pas en
lui et qu’on lutte de toutes ses forces contre la mort, sans lever les
yeux vers le ciel où il se tait.
- Oui, approuva Tarrou, je peux comprendre. Mais vos victoires seront toujours
provisoires, voilà tout.
Rieux parut s’assombrir.
- Toujours, je le sais. Ce n’est pas une raison pour cesser de lutter.
- Non, ce n’est pas une raison. Mais j’imagine alors ce que doit être
cette peste pour vous.
- Oui, dit Rieux. Une interminable défaite.
Extrait de La Peste - Albert Camus
Annonce des axes
I. Caractère absurde de l’existence
II. Comment Rieux développe une pensée athéiste
Commentaire littéraire
I. Caractère absurde de l’existence
Il explique à Tarrou les raisons pour lesquelles il est devenu médecin,
c’est à travers ce discours qu’il va développer le
caractère absurde de l’existence. « je l’ai fait abstraitement » cela
veut dire qu’il a commencé la médecine sans trop savoir ce
que c’était.
« Et puis il a fallu voir mourir. » Le fait que cette phrase soit courte
appuie le caractère implacable de la mort. A partir de cette phrase Rieux
se confronte au réel et comprend ainsi le vrai rôle de la médecine.
« Jamais ! » : cette interjection et les guillemets qui l’entourent
sont destinés à faire éprouver au lecteur la situation réelle
d’un médecin face à un mourant.
Malgré l’absurde de la mort, Rieux lutte toujours « je ne
suis toujours pas habitué à voir mourir » : pessimisme de
la raison mais optimisme de la volonté ce qui correspond à la philosophie
de l’existence de Camus.
II. Comment Rieux développe une pensée athéiste
Le syllogisme « mais puisque l’ordre de monde est réglé par
la mort, peut-être vaut-il mieux pour Dieu qu’on ne croie pas en
lui » c’est un raisonnement logique. Dieu a créé l’ordre
du monde « l’ordre de monde est réglé par la mort » « on
lutte de toutes ses forces contre la mort » la conclusion il vaut mieux
vivre « sans lever les yeux vers le ciel où il se tait. »
Ce qui découle de cette idée, c’est que l’existence
n’a plus de but préétabli « Mais vos victoires seront
toujours provisoires, voilà tout. »
Conclusion
« Une interminable défaite » exprime
parfaitement l’alliance entre l’athéisme et l’absurdité du
monde, qui correspond au grand thème de la philosophie de Camus.
Rieux n’est-il pas comme Sysiphe condamné à hisser éternellement
son rocher tout en haut de la montagne et à le voir redescendre ?