Plan de la fiche sur
La pipe au poète de Tristan Corbière :
Introduction
- Tristan Corbière (1845-1875) était particulièrement excentrique, tant dans sa vie que dans ses œuvres. Peu gâté par la nature, rachitique, laid et tuberculeux.
- Le titre même de son recueil, Les Amours jaunes, est ironique (le titre faisant référence au "rire jaune", rire grinçant, sinistre, désabusé). Il y pratique l'autodérision, cultivant les images du laid et le goût du paradoxe.
Édouard-Joachim Corbière, dit Tristan Corbière, est un poète français proche du symbolisme mais marqué par le romantisme, figure du « poète maudit ». La poésie de Tristan Corbière est d'une grande originalité par sa forme et ses thèmes. Tout en jouant avec le mythe du poète maudit, tantôt dandy, tantôt misérable, Corbière s'inspire aussi bien de la grande ville moderne que de la campagne bretonne, de la fébrilité amoureuse du poète que de la vie virile des matelots, des légendes anciennes que des événements historiques de son époque. Poète cynique et torturé par son physique. Les amours jaunes est son seul recueil.
Poète maudit : désigne en général un poète qui, incompris dès sa jeunesse, rejette les valeurs de la société, se conduit de manière provocante, dangereuse, asociale ou autodestructrice (en particulier avec la consommation d'alcool et de drogues), rédige des textes d'une lecture difficile et, en général, meurt avant que son génie ne soit reconnu à sa juste valeur.
Avec « La pipe au poète », Tristan Corbière montre par l'intermédiaire d'une pipe ses tourments et comment la pipe le calme. Elle apaise le poète et renvoie l'image de l'inspiration poétique.
En quoi la pipe devient-elle une figure poétique et une source d'inspiration ?
Tristan Corbière
Texte du poème La pipe au poète
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Lu par René Depasse - source : litteratureaudio.com
La pipe au poète
Je suis la Pipe d'un poète,
Sa nourrice, et : j'endors sa Bête.
Quand ses chimères éborgnées
Viennent se heurter à son front,
Je fume… Et lui, dans son plafond,
Ne peut plus voir les araignées.
… Je lui fais un ciel, des nuages,
La mer, le désert, des mirages ;
— Il laisse errer là son œil mort…
Et, quand lourde devient la nue,
Il croit voir une ombre connue,
— Et je sens mon tuyau qu'il mord…
— Un autre tourbillon délie
Son âme, son carcan, sa vie !
… Et je me sens m'éteindre. — Il dort —
· · · · · · · · · · · · · · · · · · ·
— Dors encor : la Bête est calmée,
File ton rêve jusqu'au bout…
Mon Pauvre !… la fumée est tout.
— S'il est vrai que tout est fumée…
(Paris. — Janvier.)
Tristan Corbière - Les amours jaunes
Annonce des axes
I. Un poète tourmenté
- Un poète maudit
- Une pipe qui apaise
- Et qui endort
II. Une œuvre d'inspiration
- Sa muse (inspiratrice du poète)
- Sa lyre
- Un effet de courte durée
Commentaire littéraire
I. Un poète tourmenté
- Un poète maudit
Lexique péjoratif
Fou : araignée
Anxieux : tuyaux qu'il mord (il fume encore)
Poète oppressé comme l'atmosphère
Forme de poème irrégulière à l'image de l'auteur hors normes.
- Une pipe qui apaise
« Mon pauvre » -> prend pitié, la pipe calme le poète.
La pipe le délivre de ses démons intérieurs.
- Et qui endort
La bête -> Satan (
allégorie) -> son spleen
Sa nourrice : elle le berce, l'endort, s'occupe de lui.
Champ lexical du sommeil, il trouve le sommeil donc la paix.
II. Une œuvre d'inspiration
- Sa muse (inspiratrice du poète)
Sa nourrice / le nourrit en inspiration.
Ne peut plus voir les araignées = devient lucide, optique de travail. Parallèle avec
Rimbaud « le poète doit se faire voyant ».
Crée un monde d'inspiration.
La fumée libère l'écriture, la voix poétique.
- Sa lyre
La pipe au poète évoque la création poétique, la musicalité.
Œil mort : aveugle mais proche des cieux, il voit au-dessus de la réalité.
La fumée est tout : sommeil, inspiration, rêve, son monde (dimension baroque, tout est vain)
Forme non classique du poème, moderne revendique une certaine liberté.
- Un effet de courte durée
« mirages » quelque chose de limité et de faux.
Il dort : se termine s'endort => sort de son état de grâce.
Derniers vers =
chiasme dénonçant l'éphémère.
Conclusion
Parallèle à faire avec le poème « La pipe » de
Baudelaire.