Les catholiques sont pour leur part sous l'autorité suprême
du Pape. Leur objectif est la conversion à l'enseignement et à
la personne de Jésus Christ en vue du royaume de Dieu. L'Eglise catholique
s'oppose aux Eglises protestantes mais aussi orthodoxes.
Jacob, dans lancien Testament, est lun des patriarches hébreux,
fils dIsaac et de Rébecca, petit-fils dAbraham. Après
avoir privé son frère de la bénédiction paternelle
et du droit daînesse par lentremise de sa mère,
il senfuit chez son oncle. Il y a passera plusieurs années et
épousera ses cousines, Léa et Rachel. Ses femmes et leurs servantes
lui donnèrent douze fils. De retour à Canaan, vingt ans après
son départ, il se réconcilie avec Esaü. Il rejoint alors Joseph
en Egypte, bénit Pharaon et adopte les fils de Joseph. A sa mort,
il bénit tous ses fils et est enterré près dIsaac
et Abraham.
Introduction
Agrippa d'Aubigné (1552 - 1630), poète et historien français,
de confession protestante, qui fut un homme de guerre et l'une des plus belles plumes de son temps.
« Misères » dAubigné a été écrit à
la fin du XVIème siècle. Le récit évoque
lintolérance et a une forte tonalité de la violence.
DAubigné prend parti pour les protestants et se montre du
côté de Jacob : « sa juste colère ». Il est
plus précisément huguenot. Cest en 1577 quil
débuta lécriture des Tragiques qui ne furent éditées
quen 1617. Les Tragiques est une
épopée composée de sept livres. Misères est un
récit de violence, dintolérance et de personnification.
Annonce des axes
La mère est montrée dans le rôle d'une mère qui allaite ses deux enfants. Cette femme est très concrète, elle possède un corps : "entre ses bras" (v. 2), "les deux bouts des tétons nourriciers" (v.3-4). Les seins sont aussi présents (v. 25, 29 et 32). Cette femme fait penser à la Vierge du fait de son allaitement. Ceci n'est pas crédible en raison du fait que la Vierge représente le catholicisme et quil n'est pas encore reconnu auprès des protestants. Elle a l'image de paix, de la douceur mais la scène est plutôt violente.
Ce texte est de type narratif "empoigne" (v. 3) et la narration est alors
ouverte. Les enfants se nourrissaient au début de lait et finalement
ils n'ont plus que du sang. La mère est à la fin mourante.
Jacob hésitant (v. 11) n'est pas apparent. A la fin, les deux enfants
se crèvent les yeux. Ils sont aveuglés par la colère.
Cela symbolise la France qui se vide de ses ressources : perte du lait. La
mère qui va mourir ne lest pas à la fin de l'extrait
car c'est elle qui parle. Elle maudit finalement ses enfants. Le fait de
parler de cette idée de la mort est une prosopopée. C'est une
malédiction qui porte sur Esaü et Jacob. D'Aubigné a
changé le jugement car Jacob n'est pas coupable, initialement, de
cette guerre.
II. Violence
Le texte est d'un réalisme très criant. Il y a quelques
détails abstraits : "il brise le partage
l'usage" (v. 5-6), "Il
méprise
d'envie" (v. 10). Il est prêt à mourir,
à oublier sa vie. En dehors de ces détails, les
éléments sont réalistes. Ce texte a un côté
visuel avec une description partielle du corps de la femme avec sa partie
la plus charnelle : "les seins", "le lait" et à la fin "le sang".
"Les tétons nourriciers" sont rejetés en début du vers
4. Les corps des enfants sont très précis : "ongles, de poings,
de poids". On trouve des dentales (d, t) qui montrent les coups que s'envoient
les deux êtres (v. 15-16). On observe également des adjectifs intensifs.
Le combat dans les vers suivants est rendu violent par l'utilisation de "ou" et du son [k] (v. 18-19) qui rendent audibles les coups. "Fait si furieux" évoque un sifflement si bien que la chute de la phrase est retardée et se rallume avec "ils se crèvent les yeux". L'auteur ne recule pas devant les détails horribles. Elle est perceptible dans le jeu des sonorités. Du vers 3 à 8, il y a une accumulation de dentales. Une allitération en [r] aux vers 15 à 19, et en [v] des vers 31 à 34. Le sang est évoqué 3 fois en 4 vers. Il est associé avec le sein [s] qui évoque alors la mort.
Cette violence est d'ordre intellectuel, cruelle et sonore. On a ici le baroque avec des associations incongrues, on est dans une sensibilité déjà baroque. Il est engagé dans son texte. L'auteur ne s'efface pas derrière la scène qu'il représente : "Je veux peindre" (v. 1). Il s'affirme dès le début en tant qu'artiste.
Il représente la France comme une femme, en effet la mère d'Aggripa d'Aubigné est
morte en lui donnant la vie. Il y a une prise de partie de d'Aubigné
dans la querelle. Esaü, le plus fort, représente les catholiques.
Jacob, pressé d'avoir jeûné, est montré dans un
cas de légitime défense. Il y a une insistance sur les indices
temporels (v. 13-14). Il lui rend la monnaie de la pièce en insistant
sur l'attente de Jacob avant d'attaquer Esaü : "orgueilleux" (v. 3),
"voleur acharné" (v. 7), "malheureux" (v. 7) (de malheur et non triste).
Il y a également un emploi de démonstratifs : "ce", "ces" pour
dissiper le coupable. "Son" Jacob montre un parti pris de l'auteur de même
que "juste". Cela est justifié aux vers 13 et 26. La principale personne
à souffrir de tout ceci est la mère, cest-à-dire la France.