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Presse de Louis de Jaucourt :
Introduction
Le texte
Presse de Louis de Jaucourt (1704 - 1779) est un article de L’
Encyclopédie censé définir
la presse, mais se faisant réquisitoire en faveur de la liberté d’expression
en un registre épidictique.
Texte de l'article Presse
PRESSE (Droit polit.). On demande si la liberté de la presse est avantageuse ou préjudiciable à un état. La réponse n'est pas difficile. Il est de la plus grande importance de conserver cet usage dans tous les états fondés sur la liberté : je dis plus, les inconvénients de cette liberté sont si peu considérables vis-à-vis de ses avantages, que ce devrait être le droit commun de l'univers, et qu'il est à propos de l'autoriser dans tous les gouvernements.
Nous ne devons point appréhender de la liberté de la presse, les fâcheuses conséquences qui suivaient les discours des harangues d'Athènes et des tribuns de Rome. Un homme dans son cabinet lit un livre ou une satire tout seul et très froidement. Il n'est pas à craindre qu'il contracte les passions et l'enthousiasme d'autrui, ni qu'il soit entraîné hors de lui par la véhémence d'une déclamation. Quand même il y prendrait une disposition à la révolte, il n'a jamais sous la main d'occasion de faire éclater ses sentiments. La liberté de la presse ne peut donc, quelque abus qu'on en fasse, exciter des tumultes populaires. Quant aux murmures, et aux secrets mécontentements qu'elle peut faire naître, n'est-il pas avantageux que, n'éclatant qu'en paroles, elle avertisse à temps les magistrats d'y remédier ? Il faut convenir que partout le public a une très grande disposition à croire ce qui lui est rapporté au désavantage de ceux qui le gouvernent ; mais cette disposition est la même dans les pays de liberté et dans ceux de servitude. Un avis à l'oreille peut courir aussi vite, et produire d'aussi grands effets qu'une brochure. Cet avis même peut être également pernicieux dans les pays où les gens ne sont pas accoutumés à penser tout haut, et à discerner le vrai du faux, et cependant on ne doit pas s'embarrasser de pareils discours.
Enfin, rien ne peut tant multiplier les séditions et les libelles dans un pays où le gouvernement subsiste dans un état d'indépendance, que de défendre cette impression non autorisée, ou de donner à quelqu'un des pouvoirs illimités de punir tout ce qui lui déplaît ; de telles concessions de pouvoir dans un pays libre, deviendraient un attentat contre la liberté ; de sorte qu'on peut assurer que cette liberté serait perdue dans la Grande-Bretagne, par exemple, au moment que les tentatives de la gêne de la presse réussiraient ; aussi n'a-t-on garde d'établir cette espèce d'inquisition.
Louis de Jaucourt - Encyclopédie
L'Encyclopédie de Diderot et D'Alembert
Annonce des axes
I. Un réquisitoire en faveur de la liberté de la presse
1. L’apparence d’un article d’encyclopédie
2. Une évidente subjectivité
II. La stratégie argumentative
1. Une thèse
2. Des arguments
3. Des concessions
Commentaire littéraire
I. Un réquisitoire en faveur de la liberté de la presse
1. L’apparence d’un article d’encyclopédie
- Typographie
- Expressions impersonnelles
2. Une évidente subjectivité
- « on » + question indirecte diffèrent d’une visée
didactique
- Incise « je dis plus » : prise de position péremptoire (indéniable)
- « nous » : implication du lecteur
II. La stratégie argumentative
1. Une thèse
2. Des arguments
- Un argument de force car historique : la lecture de la presse est une lecture
privée qui ne peut créer de troubles de masse.
-> annuler un préjugé
- Les rumeurs à propos d’écrits peuvent permettre de prévenir
d’éventuels problèmes.
- La diffusion de la presse n’est pas plus pernicieuse que le bouche à oreille.
-> rassurer le monarque
- « Enfin », « défendre cette impression non autorisée » ou « punir
tout ce qui lui déplaît » favorise « les séditions
et les libelles ».
-> menacer
- Un argument de force car contemporain : la censure étant un « attentat
contre la liberté », la liberté de la presse représente
toutes les libertés.
3. Des concessions
Conclusion
L’Encyclopédie n’est pas un simple dictionnaire comme nous
l’entendons aujourd’hui, mais davantage un « cahier de doléances » dans
lequel sont dénoncés des faits de société.