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La Princesse de Clèves de Mme de La Fayette :
Introduction
La Princesse de Clèves de Madame de La Fayette (1634 - 1693), publié sans nom d’auteur en 1678, apparaît comme le premier roman d’analyse de la littérature française moderne.
Cette œuvre raconte l’impossible amour d’une aristocrate, prise entre le souci de son rang, le respect d’un mari dont elle ne partage pas les sentiments, et sa passion adultérine pour le duc de Nemours. La rencontre entre les deux amants est située dans la première partie du livre, à l’occasion d’un bal, au Louvre, sous le règne d’Henri II. Cette rencontre, placée sous le signe du merveilleux, marque un moment capital dans le destin de l’héroïne : le début d’un amour extraordinaire.
Texte étudié
Elle passa tout le jour des fiançailles chez elle à se parer, pour trouver le soir au bal et au festin royal qui se faisait au Louvre. Lorsqu'elle arriva, l'on admira sa beauté et sa parure ; le bal commença et, comme elle dansait avec M. de Guise, il se fit un assez grand bruit vers la porte de la salle, comme de quelqu'un qui entrait et à qui on faisait place. Mme de Clèves acheva de danser, et pendant qu'elle cherchait des yeux quelqu'un qu'elle avait dessein de prendre, le Roi lui cria de prendre celui qui arrivait. Elle se tourna et vit un homme qu'elle crut d'abord ne pouvoir être que M. de Nemours, qui passait par-dessus quelque siège pour arriver où l'on dansait. Ce prince était fait d'une sorte qu'il était difficile de n'être pas surprise de le voir quand on ne l'avait jamais vu, surtout ce soir-là, où le soin qu'il avait pris de se parer augmentait encore l'air brillant qui était dans sa personne ; mais il était difficile aussi de voir Mme de Clèves pour la première fois sans avoir un grand étonnement.
M. de Nemours fut tellement surpris de sa beauté que, lorsqu'il fut proche d'elle, et qu'elle lui fit la révérence, il ne put s'empêcher de donner des marques de son admiration. Quand ils commencèrent à danser, il s'éleva dans la salle un murmure de louanges.
"La princesse de Clèves"
Mme de La Fayette, XVIIème
Plan du texte
Ligne 1 à 6 (...celui qui arrivait) : le destin -> le Roi désigne le duc comme cavalier à la princesse.
Ligne 6 à 11 (...étonnement) : le duc vu par la princesse ( désignée par "on").
Ligne 11 à 13 (...admiration) : la princesse vue par le duc.
Ligne 13 et 14 : leur union dans la danse.
Thème du texte
Lors d'un bal à la cour, le duc de Nemours et la princesse de Clèves se rencontrent et tout semble se conjuguer pour les réunir.
Annonce des axes
I. Une société d'apparences (le jeu des regards)
1. Le champ lexical de la vue
2. L'intérêt de la préparation
3. Le jeu des regards
II. La présence du destin
1. Des héros complémentaires
2. L'événement
3. Le poids de la fatalité
Commentaire littéraire
I. Une société d'apparences (le jeu des regards)
1. Le champ lexical de la vue
On a un champ lexical de la vue très important : par exemple, le verbe avoir est employé six fois.
On remarque que cette société est fondée sur le regard car c'est une société de cour : la beauté et la richesse sont les deux choses primordiales. C'est l'apparence qui révèle les privilèges. Les valeurs sont celles du physique :
- la beauté pour les femmes,
- la force physique pour les hommes.
2. L'intérêt de la préparation
Les deux personnages principaux se sont parés : " Elle passa tout le jour des fiançailles chez elle à se parer ", " le soin qu'il avait pris de se parer ". Ils ont une parure similaire car dans cette société les hommes se maquillent, ont autant de bijoux et de parures que les femmes.
3. Le jeu des regards
Tout au long du texte, on a un jeu de regards. On a premièrement le regard de la princesse sur le duc. Elle refuse d'abord de le regarder et après avoir fini de danser elle le regarde. Elle se doutait sans l'avoir vu d'une arrivé importante. La réaction de la princesse est très finement évoquée aux lignes 8 et 9 : " il était difficile de n'être pas surprise de le voir quand on ne l'avait jamais vu ". Le mot " surprise " désigne la narratrice, les lectrices mais aussi la princesse. Le " on " est impersonnel.
Ensuite la situation s'inverse car c'est le duc qui regarde la princesse.
Enfin, on a le regard de la foule pour faire écho.
II. La présence du destin
1. Des héros complémentaires
Ce récit met en parallèle deux portraits et montre qu'ils sont faits l'un pour l'autre.
2. L'événement
La scène a lieu lors d'un bal royal. Il s'agit des fiançailles de la fille du roi au Louvre. Le duc suivi de nombreux nobles fait une entrée spectaculaire. Il est très à l'aise et social. Il connaît beaucoup de personnes. Il est très physique il faut qu'il saute haut pour passer "par-dessus quelque siège" ( ligne 7 ). C'est un conquérant, un Don Juan.
3. Le poids de la fatalité
La princesse refuse d'abord la fatalité : Lorsqu'elle danse, elle n'ose pas se retourner pour voir le visage de l'homme qui vient d'entrer malgré " un assez grand bruit " (ligne 3 ).
Elle finit par l'accepter lorsque lors lui désigne le duc comme cavalier. Il y a une reconnaissance immédiate qui passe par la vue.
Conclusion
Cet extrait de
La Princesse de Clèves met en scène une rencontre entre deux héros parfaits qui vont être saisis de passion l'un pour l'autre. Cette passion est décrite avec minutie dans ses tous premiers moments et elle est un objet d'analyse qui révèle toute une société.