Plan de la fiche sur
Je ne veux point fouiller au sein de la nature de Joachim du Bellay :
Introduction
Joachim du Bellay est un poète français né en 1522 à Liré en Anjou, et mort en 1560 à Paris. Sa rencontre avec Pierre de Ronsard fut à l'origine de la formation de la Pléiade, groupe de poètes reconnus.
Le sonnet
Je ne veux point fouiller au sein de la nature de
Joachim Du Bellay est extrait du recueil
Les Regrets publié en 1558.
Les Regrets sont composés de 191 sonnets en alexandrin qui furent composés quelques temps le retour d'un séjour de plusieurs années à Rome qu'a plutôt mal vécu Du Bellay.
Du Bellay
Texte du poème
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Lu par Pomme - source : litteratureaudio.com
Je ne veux point fouiller au sein de la nature,
Je ne veux point chercher l'esprit de l'univers,
Je ne veux point sonder les abîmes couverts,
Ni dessiner du ciel la belle architecture.
Je ne peins mes tableaux de si riche peinture,
Et si hauts arguments ne recherche à mes vers :
Mais suivant de ce lieu les accidents divers,
Soit de bien, soit de mal, j'écris à l'aventure.
Je me plains à mes vers, si j'ai quelque regret :
Je me ris avec eux, je leur dis mon secret,
Comme étant de mon coeur les plus sûrs secrétaires.
Aussi ne veux-je tant les peigner et friser,
Et de plus braves noms ne les veux déguiser
Que de papiers journaux ou bien de commentaires.
Du Bellay - Les Regrets
Annonce des axes
La rupture historique
La rupture psychologique
Une nouvelle poésie : à défaut d'être le meilleur, il faut être soi-même
Commentaire littéraire
La rupture historique
• Rupture avec la tradition : refus du poète, il veut s'émanciper
de cette tradition de la poésie (
anaphore de "je ne veux point").
• Renoncement aux inspirations humanistes : du Bellay renonce à l'esprit
humaniste, à la connaissance universelle.
• Parodie ironique
-
Parodie de l'ambition des poètes
-
Progression dans le poème : concret -> spirituel -> architecture
-
Refus d'une poésie intellectuelle et de la nature comme source d’inspiration
• La conception de la poésie et la fonction du poète sont récusées
par du Bellay.
La rupture psychologique
• "Ce lieu" et l'inspiration
-> Veut laisser Rome lui dicter son inspiration
• "ce lieu" -> philosophie
-> Veut suivre les aléas du quotidien
=> passivité volontaire
• Expérience romaine pour lui : à la fois solitude, soumis aux
aléas, et revendication d’originalité. Il se retire de la
compétition mais pas de l'écriture : renoncement au génie
mais pas à l'écriture : peut-être impuissance poétique.
Une nouvelle poésie : à défaut d'être
le meilleur, il faut être soi-même
• Poésie de l'intimité
Retour du poète sur lui-même v 9-11 => insistance sur l'intimité et
sur l'intériorité de cette poésie.
• Poésie de la modestie
Il renie l'ambition et refuse l'ostentation.
• Poésie à usage privé
- Semble renoncer à un public, renonce à la grandiloquence de la
poésie : critique de Ronsard
- Pas de destinataire : relation duelle avec sa feuille : doute de sa sincérité car
il publie les regrets.
- Poésie à usage interne, pour se consoler : doute : n'est-ce
pas
qu'un motif pour avoir du succès ?
- Pas de pointe : le sonnet se referme sur lui-même à la fin
Conclusion
Ce sonnet semble constituer une consolation à usage interne et non une
exhibition. Pas de préoccupations métaphysique ou éthique
accompagnant le recentrage sur « moi ». Ainsi, du Bellay annonce
de loin Montaigne par le renoncement à la démesure, le scepticisme
envers la connaissance, la revendication du naturel pour ses sujets d'écriture
et son style, associés au repli sur soi. Ce sonnet marque la rupture avec
la conception de l'inspiration développée par la Pléiade.