Plan de la fiche sur un extrait
René de Chateaubriand :
Introduction
Au départ,
René de
Chateaubriand figurant dans le "Génie du Christianisme" comme simple illustration du vague des passions fut publié comme roman à part entière avec Atala et connut un immense succès. Toute une génération d'héritier de Rousseau se reconnaît dans ce pâle héros, exilé en Amérique et qui analyse les symptômes contradictoires de son malaise existentiel.
Fiche : Résumé de René
Chateaubriand
Texte étudié
Cette vie, qui m'avait d'abord enchanté, ne tarda pas à me devenir
insupportable. Je me fatiguai de la répétition des mêmes
scènes et des mêmes idées. Je me mis à sonder mon
coeur, à me demander ce que je désirais. Je ne le savais pas ;
mais je crus tout à coup que les bois me seraient délicieux. Me
voilà soudain résolu d'achever, dans un exil champêtre,
une carrière à peine commencée, et dans laquelle j'avais
déjà dévoré des siècles.
J'embrassai ce projet avec l'ardeur que je mets à tous mes desseins ;
je partis précipitamment pour m'ensevelir dans une chaumière,
comme j'étais parti autrefois pour faire le tour du monde.
On m'accuse d'avoir des goûts inconstants, de ne pouvoir jouir longtemps
de la même chimère, d'être la proie d'une imagination qui
se hâte d'arriver au fond de mes plaisirs, comme si elle était
accablée de leur durée ; on m'accuse de passer toujours le but
que je puis atteindre : hélas ! je cherche seulement un bien inconnu,
dont l'instinct me poursuit. Est-ce ma faute, si je trouve partout des bornes,
si ce qui est fini n'a pour moi aucune valeur ? Cependant je sens que j'aime
la monotonie des sentiments de la vie, et si j'avais encore la folie de croire
au bonheur, je le chercherais dans l'habitude.
La solitude absolue, le spectacle de la nature, me plongèrent bientôt
dans un état presque impossible à décrire. Sans parents,
sans amis, pour ainsi dire seul sur la terre, n'ayant point encore aimé,
j'étais accablé d'une surabondance de vie. Quelquefois je rougissais
subitement, et je sentais couler dans mon coeur comme des ruisseaux d'une
lave ardente ; quelquefois je poussais des cris involontaires, et la nuit était également
troublée de mes songes et de mes veilles. II me manquait quelque chose
pour remplir l'abîme de mon existence : je descendais dans la vallée,
je m'élevais sur la montagne, appelant de toute la force de mes désirs
l'idéal objet d'une flamme future ; je l'embrassais dans les vents ;
je croyais l'entendre dans les gémissements du fleuve ; tout était
ce fantôme imaginaire, et les astres dans les cieux, et le principe
même de vie dans l'univers.
Extrait de René - de Chateaubriand
Plan du texte
1er paragraphe : un premier symptôme : l'ennui. (analyse, exagération)
2ème paragraphe : la brutale décision d'y remédier. (récit au passé simple, verbes d'action)
3ème paragraphe : justification de ses états d'âme. (plaidoyer)
4ème paragraphe : paroxysme du malaise. (récit, analyse)
Annonce des axes
I. Un malaise physique
1. Succession d'adjectifs antithétiques
2. Expression de sentiments opposés
3. Le goût des lieux extrêmes
II. Une œuvre galante de séduction
1. Des états successifs répétés
2. L'omniprésence du "je"
3. L'incapacité à se fixer
III. L'opposition passé / présent
1. Une mise à distance
2. Le souci du regard des autres
3. La sagesse retrouvée
Commentaire littéraire
I. Un malaise physique
1. Succession d'adjectifs antithétiques
Le but est de caractériser le romantisme par deux moyens : hyperboles et exagérations.
Le romantisme analyse les sentiments dès leur naissance. Le texte est sous le signe du changement avec plusieurs procédés de style, l'utilisation de temps qui expriment des actions rapides (passé simple, présent) et de verbes d'actions (je résolu, je part...). La durée est vue comme une ennemie.
2. Expression de sentiments opposés
Il connaît des sentiments contradictoires (calme et trouble). Il y a un vocabulaire affectif contradictoire.
3. Le goût des lieux extrêmes
La nature est un lieu apprécié des romantiques. Ils aiment la nature. Exil champêtre : termes affectifs nombreux.
"s'ensevelir" : connotation avec la mort. "la ville, Paris" : symbole de toutes les aventures de la civilisation.
II. Une œuvre galante de séduction
1. Des états successifs répétés
Surabondance de vie : envie de tout. Désirs multiples et changeants. Champ lexical de l'exaltation : "lave ardente, rougissait". Oppositions et antithèses : "je m'élevais, je descendais".
2. L'omniprésence du "je"
Intérêt du texte : je, moi. Intérêt unique d'observation. Termes psychologiques
abondants : états, désirs. Solitude de l'incompris.
3. L'incapacité à se fixer
Etat psychologique proche de la folie par l'utilisation d'hyperboles. Confusion de la nature et des sentiments : "gémissements du fleuve", "l'abîme de l'existence". La nature sert à exprimer les sentiments. Vision égocentrique de la nature.
III. L'opposition passé / présent
1. Une mise à distance
La première partie du texte est au passé. A partir de "on m'accuse", le texte est au présent. Il y a un retour au passé : "dans la solitude absolue". On est dans le récit autobiographique avec parfois le surgissement du temps de l'énonciation. Regard rétrospectif sur son passé.
2. Le souci du regard des autres
Valeur de plaidoyer avec la répétition de "on m'accuse". Utilisation du pronom "on" indéfini. L'auteur cherche à convaincre un public d'accusateur en essayant de l'apitoyer. L'auteur se justifie par un appel aux sentiments. Il se montre très déçu : "si j'avais encore la folie de croire au bonheur".
3. La sagesse retrouvée
On sent une légère réprobation avec son passé d'abord parce qu'il reprend à son compte les accusations : "on m'accuse d'avoir des goûts inconstants". Changement total d'attitude.
Conclusion
Ce texte comporte plusieurs analyses. L'auteur décrit les états
d'âme de sa jeunesse et rapporte ce qu'il en pensait. Mais il laisse percer
une discrète désapprobation, celle de l'homme face à ses égarements de jeunesse.
Néanmoins, toute une génération s'est reconnue dans ce texte.