Plan de la fiche sur un extrait de
Voyage au bout de la nuit de Céline :
Introduction
Le texte à commenter ici est un extrait du roman
Voyage au bout de la nuit de l'écrivain Céline (1894 - 1961). Cette œuvre relate le voyage d'un groupe d'hommes à travers le monde. Céline va dans ce passage exposer la scène de découverte de New-York par les voyageurs.
Ils seront d'abord surpris, puis amusés et enfin angoissés par une ville si singulière.
Lecture du texte
Pour une surprise, c’en fut une. À travers la brume, c’était tellement étonnant
ce qu’on découvrait soudain que nous nous refusâmes d’abord à y croire et puis tout
de même quand nous fûmes en plein devant les choses, tout galérien qu’on était on
s’est mis à bien rigoler, en voyant ça, droit devant nous...
Figurez-vous qu’elle était debout leur ville, absolument droite. New York c’est
une ville debout. On en avait déjà vu nous des villes bien sûr, et des belles encore, et
des ports et des fameux même. Mais chez nous, n’est-ce pas, elles sont couchées les
villes, au bord de la mer ou sur les fleuves, elles s’allongent sur le paysage, elles
attendent le voyageur, tandis que celle-là l’Américaine, elle ne se pâmait pas, non,
elle se tenait bien raide, là, pas baisante du tout, raide à faire peur.
On en a donc rigolé comme des cornichons. Ça fait drôle forcément, une ville
bâtie en raideur.
Voyage au bout de la nuit - Louis-Ferdinand Céline - Extrait
Annonce des axes
I. Une surprise étonnante et ineffable
II. Une ville toute drôle
III. Une ville effrayante
Commentaire littéraire
I. Une surprise étonnante et ineffable
Lors de leur arrivée, New-York les stupéfia. Ils découvrirent un ensemble de constructions les surprenant vivement : "Pour une surprise, c'en fut une". La ville les frappe par son originalité "tellement étonnant". D'autant plus que la révélation de New-York à leurs yeux se fait subitement, ils sont réellement saisis par cette vision consternante, ce qui est vérifiable par l'emploi des termes" découvrait soudain".
Le choc provoqué est si fort qu'ils n'acceptent pas la réalité trop
singulière qui leur est présentée ("nous nous refusâmes d’abord à y croire").
L'originalité de cette ville va en fait la rendre ineffable, les
visiteurs sont vraiment incapables de la définir ("ça", "c'était", "choses").
En définitive la 1ère impression que ressentent les visiteurs
est une forte stupéfaction. Mais les caractéristiques de New-York ne sont pas
connues du lecteur puisque Céline a élipsé tout élément descriptif ("ce qu'on"),
les renseignements donnés sont très
vagues dans ce premier paragraphe. Un effet d'attente est ainsi crée chez le
lecteur et les points de suspension nous font comprendre une description à venir
sur cette ville.
La stupéfaction des visiteurs va alors s'effacer pour faire place au rire.
II. Une ville toute drôle
Cette ville est "debout" et cela les distrait énormément, on note "on s'est mis à bien rigoler" ou encore vers la fin du texte "rigolé comme des cornichons". L'emploi d'un lexique quelque peu familier ("rigoler", cornichons")
et les termes simples qualifiant la ville ("droite" ; "debout") confèrent au
texte un ton assez burlesque qui est clairement perçu par le lecteur. La ville
est en fait très particulière, elle diffère radicalement de ce qu'ils ont l'habitude
de voir : la ville européenne est couchée, celle-ci est debout ce qui est à leurs
yeux très étrange. Et ces constructions architecturales si particulières les
font rire aux éclats, la ville les amuse et cet effet va persister assez longtemps : à la fin de l'extrait on trouve encore "ça fait drôle forcement".
Mais au rire va succéder un sentiment de peur.
III. Une ville effrayante
La ville n'est plus aussi drôle, elle est raide et austère, mais aussi dominatrice et puissante.
New-York est rigide, le terme "raide" simple et fort à la fois
est employé à plusieurs reprises. C'est une ville froide qui elle,
n'attend pas le voyageur. Cette forte austérité effraie naturellement les visiteurs,
ils sont assez éloigné ("devant la ville" et non à l'intérieur) mais prennent
déjà conscience de cet aspect. La focalisation interne permet au lecteur de
ressentir les mêmes impressions que les visiteurs, c'est à dire la peur.
L'expression "en raideur" de la dernière phrase du texte conclut sur ce sentiment, on peut supposer que dans les lignes qui suivent la peur s'accentue pour se transformer en terreur. Nous sentons donc une angoisse ardente due à la raideur de la ville.
Mais New-York est aussi dominatrice et puissante. Elle est personnifiée en femme autoritaire elle se tient "debout", "droite", elle s'élève pour mieux dominer.
Elle est aussi solide, puissante : elle ne "se pâmait pas", donc ne défaille pas et ne s'autorise aucun relâchement ("pas baisante du tout"), et sous cette vison elle effraie naturellement les visiteurs.
"L'Américaine" telle qu'on en parle est donc austère et dominatrice, l'angoisse envahit alors progressivement les visiteurs et le lecteur pour atteindre son paroxysme vers la fin du texte.
Après cette étude on peu conclure que New-York a d'abord stupéfait les visiteurs avant de les faire rire par son originalité et de les angoisser par sa raideur. Et c'est ce sentiment final qui va finalement s'ancrer dans l'esprit du lecteur.
Conclusion
Dans cet extrait de
Voyage au bout de la nuit, Céline a donc une vision très négative de la ville. D'une
certaine manière, il se moque tout d'abord de son aspect général puis s'applique à refléter
cette raideur suscitant pour tout visiteur la peur. En définitive, il préfère
les cités européennes.
Entretien
- Traiter du fait que Céline ne supporte pas la culture américaine
- Comparaison avec villes européennes
- Rapprochement avec un texte assez proche ("Carnet" de Camus dans le groupement sur la ville)