Plan de la fiche sur un extrait de
La fille aux yeux d’or de Honoré de Balzac :
Introduction
Balzac (1799 - 1850)
Balzac a rassemblé l'ensemble de son œuvre dans
La Comédie humaine.
L'ambition de Balzac est d'effectuer sur la société de son temps une étude exhaustive et détaillée comparable à celle que réalise les naturalistes sur les espèces zoologiques = observations minutieuses de la société française de la première moitié du 19ème siècle. Il veut décrire Paris, la province, l'aristocratie et la bourgeoisie.
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Biographie de Balzac
La fille aux yeux d'or termine le triptyque de l'histoire des treize (Ferragus et la duchesse de Langeais). Henry de Marsay, jeune dandy parisien se prend de passion pour la fille aux yeux d'or. Paquita Valdes mais il découvre qu'elle a une autre relation. Pour se venger de Paquita il décide à l'aide d'un groupe d'amis de la tuer. Ce groupe d'amis = société secrète = les Treize.
En ouverture à cette étrange histoire Balzac composa ce tableau de l'enfer parisien à Eugène Delacroix (peintre). Balzac étudie les différentes catégories sociales qui composent la population parisienne. L'écrivain recherche les grands mobiles de l'activité frénétique qui anime Paris, ville des ascensions sociales mais aussi de perditions morales, il les découvre dans l'or et les plaisirs.
Balzac dans cet extrait de
La fille aux yeux d'or voit Paris comme un enfer. L'enfer fait penser au feu, aux flammes donc Balzac utilise cette image pour décrire Paris. D'après Balzac les hommes et les femmes allant vers Paris ne vont pas pour se développer, se réveiller mais pour mourir.
Image de Paris = beaucoup d'hommes partent sur Paris pour faire fortune et en réalité beaucoup d'entre eux s'enfonce dans un monde où l'argent, la beauté, les relations sont seuls maîtres, voir exemple
Bel ami.
Balzac fait dans le prologue du roman
La fille aux yeux d'or une description physique et morale de Paris. La description est dominée par une comparaison avec l'enfer et la ville est présentée comme corrompue.
Honoré de Balzac
Texte étudié
Un des spectacles où se rencontre le plus d’épouvantement est certes l’aspect général de la population parisienne, peuple horrible à voir, hâve, jaune, tanné. Paris n’est-il pas un vaste champ incessamment remué par une tempête d’intérêts sous laquelle tourbillonne une moisson d’hommes que la mort fauche plus souvent qu’ailleurs et qui renaissent toujours aussi serrés, dont les visages contournés, tordus, rendent par tous les pores l’esprit, les désirs, les poisons dont sont engrossés leurs cerveaux ; non pas des visages, mais bien des masques : masques de faiblesse, masques de force, masques de misère, masques de joie, masques d’hypocrisie ; tous exténués, tous empreints des signes ineffaçables d’une haletante avidité ? Que veulent-ils ? De l’or, ou du plaisir ?
Quelques observations sur l’âme de Paris peuvent expliquer les causes de sa physionomie cadavéreuse qui n’a que deux âges, ou la jeunesse ou la caducité : jeunesse blafarde et sans couleur, caducité fardée qui veut paraître jeune. En voyant ce peuple exhumé, les étrangers, qui ne sont pas tenus de réfléchir, éprouvent tout d’abord un mouvement de dégoût pour cette capitale, vaste atelier de jouissance, d’où bientôt eux-mêmes ils ne peuvent sortir, et restent à s’y déformer volontiers. Peu de mots suffiront pour justifier physiologiquement la teinte presque infernale des figures parisiennes, car ce n’est pas seulement par plaisanterie que Paris a été nommé un enfer. Tenez ce mot pour vrai. Là, tout fume, tout brûle, tout brille, tout bouillonne, tout flambe, s’évapore, s’éteint, se rallume, étincelle, pétille et se consume. Jamais vie en aucun pays ne fut plus ardente, ni plus cuisante. Cette nature sociale toujours en fusion semble se dire après chaque œuvre finie : — À une autre ! comme se le dit la nature elle-même. Comme la nature, cette nature sociale s’occupe d’insectes, de fleurs d’un jour, de bagatelles, d’éphémères, et jette aussi feu et flamme par son éternel cratère. Peut-être avant d’analyser les causes qui font une physionomie spéciale à chaque tribu de cette nation intelligente et mouvante, doit-on signaler la cause générale qui en décolore, blêmit, bleuit et brunit plus ou moins les individus.
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La fille aux yeux d’or - Balzac (début du texte)
Annonce des axes
I. Equivalence entre Paris et l'enfer
1. Mise en place de perceptions visuelles
2. Une vision d'enfer
II. Paris, ville de la corruption
1. Goût de l'argent et du plaisir
2. Comparaison avec l'enfer
III. Analogies entre la société et la nature
Commentaire littéraire
I. Equivalence entre Paris et l'enfer
1. Mise en place de perceptions visuelles
Champ lexical de la vue :
Vue
Spectacle
Aspect
Voir
Paraître
En voyant
Mais ce champ lexical se développe par l'indication de tout ce qui est vu :
- apparence
- couleurs
- physionomie
"jeunesse blafarde et sans couleur" = fardée / caducité.
2. Une vision d'enfer
L'exagération épique contribue donc à cet aspect visionnaire. Métaphore de la tempête ou du champ incessamment remué contribue ou souligne le caractère visionnaire de la description. La vision horrible de caricatures d'épouvantes. "visages contournés, tordus". Les masques représentent les défauts. C'est un monde de cadavres. Peuple exhumé.
Paris= l'enfer.
II. Paris, ville de la corruption
Elle est soulignée par l'allusion au goût pour l'argent et les plaisirs et par la constante comparaison de Paris avec un univers d'expiations.
1. Goût de l'argent et du plaisir
"Paris n’est-il pas un vaste champ incessamment remué par une tempête d’intérêts" => Le goût de l'argent appuyé par la métaphore "tempête d’intérêts".
"une haletante avidité" => Le goût de l'argent, appuyé par l'adjectif "haletante".
- la violence de ce goût pour l'argent et les plaisirs est soulignée par l'image de la tempête mais aussi de l'or et du plaisir.
- Le vocabulaire utilisé est volontairement dépréciatif et caractérise un monde ou le poison des destructeurs qu'est l'avidité est partout.
2. Comparaison avec l'enfer
Souligne l'idée d'un châtiment et donc d'une grave culpabilité :
- C'est la description des visages qui fait apparaître cette culpabilité, dépravation.
- Ce sont aussi les nombreuses allusions au feu qui correspondent à une image populaire de l'enfer. "brûle, fume, rallume".
Ces références à l'enfer ne sont pas faites par plaisanteries. "Tenez ce mot pour vrai" souligne que Balzac souhaite dépasser les images et nous faire prendre conscience de la réalité.
III. Analogies entre la société et la nature
- Les métaphores sont empruntées à la nature.
- Les comparaisons marquent aussi le rapprochement avec la nature. Ce rapprochement aboutit à une véritable fusion par l'association de deux termes dans l'expression nature sociale. Cette nature sociale s'occupe d'insectes, de fleurs, d'éphémères.
Conclusion
Le texte souligne le double aspect de Paris. La ville est à la fois attirante, séduisante, fascinante mais elle est aussi destructive. En effet, la capitale arrache le héros de Balzac à la province et les attire à la ville par des promesses de luxe, de richesse, de plaisir. Beaucoup d'entre eux sont détruits.