Plan de l'analyse de
Complainte d'un autre dimanche de Laforgue :
Introduction
Laforgue a eu une vie très courte (1860-1887). Le
poème Complainte d'un autre dimanche fait suite au poème « Complainte d'un certain dimanche » dans
le recueil Les Complaintes qui a été publié en 1885.
Nature : poème
Ton : lyrique
Objet : ennui éprouvé par le poète à travers un paysage
Jules Laforgue
Texte du poème Complainte d'un autre dimanche
Complainte d'un autre dimanche
C'était un très-au vent d'octobre paysage,
que découpe, aujourd'hui dimanche, la fenêtre,
avec sa jalousie en travers, hors d'usage,
où sèche, depuis quand ! Une paire de guêtres
tachant de deux mals blancs ce glabre paysage.
Un couchant mal bâti suppurant du livide ;
le coin d'une buanderie aux tuiles sales ;
en plein, le val-de-grâce, comme un qui préside ;
cinq arbres en proie à de mesquines rafales
qui marbrent ce ciel crû de bandages livides.
Puis les squelettes de glycines aux ficelles,
en proie à des rafales encor plus mesquines !
ô lendemains de noce ! ô brides de dentelles !
Montrent-elles assez la corde, ces glycines
recroquevillant leur agonie aux ficelles !
Ah ! Qu'est-ce que je fais, ici, dans cette
chambre !
Des vers. Et puis, après ! ô sordide limace !
Quoi ! La vie est unique, et toi, sous ce
scaphandre,
tu te racontes sans fin, et tu te ressasses !
Seras-tu donc toujours un qui garde la chambre ?
Ce fut un bien au vent d'octobre paysage...
Jules Laforgue
Structure du poème
1ère strophe : spectacle très précis depuis la jalousie
2ème strophe : spectacle au delà de la jalousie
3ème strophe : nature : spectacle glycine
4ème strophe : lamentation du poète
Dernier vers : boucle bouclée, le poète se referme
Annonce des axes
I. Spectacle sans beauté et morne
1. Spectacle réduit
2. Spectacle nu, pauvre
3. Spectacle sans changement
II. Un monde en décomposition
1. Décomposition lente
2. Décomposition violente
III. L'état d'âme du poète
Commentaire littéraire
I. Spectacle sans beauté et morne
1. Spectacle réduit
- A travers deux cadres qui s’emboîtent l’un dans l’autre : cadre de fenêtre et cadre de la jalousie.
- Construction en abîme : impression d’emprisonnement : fenêtre encombrée par guitare.
2. Spectacle nu, pauvre
Spectacle pauvre : - soleil couchant.
- 1 coin de buanderie (tuiles sales ≠ buanderie)
- 1 hôpital
- 5 arbres (il n’a pas arrêté de les compter => ennui)
- objets sales, immobiles, vieux, oubliés
- saison suggérée : automne
- couleur suggérée : blanc un peu sale
3. Spectacle sans changement
- Toujours les mêmes 5 arbres.
- Elément qui amène la vie : les rafales.
II. Un monde en décomposition
1. Décomposition lente
- Jalousie (= volets) : "en travers, hors d'usage".
- Tuiles sales car vieilles.
- Usure au niveau des glycines qui n'ont plus que les tiges, plus de feuilles (vers 13 : présenté comme brides de dentelles).
- Maladie : agonise.
2. Décomposition violente
- Vent désordonné (rafales) qui semble se ruer dans le paysage, vent sans pitié : méchanceté gratuite.
- Violence : "en proie" (vers 9).
- Rythme saccadé.
III. L’état d’âme du poète
- La première strophe révèle un paysage archétypique du spleen : "octobre", "vent" (qui symbolise la fragilité, l'agression, la mort chez Laforgue). Laforgue vit mal sa vie et sa maladie, éprouve de la douleur.
- Ennui mortel.
- Il se regarde vivre et veut se donner du courage :
- dédoublement de personnalité (dans la 4ème strophe : "je" "tu" pour parler de lui-même),
- "je" exprime réalité de souffrance, éprouve douleur et "tu" : pour se secouer, prendre du recul.
- Limace : lenteur de vie, lenteur d’arriver à la mort.
- Dégoût qu’il s’inspire à lui-même.
Conclusion
Le poète exprime son " spleen " (désespoir) de manière indirecte : à travers description du paysage (paysage en décomposition plein de laideur, plein de choses qui s’opposent -> disharmonieux).
Complainte d’un autre dimanche est un poème caractéristique de la fin de siècle. Rythme et sonorités très lourdes (germaniques).
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