La Controverse de Valladolid

Jean-Claude Carrière (1992)

Attaque de Sépulvéda contre Las Casas







Plan de la fichesur La controverse de Valladolid de Jean-Claude Carrière :
Introduction
Etude
Conclusion


Introduction

    La controverse de Valladolid, de Jean-Claude Carrière, est un roman de la fin du XXème siècle sur une controverse qui eut lieu en 1550. C'est une réécriture moderne de cette histoire (1992), elle pose le problème de la véritable nature des indiens, et la possibilité ou non de les assimiler à des hommes.

- Conquête du Nouveau Monde, livre de Sépulvéda.
- Las Casas défend les Indiens, Sépulvéda les attaque.
- Sépulvéda hausse la voix (ce qui contraste avec son calme et sa froideur habituels) quand Las Casas dit que le Nouveau Monde a déjà été évangélisé. Nous avons dans cet extrait de La Controverse de Valladolid un débat théologique sur l’intervention de Dieu sur ces terres.


Etude

- Réaction ambiguë du légat : il a coupé Las Casas pour que Sépulvéda fasse un beau mouvement oratoire ; il est très sensible au fond mais aussi à la forme. Il est toujours attentif aux réactions des gens, il essaie de comprendre si leurs attitudes cachent des sentiments ou des vérités.
- La raison est liée avec la religion : 300 hommes ne peuvent pas en battre 20 millions (armement…).
-> Syllogisme sous-entendu : un petit nombre d’hommes ne peut pas l’emporter sur 20 millions / or les Espagnols ont réussi cet exploit / donc les Espagnols ont reçu une aide de Dieu.
- La ponctuation (?, !) est très forte, surtout dans la 1ère partie du texte -> il montre ainsi sa sincérité et son opposition franche à Las Casas.
- Accumulation et répétition des mêmes procédés -> répétition des conclusions, de la syntaxe des phrases, accélération des phrases, questions oratoires.
- Si le ton (affectif d’un bout à l’autre) tend à emporter l’adhésion du public, les arguments avancés sont tout aussi convaincants.
- Plusieurs exemples de Sépulvéda pour montrer la volonté de Dieu :
        - preuves a contrario : reprise des exemples de Las Casas plus quelques nouveaux (maladies, temples) ; ces catastrophes sont selon lui voulues par Dieu
        - il ne nie pas les horreurs décrites par Las Casas (génocide, situations horribles : maladies, hommes broyés sous des temples, mines -> seul cas où il imagine qu’il y a eu de la cruauté humaine mais cette obéissance des Indiens a été voulue par Dieu sinon ils se seraient rebellés, rappel des suicides) -> Las Casas n’a pas menti, ces horreurs se sont vraiment déroulées
        -> Conclusion différente de celle de Las Casas : c’est Dieu qui l’a voulu (-> idolâtres) ; on ne peut pas attribuer de défauts aux Espagnols -> l’assemblée catholique approuve ces propos.
- Ton de la persuasion, Sépulvéda est convaincu.
- Sépulvéda réduit la crédibilité de Las Casas grâce à une attaque ad hominem (répétition « jamais ») :
        - Sépulvéda a déjà attaqué Las Casas de cette manière
        - Attaque de fond : Las Casas menteur et charlatan (ton vif) -> mille détours qui conduisent au mensonge, falsification des preuves (mais comme Sépulvéda n’a pas de preuves de la culpabilité de Las Casas, il accuse ses amis) ; Las Casas ne reniera jamais cette partie de l’argumentation de Sépulvéda …
Il passe ensuite à de la morale théologique (habileté de l’emploi du « vous » : il peut désigner à la fois Las Casas -> politesse ; l’auditoire ; l’auditoire + les lecteurs) :
        - il faut élever ses yeux de la Terre pour voir la vérité et la connaissance divine (conception de l’Eglise et de Sépulvéda, très répandue à cette époque), et Las Casas n’est plus lucide car il n’a plus lumière divine
        - il sent peut-être la faiblesse de cet argument ; alors il reprend un argument auquel tout le monde va agréer : la vie des hommes est menée par Dieu
        - il passe à l’application de cet argument dans le domaine qui nous concerne.

Conclusion de l’attaque contre Las Casas : rien sur les mensonges de Las Casas (faute de preuves) ; mais il dit que les Indiens ne sont pas des fils de Dieu (apparence) mais des sauvages. Las Casas est aussi exclu de toute vérité divine (la dernière phrase s’apparente à une maxime). Comment peut-on faire confiance à Las Casas après cela ? …
- Sépulvéda cherche à démolir Las Casas mais aussi à persuader l’assemblée -> double argumentation.
- Malgré sa démonstration, on ne peut oublier son tableau du malheur des Indiens voulu par Dieu.





Conclusion

    Le légat n’intervient qu’après ce mouvement oratoire ; et il ne laisse toujours pas voir de quel côté il penche. Sépulvéda est de plus en plus animé et véhément, mais il reste lucide. Las Casas est décontenancé et n’est pas à l’aise ; il va avoir beaucoup de mal à réfuter les propos de Sépulvéda. L’auditoire est transparent mais attentif.
    Le raisonnement de Sépulvéda est imparable. On peut imaginer une éventuelle riposte de Las Casas, mais aussi que l’assemblée suivra l’opinion de Sépulvéda après cette argumentation impressionnante…

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Merci à celui ou celle qui m'a envoyé cette analyse sur La controverse de Valladolid de Jean-Claude Carrière