Le Roman








Histoire du roman

La vision, la popularité et la forme du roman a évolué au cours des siècles :


Au Moyen-âge

Au Moyen âge, le terme roman désigne les écrits dans la langue du peuple (langue romane) en opposition aux textes écrits en latin
Puis roman = récit en vers français contant les aventures de héros imaginaires.

L’ancêtre du roman actuel est la chanson de geste dont la plus ancienne est La Chanson de Roland.



 
Au siècle classique

Au XVIème siècle, le roman devient un genre littéraire pour désigner une oeuvre fictive écrite en prose racontant la vie de personnages qui évoluent dans un monde réel. En France : Rabelais avec Gargantua et Pantagruel, en Espagne Cervantès avec Don Quijote de la Mancha

Le roman est considéré comme mineur.
Le lecteur vit des aventures par procuration.
Le premier grand roman classique est La Princesse de Clèves de Madame de La Fayette, qui apparaît coome le fondement du roman moderne.



Rabelais

 
Au XVIIIème siècle

Le roman offre une grande variété de forme.
Les classes bourgeoises s'intéressent au roman.
La portée morale est affirmée.

Le réalisme romanesque connaît son plus grand succès.
Le genre du roman épistolaire apparaît en France avec Les Lettres Persanes de Montesquieu.



Montesquieu

 
Au XIXème siècle

C’est le siècle qui consacre le roman, l’âge d’or du roman.
Il appartient au mouvement romantique, naturaliste ou réaliste. La société devient le sujet du roman.
L’alphabétisation, le développement de la culture et les nouveaux moyens de diffusion permettent au roman de rencontrer un grand succès.
On retrouve : Balzac (La Comédie Humaine), Hugo (Les Misérables, Notre Dame de Paris), Zola (Les Rougon-Maquart), Stendhal (Le Rouge et le Noir, La Chartreuse de Parme), Maupassant (Bel-Ami), etc.



Emile Zola

 
Au XXème siècle

Le succès rencontré par le roman au XIXème siècle se poursuit au XXième siècle.
Il subit une profonde remise en question après la seconde guerre mondiale. Le roman se fait plus critique et parfois plus pessimiste.

Le Nouveau Roman brouille les repères traditionnels du lecteur (Robbe-Grillet, Sarraute...).
Des genres plus populaires se diffusent de façon massive (roman policier...).


Nathalie Sarraute

 





Les caractéristiques du roman

1. Classer et définir un roman

a. Par sa forme
Le roman traditionnel : privilégie le passé, l’énonciation à la troisième personne et le point de vue omniscient
Le roman autobiographique : récit à la première personne, histoire du narrateur
Le roman à tiroirs : le récit principal est interrompu par des récits secondaires selon la technique de l’enchâssement

b. Par son thème dominant
- Le roman d’analyse : étude des passions
- Le roman d’apprentissage : inexpérience, ambitions, premières amours
- Le roman de mœurs : différents milieux sociaux et familiaux
- Le roman historique : politique et jeux du pouvoir
- Le roman utopique : satire de la civilisation
- Le roman d’aventure : traite de l’héroïsme
- Le roman policier : énigme policière
- Le roman de science-fiction : thèmes de la science et des technologies

c. Par sa visée
Le roman cherche à divertir, à émouvoir, à captiver le lecteur.
Il peut soutenir une morale ou un idéal ; il a une visée argumentative.

d. Par son contexte
Le roman s’inscrit parfois dans un mouvement littéraire :
Le roman romantique : axé sur les émotions
Le roman réaliste ou naturaliste : évoque les réalités du monde (Zola)
Le nouveau roman : invente de nouvelles techniques narratives

e. Par son registre
Le roman fantastique est fondé sur la terreur et le doute
Le roman didactique transmet un enseignement

2. Distinguer auteur et narrateur

Le récit est un montage narratif où l’auteur confie au narrateur le soin de raconter l’histoire en mettant en scène des personnages.
Le narrateur s’adresse au narrataire qui est généralement le lecteur.
Ces choix narratifs s’expriment à travers le travail d’énonciation.

          -> Fiche de révision sur la narration

3. Distinguer la fiction de la narration

La fiction plonge le lecteur dans un univers imaginaire. Elle peut produire un effet de réel (roman réaliste) ou un univers surréel (roman fantastique)
La narration = séries de techniques narratives (point de vue, énonciation, etc.) + des choix d’écriture (temps, registre, figures de style, etc.)

4. Caractériser l’intrigue

Dans le roman traditionnel, l’intrigue est progressive : situation initiale, obstacle, péripéties, dénouement.
Dans le nouveau roman, l’intrigue est déstructurée.



Le narrateur et le personnage

1. Qui parle ?

a. Récit à la première personne
Le narrateur est le personnage de l’histoire.
Le lecteur est amené à vivre les évènements en même temps que le narrateur, à connaître ses sentiments.
Le je implique une introspection, les confidences du narrateur et favorise l’identification à l’histoire et au point de vue du héros.
En général, le je est le personnage central de l’histoire.

b. Le roman épistolaire
Les narrateurs varient d’une lettre à l’autre.
Le roman n’ayant pas de narrateur unique, c’est au lecteur de reconstituer l’intrigue.
Le roman épistolaire à une voix se présente comme un long monologue
Le roman épistolaire est caractérisé par :
         - Une double énonciation
         - Une multiplication des points de vue
         - Une grande variété de tons et de styles
Exemple de roman épistolaire : Les Lettres persanes de Montesquieu, Les Liaisons dangereuses de Laclos

c. Récit à la troisième personne
Le narrateur est une entité par l’intermédiaire de laquelle le lecteur découvre l’histoire.
Le je n’apparaît pas mais c’est le narrateur qui guide les modalités du récit.
Le narrateur peut s’autoriser des interventions dans le récit : des commentaires.


2. Le point de vue narratif

Ou focalisation reflète les relations de l’auteur avec ses personnages et avec son lecteur. Il engage aussi une vision du monde.
Le point de vue répond à la question « qui voit » ?
Dans un même roman, le point de vue narratif peut varier d’un passage à l’autre.

a. Le point de vue omniscient
Il traduit chez le narrateur, une volonté de tout dire :
      - Le narrateur ne choisit pas de point de vue particulier = focalisation « zéro »
      - Il voit et connaît tout de l’intrigue et des personnages
      - Il peut anticiper, son savoir n’a pas de limite
      - Le lecteur en sait plus que les personnages puisqu’il a une vision d’ensemble de l’histoire

b. Le point de vue externe
Il est souvent utilisé dans l’incipit d’un récit pour introduire un personnage :
       - Le narrateur est un observateur extérieur qui ne connaît que ce qu’il voit.
       - Il découvre le personnage et l’intrigue en même temps que le lecteur
       - Le lecteur voit le personnage de l’extérieur, il ne connaît de lui que ses dires et ses actes
       - Un récit entier en focalisation externe est très rare

c. Le point de vue interne
Il est fréquent dans les scènes de rencontre et relève les mécanismes du sentiment amoureux :
       - Le narrateur adopte le point de vue d’un personnage en particulier
       - Il réduit sa connaissance et ses visions des évènements à la perception qu’en a le personnage
       - Le lecteur partage l’angle de vue, les émotions et la connaissance de l’intrigue d’un personnage en particulier
       - C’est un point de vue propice à l’identification.
       - Dans un récit à la première personne, la focalisation est nécessairement interne.

d. Les variations du point de vue
Les variations de point de vue peuvent :
       - Provoquer un effet de surprise
       - Renforcer le suspense
       - Traduire un sentiment
On parle de rétrécissement du champ quand on passe d’un point de vue omniscient à un point de vue interne.
On parle d’élargissement du champ dans le cas inverse.

-> Lien interne : fiche de révision sur la narration




Le personnage dans le roman

Il faut étudier l’âge, le milieu social, la famille et le nom du personnage qui est toujours significatif.

1. Les caractéristiques des personnages de roman

Les personnages de roman sont copiés sur des êtres réels (identité, caractéristiques physiques et psychologiques) ; ils s’apparentent à de véritables individus, mais restent des créations de l'auteur.

a. Le portrait
Réalisé par un discours descriptif.
Il sert à présenter un personnage.
Il peut contenir les prémisses de l’action à venir.
Le personnage de roman n’est pas forcément héroïque.
Il faut analyser en détail les portraits
        - Le plan physique : aspects physiques mélioratifs ou péjoratifs, la description des vêtements, les traits sontils grossis ?
       - Le plan social : le statut social, le personnage est-il identifiable (milieu social) ?
       - Le plan moral : sentiment et caractère.

Exemple : Le portrait de Vautrin dans Le Père Goriot de Balzac.


b. L’évolution du personnage
Le lecteur apprend à connaître le personnage à travers ses actes, ses changements, ses rencontres.
Le personnage peut évoluer ou rester le même et garder le même objectif.

c. Les fonctions du personnage
Qu’il soit principal, secondaire ou figurant le personnage a une double fonction :
       - Dans l’action : il peut accomplir l’action, y faire obstacle, la favoriser.
       - Dans la narration : il peut être narrateur, incarner un thème, une valeur, une période.


2. Les types de personnages

Le personnage de roman est d'abord le héros de roman médiévaux, porteur de valeurs universelles. Puis il s'individualise progressivement avec l'évolution du roman.
Le personnage de roman peut être une construction littéraire qui se veut emblématique (Balzac : Rastignac = provincial ambitieu qui débarque à Paris), peut être déterminé par son milieu social et son hérédité (Zola)...

Le personnage, être de fiction calqué sur l’être humain pour produire un effet réel, peut être un individu, une création de l’auteur, un type.


3. La crise du personnage romanesque

a. La notion d’individu est bouleversée au XXème siècle par :
La psychanalyse : révolutionne la perception de l’être humain en donnant sa place à l’inconscient.
La philosophie existentialiste : « l’existence précède l’essence » c’est-à-dire que l’être humain acquiert une identité dans l’angoisse d’exister, dans l’exercice de sa liberté.
Le personnage « type » du roman réaliste apparaît alors comme illusoire et factice.

b. Le Nouveau Roman
Refus du roman réaliste du XIXème siècle.
Refus du narrateur omniscient : le je est souvent préféré à la troisième personne, ou parfois le récit est à la deuxième personne ; les personnes changent d’une page à l’autre.
Crise du personnage : le personnage ne doit plus captiver l’attention du lecteur.
Le monde est représenté de manière plus incertaine, les repères habituels du lecteur sont brouillés.


-> Lien interne : fiche de révision sur la poésie


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