Plan de la fiche sur
le chapitre 3 de La Curée de Emile Zola :
Introduction
Dans la suite des vingt romans des Rougon-Macquart,
La Curée décrit l'assaut de Paris par les spéculateurs de 1850, au lendemain du Second Empire.
Emile Zola (1840-1902) assimile une vision naturaliste à l'histoire naturelle et sociale de la famille des Rougon-Macquart.
Ce passage a une tonalité épique. C'est une vision impersonnelle mais il s'agit d'une description totalement dévalorisante de Paris.
Texte étudié
Cependant la fortune des Saccard semblait à son apogée. Elle brûlait en plein Paris comme un feu de joie colossal. C'était l'heure où la curée ardente emplit un coin de forêt de l'aboiement des chiens, du claquement des fouets, du flamboiement des torches. Les appétits lâchés se contentaient enfin, dans l'impudence du triomphe, au bruit des quartiers écroulés et des fortunes bâties en six mois. La ville n'était plus qu'une grande débauche de millions et de femmes. Le vice, venu de haut, coulait dans les ruisseaux, s'étalait dans les bassins, remontait dans les jets d'eau des jardins, pour retomber sur les toits, en pluie fine et pénétrante. Et il semblait la nuit, lorsqu'on passait les ponts, que la Seine charriât, au milieu de la ville endormie, les ordures de la cité, miettes tombées de la table, noeuds de dentelle laissés sur les divans, chevelures oubliées dans les fiacres, billets de banque glissés des corsages, immédiat de l'instinct jettent à la rue, après l'avoir tout ce que la brutalité du désir et le contentement brisé et souillé. Alors, dans le sommeil fiévreux de Paris, et mieux encore que dans sa quête haletante du grand jour, on sentait le détraquement cérébral, le cauchemar doré et voluptueux d'une ville folle de son or et de sa chair. Jusqu'à minuit les violons chantaient ; puis les fenêtres s'éteignaient, et les ombres descendaient sur la ville. C'était comme une alcôve colossale où l'on aurait soufflé la dernière bougie, éteint la dernière pudeur. Il n'y avait plus, au fond des ténèbres, qu'un grand râle d'amour furieux et las ; tandis que les Tuileries, au bord de l'eau, allongeaient leurs bras dans le noir, comme pour une embrassade énorme.
Emile Zola - La Curée - Extrait du chapitre 3
Annonce des axes
I. Une description à tonalité épique
II. Une vision moraliste
Commentaire littéraire
I. Une description à tonalité épique
*
L'image de la curée :
- deuxième apparition de la curée
- Saccard appartient à cette curée
- accumulation des termes qui s'y rapporte
- l'emploi du pluriel qui donne une impression de grouillement (avidité des bêtes)
*
La personnification de Paris :
- Paris ressemble à une femme folle de jouissance
- impression de malaise
- Paris = un lieu de malaise
- évocation de Paris comme une puissance par différentes métaphores qui se succèdent.
II. Une vision moraliste
*
Dans les deux premières phrases :
- la fortune des Saccard semble être plus apparente que réelle car il y a la volonté de faire étalage des richesses.
- le feu = la fortune qui brûle (qui se consume), elle est donc dépensée et gaspillée
- phrase avec la curée peut être prise avec un sens plus général
- cela se passe de nuit : "feu de joie" et plusieurs métaphores
Paris a un sommeil fiévreux.
*
La grande débauche :
- le vice se propage par l'eau
- champ lexical de l'eau
- mouvement cyclique et vertical
- cette attitude est appuyée par les classes supérieures
- la Seine transporte des objets de débauche et la métaphore continue
- la débauche circule dans tout Paris
Conclusion
La vision moraliste est très nette. On a l'impression que la ville est au bord de l'abîme.