Plan de la fiche sur 
le chapitre 6 de La Curée de Emile Zola :
 
Introduction
     Dans la suite des vingt romans des Rougon-Macquart, 
La Curée décrit l'assaut  de Paris par les spéculateurs de 1850, au lendemain du Second Empire. 
Emile  Zola (1840-1902) assimile une vision naturaliste à l'histoire naturelle et  sociale de la famille des Rougon-Macquart.
     Dans le chapitre 6, il s'agit d'une hallucination de Renée qui rend le texte fantastique. Elle voit dans la glace les personnages de Saccard et de Maxime.
 
  
 
  
Texte étudié
     Et, dans l'ombre bleuâtre de la glace, elle crut voir se lever les   figures de Saccard et de Maxime. Saccard, noirâtre, ricanant, avait une   couleur de fer, un rire de tenaille, sur ses jambes grêles. Cet homme   était une volonté. Depuis dix ans, elle le voyait dans la forge, dans   les éclats du métal rougi, la chair brûlée, haletant, tapant toujours,   soulevant des marteaux vingt fois trop lourds pour ses bras, au risque   de s'écraser lui-même. Elle le comprenait maintenant ; il lui   apparaissait grandi par cet effort surhumain, par cette coquinerie   énorme, cette idée fixe d'une immense fortune immédiate. Elle se le   rappelait sautant sur les obstacles, roulant en pleine boue, et ne   prenant pas le temps de s'essuyer pour arriver avant l'heure, ne   s'arrêtant même pas à jouir en chemin, mâchant ses pièces d'or en   courant. Puis la tête blonde et jolie de Maxime apparaissait derrière   l'épaule rude de son père : il avait son clair sourire de fille, ses   yeux vides de catin qui ne se baissaient jamais, sa raie au milieu du   front, montrant la blancheur du crâne. Il se moquait de Saccard, il le   trouvait bourgeois de se donner tant de peine pour gagner un argent   qu'il mangeait, lui, avec une si adorable paresse.
     Il était entretenu. Ses mains longues et molles contaient ses   vices. Son corps épilé avait une pose lassée de femme assouvie. Dans   tout cet être lâche et mou, où tout le vice coulait avec la douceur   d'une eau tiède, ne luisait pas seulement l'éclair de la curiosité du   mal. Il subissait. Et Renée, en regardant les deux apparitions sortir   des ombres légères de la glace, recula d'un pas, vit que Saccard l'avait   jetée comme un enjeu, comme une mise de fonds, et que Maxime s'était   trouvé là, pour ramasser ce louis tombé de la poche du spéculateur. Elle   restait une valeur dans le portefeuille de son mari ; il la poussait   aux toilettes d'une nuit, aux amants d'une saison ; il la tordait dans   les flammes de sa forge, se servant d'elle, ainsi que d'un métal   précieux, pour dorer le fer de ses mains. Peu à peu, le père l'avait   ainsi rendue assez folle, assez misérable, pour les baisers du fils. Si   Maxime était le sang appauvri de Saccard, elle se sentait, elle, le   produit, le fruit véreux de ces deux hommes, l'infamie qu'ils avaient   creusée entre eux, et dans laquelle ils roulaient l'un et l'autre. 
Emile Zola - La Curée - Extrait du chapitre 6
 
Annonce des axes
I. Une scène représentée comme un passage hallucinatoire, quasi-fantastique
II. La prise de conscience du rôle complémentaire de Maxime et de Saccard
Commentaire littéraire
I. Une scène représentée comme un passage hallucinatoire, quasi-fantastique
- "elle crut voir" indique une illusion à cause du modalisateur
- "apparaît" : le modalisateur est supprimé
- "regardant les deux apparitions", Renée fait un pas en arrière. Cette illusion devient réalité ?
- Renée ne se voit pas dans la glace car elle est vampirisée par Saccard et Maxime
(assimilation au Horla)
II. La prise de conscience du rôle complémentaire de Maxime et de Saccard
* 
Une prise de conscience, non une simple "vision" :
- rapport entre "autrefois" et "maintenant"
- "elle le comprenait maintenant, il lui parût grandit"
- imparfait de Maxime : relatif au comportement habituel
- prise de conscience : "fruit véreux"
* 
Une prise de conscience progressive :
- elle prend d'abord conscience du rôle joué par Saccard puis celui joué par Maxime
- Maxime est derrière l'épaule de Maxime
- actions des deux personnages : complémentaire sur elle
* 
Un couple antithétique mais complémentaire
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Une relation complémentaire :
- la métaphore de l'argent (Renée = somme d'argent)
- "laisser" et "ramasser" montre que Renée sert de marchandises
- Renée est "le produit véreux de ces deux hommes"
- Renée est la chose de Saccard
- la comparaison du forgeron : Renée est dénaturalisée
- utilisation d'un procédé quasi-fantastique
- début de l'effondrement de Renée qui est au bard de la folie
Conclusion
Cette scène de 
La Curée est capitale dans la vie de Renée.
Cette prise de conscience marque le début de son effondrement qui va l'amener jusqu'à la folie et jusqu'à la mort.