Les Fausses confidences

Marivaux

Acte III, scène 1






Plan de la fiche sur la scène 1 de l'Acte 3 de Les Fausses confidences de Marivaux :
Introduction
Lecture de la scène 1 de l'acte 3
Annonce des axes
Commentaire littéraire
Conclusion




Introduction

    Cette scène de Les Fausses confidences, de Marivaux, expose le stratagème mis en œuvre. Dubois va essayer de faire avouer son amour à Araminte. « Non » est le premier mot de la scène, ce qui donne l’impression qu’il n’y a eu aucune coupure entre l’acte II et la scène 1 de l’acte III. Dubois essaie de pousser à bout Araminte. Dubois tient une place importante.

Marivaux
Marivaux



Lecture de la scène 1 de l'acte 3

Acte III, scène 1

DORANTE, DUBOIS.

DUBOIS
Non, vous dis-je ; ne perdons point de temps : la lettre est-elle prête ?

DORANTE, la lui montrant.
Oui, la voilà, et j'ai mis dessus rue du Figuier.

DUBOIS
Vous êtes bien assuré qu'Arlequin ne connaît pas ce quartier-là ?

DORANTE
Il m'a dit que non.

DUBOIS
Lui avez-vous bien recommandé de s'adresser à Marton ou à moi pour savoir ce que c'est ?

DORANTE
Sans doute, et je lui recommanderai encore.

DUBOIS
Allez donc la lui donner : je me charge du reste auprès de Marton que je vais trouver.

DORANTE
Je t'avoue que j'hésite un peu. N'allons-nous pas trop vite avec Araminte ? Dans l'agitation des mouvements où elle est, veux-tu encore lui donner l'embarras de voir subitement éclater l'aventure ?

DUBOIS
Oh ! Oui : point de quartier, il faut l'achever pendant qu'elle est étourdie. Elle ne sait plus ce qu'elle fait. Ne voyez-vous pas bien qu'elle triche avec moi, qu'elle me fait accroire que vous ne lui avez rien dit ? Ah ! je lui apprendrai à vouloir me souffler mon emploi de confident pour vous aimer en fraude.

DORANTE
Que j'ai souffert dans ce dernier entretien ! Puisque tu savais qu'elle voulait me faire déclarer, que ne m'en avertissais-tu par quelques signes ?

DUBOIS
Cela aurait été joli, ma foi ! Elle ne s'en serait point aperçue, n'est-ce pas ? Et d'ailleurs, votre douleur n'en a paru que plus vraie. Vous repentez-vous de l'effet qu'elle a produit ? Monsieur a souffert ! Parbleu ! Il me semble que cette aventure-ci mérite un peu d'inquiétude.

DORANTE
Sais-tu bien ce qui arrivera ? Qu'elle prendra son parti, et qu'elle me renverra tout d'un coup.

DUBOIS
Je lui en défie, il est trop tard l'heure du courage est passée, il faut qu'elle nous épouse.

DORANTE
Prends-y garde ; tu vois que sa mère la fatigue.

DUBOIS
Je serais bien fâché qu'elle la laissât en repos.

DORANTE
Elle est confuse de ce que Marton m'a surpris à ses genoux.

DUBOIS
Ah ! vraiment, des confusions ! Elle n'y est pas, elle va en essuyer bien d'autres ! C'est moi qui, voyant le train que prenait la conversation, ai fait venir Marton une seconde fois.

DORANTE
Araminte pourtant m'a dit que je lui étais insupportable.

DUBOIS
Elle a raison. Voulez-vous qu'elle soit de bonne humeur avec un homme qu'il faut qu'elle aime en dépit d'elle ? Cela est-il agréable ? Vous vous emparez de son bien, de son cœur et cette femme ne criera pas ! Allez vite, plus de raisonnements, laissez-vous conduire.

DORANTE
Songe que je l'aime, et que, si notre précipitation réussit mal, tu me désespères.

DUBOIS
Ah ! oui, je sais bien que vous l'aimez ; c'est à cause de cela que je ne vous écoute pas. Êtes-vous en état de juger de rien ? Allons, allons, vous vous moquez. Laissez faire un homme de sang-froid. Partez, d'autant plus que voici Marton qui vient à propos, et que je vais tâcher d'amuser, en attendant que vous envoyiez Arlequin.
(Dorante sort.)

Marivaux - Les Fausses confidences - Acte III, scène 1




Annonce des axes

I. La manipulation de Dubois
1. Dubois et sa manipulation
2. L’originalité du rapport entre Dubois et Dorante

II. La conception de l’amour
1. L’amour chez Dorante
2. Le mariage et Dubois

III. Le dialogue, et son refus
1. Dorante
2. Dubois
3. Le refus de dialogue



Commentaire littéraire

I. La manipulation de Dubois

1. Dubois et sa manipulation

    La supériorité de Dubois prend un aspect inquiétant par sa manipulation. En effet, Dubois apparaît comme l’instigateur essentiel de l’intrigue et leur déroulement chronologique. Dubois va se servir de Me Argante.
    Il va manipuler Dorante. Dubois est très précis alors que Dorante est penaud. Sa supériorité vient de son assurance. Dubois apparaît comme exceptionnel. En effet, il garde son sang-froid tout en gardant sa place de valet.


2. L’originalité du rapport entre Dubois et Dorante

    Dubois s’élève et montre qu’il veut que le mariage s’accomplisse. Les enjeux de Dorante et Dubois sont différents. « Nous » peut trahir Dubois. Inversion maître-valet. Dorante apparaît comme une simple pièce du complot. Dorante a des enjeux affectifs et Dubois des enjeux matériels. Conception du mariage totalement différente. Pour Dubois, l’amour est un fardeau alors que pour Dorante, c’est sa seule raison de vivre.


II. La conception de l’amour

1. L’amour chez Dorante

L’amour est déjà né chez Dorante lorsque la pièce commence. Tout au long de la pièce, il parle avec courtoisie. Dorante aime en silence et dans le sacrifice de soi. Dubois en joue, et il va le décrire comme l’amant idéal. Dorante est fébrile.


2. Le mariage et Dubois

    La relation principale de Dubois avec le mariage est matérielle. Dans cette scène, nous observons comment il traite Dorante et Araminte. Dubois se moque de la souffrance de Dorante. Dubois juge l’amour de Dorante, ce qui le rend inapte à faire un complot. Il assimile la course amoureuse à une chasse. Leur caractère différent se retrouve dans leur dialogue.


III. Le dialogue, et son refus

1. Dorante

    Dorante prend moins la parole et paraît hésitant. Dorante tutoie Dubois comme un maître à son valet. Dorante a de grands doutes. Il pose beaucoup de questions : Dorante n’est pas sûr de lui.


2. Dubois

    Dubois paraît sûr de lui. C’est lui qui ouvre e qui referme le sujet. Répliques deux fois plus longues que Dorante. Autorité marquée par l’impératif. Seule son attitude trahit son rang social. Rythme du dialogue. Vocabulaire de la certitude, il est sûr de son pouvoir. Supériorité entamée au début de la scène.


3. Le refus de dialogue

    Cette scène est un refus de dialogue. Refuser de dialoguer avec quelqu’un est avoir une position d’autorité. Dubois coupe court aux objections de Dorante pour pousser l’autre droit devant. Nous sommes dans un théâtre de pur verbalité. Critère esthétique de Marivaux : très allusif et très rapide. Dans le stratagème, un effet de surprise est très important. Comment dans le texte se produit cet effet de surprise ? Exposé des doutes puis refus d’écouter. Sous forme de conclusion, Dubois réplique par un refus de dialogue. L’effet de questions réponses qui se succèdent rapidement, se terminant par un impératif. Ensuite, il y a une stratégie de Dubois qui coupe court aux réflexions. Effet esthétique : phrases très brèves Elles sont dépourvues de liens et trahissent une précipitation de l’esprit. Beaucoup d’exclamations qui sont à peine de la formulation de pensée, entre la parole et le cri. Ton de Dubois conclusif, abrupte, péremptoire. Fin de la scène : impératifs autoritaires de Dubois qui se succèdent. Dans la deuxième partie, Dubois contredit Dorante. Moquerie, ironie : refus des longueurs de l’argumentation en la retournant de cette objection. Expression définitive de Dubois « je ne vous écoute pas ».





Conclusion

    Dans cette scène de Les Fausses confidences, l’impression qui ressort est la supériorité de Dubois. Cependant, la fraîcheur de cette scène nous apparaît antithétique.

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Merci à celui ou celle qui m'a envoyé cette analyse sur la scène 1 de l'acte 3 de Les Fausses confidences de Marivaux