Les Fausses confidences

Marivaux

Acte III, scène 9










Introduction

    Nous sommes à la scène 9 de l'Acte III, et le dénouement des Fausses Confidences de Marivaux est proche.
    Dilemme d'Araminte : aimer Dorante ou le repousser au nom des conventions sociales.
    Le rôle de Dubois est d'influencer Araminte.
    Nous avons d'un côté une maîtresse fragile et de l'autre un valet dominateur qui veut donner le coup de grâce.

Marivaux
Marivaux



Lecture de la scène 9 de l'acte 3

Acte III, scène 9

ARAMINTE, DUBOIS


DUBOIS - Enfin, Madame, à ce que je vois, vous en voilà délivrée. Qu'il devienne tout ce qu'il voudra à présent, tout le monde a été témoin de sa folie, et vous n'avez plus rien à craindre de sa douleur ; il ne dit mot. Au reste, je viens seulement de le rencontrer plus mort que vif, qui traversait la galerie pour aller chez lui. Vous auriez trop ri de le voir soupirer ; il m'a pourtant fait pitié : je l'ai vu si défait, si pâle et si triste, que j'ai eu peur qu'il ne se trouve mal.

ARAMINTE, qui ne l'a pas regardé jusque-là, et qui a toujours rêvé, dit d'un ton haut. - Mais qu'on aille donc voir : quelqu'un l'a-t-il suivi ? que ne le secouriez-vous ? faut-il le tuer, cet homme ?

DUBOIS - J'y ai pourvu, Madame ; j'ai appelé Arlequin, qui ne le quittera pas, et je crois d'ailleurs qu'il n'arrivera rien ; voilà qui est fini. Je ne suis venu que pour dire une chose ; c'est que je pense qu'il demandera à vous parler, et je ne conseille pas à Madame de le voir davantage ; ce n'est pas la peine.

ARAMINTE, sèchement - Ne vous embarrassez pas, ce sont mes affaires.

DUBOIS - En un mot, vous en êtes quitte, et cela par le moyen de cette lettre qu'on vous a lue et que Mademoiselle Marton a tirée d'Arlequin par mon avis ; je me suis douté qu'elle pourrait vous être utile, et c'est une excellente idée que j'ai eue là, n'est-ce pas, Madame ?

ARAMINTE, froidement - Quoi ! c'est à vous que j'ai l'obligation de la scène qui vient de se passer ?

DUBOIS, librement - Oui, Madame.

ARAMINTE - Méchant valet ! ne vous présentez plus devant moi.

DUBOIS, comme étonné - Hélas ! Madame, j'ai cru bien faire.

ARAMINTE - Allez, malheureux ! il fallait m'obéir ; je vous avais dit de ne plus vous en mêler ; vous m'avez jetée dans tous les désagréments que je voulais éviter. C'est vous qui avez répandu tous les soupçons qu'on a eus sur son compte, et ce n'est pas par attachement pour moi que vous m'avez appris qu'il m'aimait ; ce n'est que par le plaisir de faire du mal. Il m'importait peu d'en être instruite, c'est un amour que je n'aurais jamais su, et je le trouve bien malheureux d'avoir eu affaire à vous, lui qui a été votre maître, qui vous affectionnait, qui vous a bien traité, qui vient, tout récemment encore, de vous prier à genoux de lui garder le secret. Vous l'assassinez, vous me trahissez moi-même. Il faut que vous soyez capable de tout, que je ne vous voie jamais, et point de réplique.

DUBOIS s'en va en riant - Allons, voilà qui est parfait.

Marivaux - Les Fausses confidences - Acte III, scène 9




Proposition de plan du texte pour une analyse linéaire

I. Le désarroi de Dorante mis en scène par Dubois pour susciter la pitié de Araminte
   Du début de la scène à "Ne vous embarrassez pas, ce sont mes affaires."

II. L'aveu du stratagème de la lettre et la colère de Araminte
   De "DUBOIS - En un mot, vous en êtes quitte" à la fin de la scène



Annonce des axes du commentaire littéraire

I. Le dilemme : un combat moral pour Araminte : laisser partir Dubois ou l'épouser
II. Forces et faiblesses en présence



Commentaire littéraire

I. Le dilemme : un combat moral pour Araminte : laisser partir Dorante ou l'épouser

D'où ses plaintes (les relever et les commenter).
Dubois précipite la décision en feignant de prendre le parti des conventions à 3 reprises ("délivrée... n'arriverait rien... en êtes quitte").
Il privilégie le registre tragique pour émouvoir Araminte ("douleur, plus mort que vif, si pâle et si triste"). Réaction d'Araminte "faut-il tuer..."
Dialogue qui ressemble à un règlement de compte : aveu du stratagème de la lettre et réaction d'Araminte : bannir et accuser le valet.
D'où son indignation (relever et commenter les passages qui montrent cette indignation) et accusation qui mènent au bannissement de Dubois.



II. Forces et faiblesses en présence

Faiblesses : colère d'Araminte = incohérence et perte de la maîtrise de la situation (elle reconnaît qu'on ne lui a pas obéi).
Elle ne se maîtrise pas elle-même. Incapable de donner des ordres, elle divague ("mais qu'on aille... faut-il tuer cet homme").
Son amour la trahit : elle accuse le valet (Dubois) pour plaindre le maître (Dorante).
Son ton autoritaire (cf. les didascalies) prouve surtout qu'elle est dominée par l'émotion.

Forces : mettre en évidence le machiavélisme de Dubois et souligner sa maîtrise absolue de la parole (par exemple, le rythme ternaire "je l'ai vu si défait, si pâle et si triste").





Conclusion

    Dubois est seul maître de l'action, aussi bien dans ce qu'il avoue avoir fait que dans la façon dont il manipule Araminte. Il apparaît comme le metteur en scène de la pièce et comme l'auteur de l'intrigue.

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Merci à celui ou celle qui m'a envoyé cette analyse sur la scène 9 de l'acte 3 de Les Fausses confidences de Marivaux