=> p 215 "on retrouve encore parfois les amours primitives des anciens grecs". Ce roman grec raconte les amours de deux jeunes gens dans la campagne grec. Ils sont tous deux bergers et vivent dans la nature d'où les références à la nature : "chaume", "champ", "chèvre échappée" (berger dans D et C).
=> Ces amours sont liées à un lieu particulier et aussi à un temps particulier : l'éternel retour (temps cyclique différent de temps historique) : "une seconde fois", "l'amour passait de nouveau", "c'était l'éternel recommencement". Dans le roman, le couple est lié au rythme des saisons. Quand le couple intègre le temps historique en entrant dans la colonne des insurgés, il en meurt.
2. Le bonheur de Miette et Silvère est fragile et promis à la mort
Le texte est oppose la mort au bonheur : "joies présentes et larmes futures", "douceurs mortels", "un bonheur qui irrite la mort", "prends garde, mon garçon, on en meurt". Le bonheur de Miette et Silvère est lié à la clarté : "claire matinée", "soleil limpide", "trouée blanche".
Cette image de bonheur innocent est saisie comme éphémère (qui ne va pas durer) puisque apparemment, le couple heureux est promis à la mort.
Au centre de cet épisode, la porte joue un rôle important car elle va permettre au couple de se rapprocher physiquement.
II. La valeur symbolique de la porte
1. La porte est au centre du texte
- Importance du champ lexical :
"porte maudite", "porte complice", "trouée la muraille", "ferma la porte à double tour", "la porte ne la rendait plus complice", "la trouée blanche", "quelques planches noires d'humidité".
Dans ce texte, la porte est un véritable personnage, personnalisé. Elle est un objet, lorsqu'elle est fermée.
- La porte ouvre sur un espace qui aurait dû rester fermé :
Cette porte va mettre en communication 2 territoires : l'ancienne masure de Macquart et Le Jas-Meiffren (ancien territoire Fouque)
-
La porte ouvre aussi sur le temps : le passé de Tante Dide :
"une seconde fois, la porte était complice"
2. La porte a une valeur symbolique
- La porte représente un interdit :
Silvère a accompli, en ouvrant la porte, un acte qui était défendu, il en a conscience. Il n'a jamais osé demander la clef, alors il l'a prit sachant qu'Adélaïde refuserait "la main qui l'avait violé". Cette expression permet de dire que Silvère a accompli un interdit par le viol qui a deux sens : celui des actes sexuels et celui dans le sens de violer une tombe. Cette tombe représente aussi le silence d'Adélaïde : "elle s'était fait une religion du silence".
- De quel interdit s'agit-il ? :
Elle est le symbole pour Adélaïde de ses relations avec Macquart, et pour Miette et Silvère, elle représente la même chose : relation amoureuse. Pour Adélaïde, ouvrir la porte est comme avoir fait l'acte sexuel : "elle voulait dire que Miette avait le temps de souffrir et de pleurer". Silvère n'a pas la même classe sociale : la masure appartient à la pauvreté et Jas-Meiffren, à la bourgeoisie.
- Cet interdit transgressé fait naître la culpabilité des personnages :
Miette et Silvère se sentent coupables: "ils sont confus", "tête baissée", "heureuse d'en être quitte à si bon marché". Ils s'apprêtent à être jugés alors qu'ils n'ont rien fait de mal. Ils ont passés un seuil. Le 2ème seuil : c'est lorsqu'ils se baignent dans la Viorne. Le 3ème seuil : le baiser sur le bout de la route. Seuil qui, comme le pressent Adélaïde, peut les amener à la mort.
- Culpabilité chez Adélaïde
On le voit car c'est elle qui considère que "la porte était complice", "si elle ne s'était sentie complice", "la porte ne la rendrait plus complice". Il y a aussi une culpabilité chez Adélaïde : "elle seule était coupable". La faute d'Adélaïde est d'avoir eu des relations interdites avec Macquart. Toujours des interdits sexuels et sociaux (enfant hors mariage). Il y a un pêcher originel chez Adélaïde qui est retransmis chez Miette et Silvère, 2 générations plus tard ; ils ont commis la même faute et celle-ci risque de les conduire à la mort (p364: délire d' Adélaïde)
III. Adélaïde et le temps
Adélaïde n'est que souffrance. Elle a souffert dans sa jeunesse et elle souffre aujourd'hui car elle se souvient du passé.
1. Souffrance et mémoire
Adélaïde est un personnage qui souffre :
"une douleur plus vive", "ses larmes futures", "les larmes", "souffrance de sa vie", "elle pleura", "de souffrir et de pleurer", "toutes les douleurs endormies au fond de son être". Elle a souffert de la mort de son père, lorsque Macquart la battait, à la mort de Macquart, P la torture, la terrorise, à la mort de S. Tous les gens qu'elle aime disparaissent.
2. Adélaïde identifie passé et présent
- Identification des personnages :
Elle identifie Silvère à Macquart et elle-même à Macquart : "jusqu'au bout, elle devait se retrouver, elle et Macquart, aux bras l'un de l'autre". Conséquence : le temps se répète : "c'était l'éternel recommencement".
L'histoire se répète: Silvère prend le fusil de Macquart, devient un hors la loi et se fera tuer par un gendarme.
- Si le temps se répète, elle peut prédire l'avenir :
"un pressentiment rapide qui lui montra les deux enfants saignants", "prends garde, mon garçon, on en meurt", "à se griser d'un bonheur qui irrite la mort", "elle a le temps".
Tante Dide est folle, mais sa folie lui permet de voir la vérité, la vision irrationnelle va se révéler juste. Elle a une vision hallucinatoire.