2. Une mort injuste et inacceptable
Le caractère scandaleux de cette mort s'exprime à travers des jeux d'opposition :
- Opposition entre "mort" et "vie", "paix" et "souvenir" (par la négation du mot oubli) [Première strophe]
> les trois notions "vie" (vers 2), "paix" (vers 4) et "souvenir" (vers 6), unies par la symétrie des structures, s'opposent à la mort.
> > leur place à la rime souligne l'injustice de la mort d'un homme fait pour la vie
- Gabriel Péri est présenté comme un homme sans défense, pacifiste, faible, vulnérable "les bras ouverts à la vie".
- La vie l'emporte : jeu des temps et du lexique (vers 5 et 6), évolution du passé au présent > la fin de strophe, par sa signification nous projette
dans le futur, action des résistants aussi.
> > exécution de Péri va au-delà de l'événement particulier, elle nous démontre l'utilité du sacrifice.
II. Le sens du sacrifice
Apparaît à la fin de la première strophe, se précise dans les 2 strophes suivantes.
"car" (vers 7) mis en relief par le blanc fait apparaître la causalité qui explique l'utilité de cette mort.
1. Une mort qui dément (=lutte) contre la mort
Termes "continue", "lutte", et le redoublement de "contre" traduisent une opposition entre "un homme est mort" et "mort". Cela marque le sens
de cette mort : faire ressortir les valeurs que partagent Péri et les résistants.
2. Des exigences de bonheur et de justice
- exigences : mises en valeur par la globalité "tout" (vers 7), par la construction. Indéfini repris au vers 8 et 9 est explicité par vers 10, 11, 12.
Tout représente le bonheur et la justice.
- bonheur : associé à la lumière : image exprime par le complément l'idée d'un rayonnement universel > concerne le monde entier. L'auteur a choisi un élément représentatif pour évoquer l'universalité de l'homme. vers 11 :
subjonctif de souhait, synecdoque (yeux, cour), procédé d'insistance "au
fond de" > > ancrer le bonheur en tout être, en tout homme concerné.
- justice : attribut du sujet "bonheur" (vers 12), justice coordonnée à la lumière "et" > > Bonheur = lumière + justice. Attribut, définit une sorte
de condition de ce bonheur, insiste sur univers "sur la terre" > élargissement de la notion : Péri > valeurs défendues > tous les hommes (confirmé par pronom).
3. Le passage de "il" à "nous" (comme confirmation de l'extension de ces valeurs à tous les êtres)
- Passage passé-présent au début du texte.
- passage de "il " à "nous" dans le texte, à travers la répétition du verbe "vouloir" (vers 7, 8, 9) > Jeu des pronoms souligne la volonté de ce bonheur.
- On passe du mort aux survivants > transmission des valeurs aux survivants.
- Double impératif à la fin du poème : "tutoyons-le", "tutoyons-nous" > mort qui rassemble.
> > poète souligne caractère symbolique de cette mort. Il joue un rôle important : il invite ses compagnons à poursuivre la lutte à travers la mort de Péri. La mort est montrée comme un sacrifice pour que les autres résistants continuent la lutte.
III. Le rôle du poète et le pouvoir des mots
Derrière le texte, nous avons un homme qui rend hommage à Péri. Que veut-il faire avec ce texte ?
Répétition de "mot" > mémoire
"fait vivre" vers 24 : quoi ?
> > rattachement au travail du poète
1. Importance symbolique du mot Péri
- Gabriel Péri est désigné comme un homme ordinaire "un homme". Dévoilement du nom péri après l'anaphore de la strophe 1 > fait de lui symbole martyrs résistants.
- Nom mis en valeur par vers bref, sa reprise au début du suivant > sorte de construction en chiasme.
- Arrivée après impératif le rapproche de l'énumération qui précède.
- Assimilation : Péri = mot qui fait vivre > nom se charge de valeur.
2. Des mots qui font vivre
- Passage vers 13 à 23 > récurrence de mots identiques, et/ou de structures
voisines : "des mots", "le mot" ; répétition de "certains mots" > >
insistance sur importance du langage, sens de ces termes représentent des
idées générales, des symboles.
- Termes ont tous une connotation positive.
- Idée de fraternité : ouvre l'énumération, la parcourt, la referme.
champ lexical de la fraternité :
~ termes abstraits "chaleur", "amour", "gentillesse"...
~ termes concrets : "frères", "camarades", "amis"...
Notion de fraternité enserre l'alexandrin central vers 18
- Notion de vie, de fertilité, bonheur vers 18
- Notion de justice vers 16 > sens renforcé par la répétition
- D'autres termes renvoient à la notion de liberté, courage -> luttes de l'époque
> > poète insiste sur la notion mot - nom > quel est son rôle ?
- "son espoir est vivant" qui termine poème montre que ce représente Gabriel Péri n'est pas mort.
3. Le rôle du poète
Son rôle a trois aspects :
~ exalter les valeurs de la vie :
Premier et derniers mots du poème : "vie", vers 13, 24. La mort en ouverture est surmontée à la fin du texte -> affirme l'importance de la vie > élargissement vers le futur vers 27 > > insistance de l'énumération vers 13 à 23 met en relief les valeurs de la vie et de la paix.
~ perpétuer le souvenir :
Poète, par écriture est un relais, assure la continuité du souvenir. >
existence humaine. Il est l'intermédiaire, garde la mémoire de l'histoire
(confirmé par l'élaboration du texte, le titre du poème)
Répétition de "contre" met en valeur la lutte du poète. Associe son
combat à celui de Péri, par les mots. Le passage de "il" à "nous", du passé au présent invite les compagnons à se joindre au combat.
~ éveiller les consciences :
Poète éveille les consciences, engage ses compagnons par "nous". Implique ses amis dans la lutte, invite les autres à servir de relais.
Force impératif (vers 23, 25, 27) : incitatif, rapprochement des hommes, des fraternités.
Engage aussi le lecteur du poème : appel à la résistance.