Plan de la fiche sur
le chapitre 3 de la première partie de Germinal de Zola :
Introduction
Zola fait partie de l’école naturaliste. Il est séduit par la thèse selon laquelle les comportements humains dépendent de l’hérédité et de l’influence du milieu. Il décide de prouver cette hypothèse en écrivant des romans naturalistes. Les plus importants sont ceux que contient le cycle des Rougon Macquart. L’histoire d’une famille qui est poursuivie de tares telles que l’alcoolisme ou l’adultère.
Germinal (1885) raconte les périples d’un des derniers enfants de cette famille, Etienne Lantier, grâce à qui on découvre l’univers cruel des mineurs.
Ici, il s'agit d'une description d’une mine vue par Zola puis
par Lantier, la tonalité est donc double, à la fois réaliste
et épique. Comment Zola va-t-il présenter la mine sous une double
perception ?
Lecture du texte
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Lu par Pomme - source : litteratureaudio.com
Il ne comprenait bien qu'une chose : le puits avalait des hommes par bouchées
de vingt et de trente, et d'un coup de gosier si facile, qu'il semblait ne pas
les sentir passer. Dès quatre heures, la descente des ouvriers commençait.
Ils arrivaient de la baraque, pieds nus, la lampe à la main, attendant
par petits groupes d'être en nombre suffisant. Sans un bruit, d'un jaillissement
doux de bête nocturne, la cage de fer montait du noir, se calait sur les
verrous, avec ses quatre étages contenant chacun deux berlines pleines
de charbon. Des moulineurs, aux différents paliers, sortaient les berlines,
les remplaçaient par d'autres, vides ou chargées à l'avance
des bois de taille. Et c'était dans les berlines vides que s'empilaient
les ouvriers, cinq par cinq, jusqu'à quarante d'un coup, lorsqu'ils tenaient
toutes les cases. Un ordre partait du porte-voix, un beuglement sourd et indistinct,
pendant qu'on tirait quatre fois la corde du signal d'en bas, "sonnant à la
viande", pour prévenir de ce chargement de chair humaine. Puis,
après un léger sursaut, la cage plongeait silencieuse, tombait
comme une pierre, ne laissait derrière elle que la fuite vibrante du
câble.
- C'est profond ? demanda Etienne à un mineur, qui attendait près
de lui, l'air somnolent.
- Cinq cent cinquante-quatre mètres, répondit l'homme. Mais
il y a quatre accrochages au-dessus, le premier à trois cent vingt.
Tous deux se turent, les yeux sur le câble qui remontait. Etienne
reprit :
- Et quand ça casse ?
- Ah! quand ça casse...
Le mineur acheva d'un geste. Son tour était arrivé, la cage
avait reparu, de son mouvement aisé et sans fatigue. Il s'y accroupit
avec des camarades, elle replongea, puis jaillit de nouveau au bout de
quatre minutes à peine, pour engloutir une autre charge d'hommes.
Pendant une demi-heure, le puits en dévora de la sorte, d'une gueule
plus ou moins gloutonne, selon la profondeur de l'accrochage où ils
descendaient, mais sans un arrêt, toujours affamé, de boyaux
géants capables de digérer un peuple. Cela s'emplissait,
s'emplissait encore, et les ténèbres restaient mortes, la
cage montait du vide dans le même silence vorace.
Extrait du chapitre 3 de la première partie de Germinal - Emile Zola
Annonce des axes
I. Une description réaliste vue par Zola, mais aussi polémique
II. Description épique qui traduit en même temps les sentiments de Lantier
Commentaire littéraire
I. Une description réaliste vue par Zola, mais aussi polémique
Utilisation de termes techniques pour renseigner le lecteur, par exemple : « les
berlines », « la cage », « moulineurs ».
-> cadre réaliste, Zola explique le fonctionnement de la mine, ouvriers
qui descendent, transport du charbon…
Cependant il critique les conditions de travail des ouvriers.
Misère: « quatre heures du matin », « pieds nus », « baraque ».
Les mineurs sont comme des prisonniers : « la cage », « les
verrous ».
Ils sont animalisés : « viandes », « beuglement », « chair
humaine ».
Termes modélisateurs, Zola donne son avis très critique sur les
conditions de vie des mineurs.
Cette description se veut objective, mais elle est subjective.
II. Description épique qui traduit en même temps les sentiments de Lantier
- Point de vue interne
* Ton épique inversé :
- le monstre
- champ lexical de la voracité « engloutir », « dévorer », « boyau », « vorace ».
- combat inégal entre les mineurs et la mine
- Empreint de fatalisme :
- la mort qui plane
- « et quand ça casse ? » « Ah ! Quand ça casse »
- Le deuxième point de vue, celui de Lantier permet de traduire son
angoisse. Il perçoit tous les dangers qui l’attendent.
Conclusion
Zola, dans
Germinal, veut expliquer le fonctionnement et
l'organisation d'une mine ouvrière. Il en explique surtout les horreurs
en critiquant les conditions de travail des mineurs. Il utilise pour cela une
double perception. Tout d'abord la sienne en focalisation omnisciente, dans un
description réaliste puis polémique, puis celle de Lantier en point
de vue interne, son angoisse dans une description épique inversée
et tragique. Cela accentue sa critique. Zola fait l'étude d'un milieu
particulier dans lequel la liberté est limitée par l'hérédité et
la société. Ce texte appartient au mouvement naturaliste du XIXème
siècle qui montre la volonté d'ascension sociale de l'homme du peuple.