Germinal

Emile Zola

Première partie chapitre 3 : description de la mine

De « Il ne comprenait qu'une chose...» à «...le même silence vorace. »





Plan de la fiche sur le chapitre 3 de la première partie de Germinal de Zola :
Introduction
Lecture du texte
Annonce des axes
Commentaire littéraire
Conclusion


Introduction

    Zola fait partie de l’école naturaliste. Il est séduit par la thèse selon laquelle les comportements humains dépendent de l’hérédité et de l’influence du milieu. Il décide de prouver cette hypothèse en écrivant des romans naturalistes. Les plus importants sont ceux que contient le cycle des Rougon Macquart. L’histoire d’une famille qui est poursuivie de tares telles que l’alcoolisme ou l’adultère.

    Germinal (1885) raconte les périples d’un des derniers enfants de cette famille, Etienne Lantier, grâce à qui on découvre l’univers cruel des mineurs.
    Ici, il s'agit d'une description d’une mine vue par Zola puis par Lantier, la tonalité est donc double, à la fois réaliste et épique. Comment Zola va-t-il présenter la mine sous une double perception ?

Germinal - Zola



Lecture du texte


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Lu par Pomme - source : litteratureaudio.com


Il ne comprenait bien qu'une chose : le puits avalait des hommes par bouchées de vingt et de trente, et d'un coup de gosier si facile, qu'il semblait ne pas les sentir passer. Dès quatre heures, la descente des ouvriers commençait. Ils arrivaient de la baraque, pieds nus, la lampe à la main, attendant par petits groupes d'être en nombre suffisant. Sans un bruit, d'un jaillissement doux de bête nocturne, la cage de fer montait du noir, se calait sur les verrous, avec ses quatre étages contenant chacun deux berlines pleines de charbon. Des moulineurs, aux différents paliers, sortaient les berlines, les remplaçaient par d'autres, vides ou chargées à l'avance des bois de taille. Et c'était dans les berlines vides que s'empilaient les ouvriers, cinq par cinq, jusqu'à quarante d'un coup, lorsqu'ils tenaient toutes les cases. Un ordre partait du porte-voix, un beuglement sourd et indistinct, pendant qu'on tirait quatre fois la corde du signal d'en bas, "sonnant à la viande", pour prévenir de ce chargement de chair humaine. Puis, après un léger sursaut, la cage plongeait silencieuse, tombait comme une pierre, ne laissait derrière elle que la fuite vibrante du câble.

- C'est profond ? demanda Etienne à un mineur, qui attendait près de lui, l'air somnolent.

- Cinq cent cinquante-quatre mètres, répondit l'homme. Mais il y a quatre accrochages au-dessus, le premier à trois cent vingt.

Tous deux se turent, les yeux sur le câble qui remontait. Etienne reprit :

- Et quand ça casse ?

- Ah! quand ça casse...

Le mineur acheva d'un geste. Son tour était arrivé, la cage avait reparu, de son mouvement aisé et sans fatigue. Il s'y accroupit avec des camarades, elle replongea, puis jaillit de nouveau au bout de quatre minutes à peine, pour engloutir une autre charge d'hommes. Pendant une demi-heure, le puits en dévora de la sorte, d'une gueule plus ou moins gloutonne, selon la profondeur de l'accrochage où ils descendaient, mais sans un arrêt, toujours affamé, de boyaux géants capables de digérer un peuple. Cela s'emplissait, s'emplissait encore, et les ténèbres restaient mortes, la cage montait du vide dans le même silence vorace.

Extrait du chapitre 3 de la première partie de Germinal - Emile Zola





Annonce des axes

I. Une description réaliste vue par Zola, mais aussi polémique
II. Description épique qui traduit en même temps les sentiments de Lantier



Commentaire littéraire

I. Une description réaliste vue par Zola, mais aussi polémique

Utilisation de termes techniques pour renseigner le lecteur, par exemple : « les berlines », « la cage », « moulineurs ».
        -> cadre réaliste, Zola explique le fonctionnement de la mine, ouvriers qui descendent, transport du charbon…
Cependant il critique les conditions de travail des ouvriers.
Misère: « quatre heures du matin », « pieds nus », « baraque ».
Les mineurs sont comme des prisonniers : « la cage », « les verrous ».
Ils sont animalisés : « viandes », « beuglement », « chair humaine ».
Termes modélisateurs, Zola donne son avis très critique sur les conditions de vie des mineurs.

Cette description se veut objective, mais elle est subjective.


II. Description épique qui traduit en même temps les sentiments de Lantier

- Point de vue interne
* Ton épique inversé :
          - le monstre
          - champ lexical de la voracité « engloutir », « dévorer », « boyau », « vorace ».
          - combat inégal entre les mineurs et la mine
- Empreint de fatalisme :
          - la mort qui plane
          - « et quand ça casse ? » « Ah ! Quand ça casse »
- Le deuxième point de vue, celui de Lantier permet de traduire son angoisse. Il perçoit tous les dangers qui l’attendent.





Conclusion

    Zola, dans Germinal, veut expliquer le fonctionnement et l'organisation d'une mine ouvrière. Il en explique surtout les horreurs en critiquant les conditions de travail des mineurs. Il utilise pour cela une double perception. Tout d'abord la sienne en focalisation omnisciente, dans un description réaliste puis polémique, puis celle de Lantier en point de vue interne, son angoisse dans une description épique inversée et tragique. Cela accentue sa critique. Zola fait l'étude d'un milieu particulier dans lequel la liberté est limitée par l'hérédité et la société. Ce texte appartient au mouvement naturaliste du XIXème siècle qui montre la volonté d'ascension sociale de l'homme du peuple.

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Merci à Emira pour cette analyse sur le chapitre 3 de la première partie de Germinal de Zola