Plan de la fiche sur
le chapitre 7 de la quatrième partie de Germinal de Zola :
Introduction
Les deuxième et troisième parties de
Germinal, roman de
Emile Zola publié en 1885, ont mis en scène l'intégration progressive d'Etienne dans le monde de le mine : il acquiert des savoirs-faire et s'installe chez les Maheu.
La quatrième partie est le centre du roman car la grève se déclenche et la disette se généralise. Dans ce chapitre 7, les mineurs prennent la décision de se rassembler dans la forêt de Vandame.
Lecture du texte
Il fut terrible, jamais il n'avait parlé si violemment. D'un bras, il maintenait le vieux Bonnemort, il l'étalait comme un drapeau de misère et de deuil, criant vengeance. En phrases rapides, il remontait au premier Maheu, il montrait toute cette famille usée à la mine, mangée par la Compagnie, plus affamée après cent ans de travail ; et, devant elle, il mettait ensuite les ventres de la Régie, qui suaient l'argent, toute la bande des actionnaires entretenus comme des filles depuis un siècle, à ne rien faire, à jouir de leur corps. N'était-ce pas effroyable ? un peuple d'hommes crevant au fond de père en fils, pour qu'on paie des pots-de-vin à des ministres, pour que des générations de grands seigneurs et de bourgeois donnent des fêtes ou s'engraissent au coin de leur feu ! Il avait étudié les maladies des mineurs, il les faisait défiler toutes, avec des détails effrayants :
l'anémie, les scrofules, la bronchite noire, l'asthme qui étouffe, les rhumatismes qui paralysent. Ces misérables, on les jetait en pâture aux machines, on les parquait ainsi que du bétail dans les corons, les grandes Compagnies les absorbaient peu à peu, réglementant l'esclavage, menaçant d'enrégimenter tous les travailleurs d'une nation, des millions de bras, pour la fortune d'un millier de paresseux. Mais le mineur n'était plus l'ignorant, la brute écrasée dans les entrailles du sol. Une armée poussait des profondeurs des fosses, une moisson de citoyens dont la semence germait et ferait éclater la terre, un jour de grand soleil. Et l'on saurait alors si, après quarante années de service, on oserait offrir cent cinquante francs de pension à un vieillard de soixante ans, crachant de la houille, les jambes enflées par l'eau des tailles. Oui ! le travail demanderait des comptes au capital, à ce dieu impersonnel, inconnu de l'ouvrier, accroupi quelque part, dans le mystère de son tabernacle, d'où il suçait la vie des meurt-de-faim qui le nourrissaient !
On irait là-bas, on finirait bien par lui voir sa face aux clartés des incendies, on le noierait sous le sang, ce pourceau immonde, cette idole monstrueuse, gorgée de chair humaine !
Germinal - Emile Zola - Extrait de la quatrième partie, chapitre 7
Rappel de cours dur le discours rapporté
- Style direct (discours direct ) :
· Reconnaissable aux guillemets, introduit par un verbe de parole et un tiret.
- Style indirect (discours indirect) :
· Le narrateur transpose les verbes ou les pensées
· Subordination à un verbe de parole introducteur
· On transpose les indicateurs de temps et de lieux
· Présence d'une interprétation des paroles ou pensées des personnages
- Discours indirect libre :
Lorsque les paroles ou les pensées d'un personnage sont rapportées sans verbe introducteur. Il peut y avoir fusion des 2 voix avec une tonalité ironique.
Dans le roman du XIX (Mme Bovary), il n'y a pas de subordination. Il y a ambiguïté car
la voix du personnage et du narrateur sont mêlées. On utilise l'imparfait.
- Discours narrativisé ou raconté :
· Traiter le récit de paroles ou de pensées comme le récit d'un événement. On
condense les paroles ou les pensées en les notant comme des faits
Annonce des axes
I. La virulence du ton
II. La force des arguments et des images
Commentaire littéraire
I. La virulence du ton
1. Les 2 types de discours rapporté
- Discours narrativisé :
· "Si violemment", "criant "
· Ton défini par le narrateur
· Violence clairement expliquée
- Discours indirect libre :
· Mieux retranscrits
· Rend le discours plus actuel
· Meilleur impact sur le lecteur
· Plus de détails
2. Le rythme des phrases : rythme ternaire
- Enumérations (maladies)
- Juxtapositions
- Pléonasmes (figure de répétition) : même sens
- Anaphore (figure de répétition) : Répétition du même mot
- Ponctuation, modalité exclamative
- Interrogation rhétorique : "N'était ce pas… !"
3. Le vocabulaire
- Reflétant l'appartenance d'Etienne à la classe ouvrière ("on")
- On a la métaphore du Minotaure pour montrer la soumission des mineurs. Il y a germination de l'armée des mineurs.
- Le narrateur prend les idées d'Etienne à charge, il prend en charge l'idée
du Minotaure (l'exploitation des mineurs). Il y a un mélange des 2 voix, celle
du narrateur et celle d'Etienne. Cela amplifie la force des arguments d'Etienne.
II. La force des arguments et des images
Premier argument : La misère des mineurs exploités par les bourgeois
Second argument : La future révolte des mineurs qui menacent ("Mais" : valeur
adversative à qui va proposer un renversement des idées, un changement par rapport au 1er).
- Images :
· du Minotaure : "dieu impersonnel", "idole monstrueuse", "Ventres de la régie" (idée de dévoration)
· "s'engraisser", "absorber", "sucer la vie" avec l'idée de vampire, "pourceau immonde", "gorgée de chair humaine". Il y a une graduation dans le niveau de dévoration.
- Métaphore de la germination : "germer", "moisson", "poussait"
- Dimension de leader d'Etienne : il exhorte les mineurs à la révolution. Il veut mettre la société à feu et à sang. Il incite à la révolution. Il prend ici sa dimension politique. Cette ambition politique est exprimée par l'utilisation du conditionnel.
Conclusion
La violence du ton est amplifiée par la violence des images.
Il y a une amplification tout le long de cet extrait de Germinal jusqu'à l'image de la révolution
qui confère à Etienne la place de leader politique. Le texte annonce la
violence de la destruction et de la continuation de la grève et la révolte à venir.
Zola fait un résumé de la situation des mineurs et que la
révolution (des ouvriers n'est pas inévitable) est une menace permanente sur
la bourgeoisie. Zola ne s'engage pas, il montre simplement. Zola a envie d'informer,
de prévenir les bourgeois que si les choses ne changent pas, il va y avoir une
révolution et un bouleversement de la société.