Germinal

Emile Zola

Quatrième partie chapitre 7 : Discours prophétique d'Etienne

De "Dès lors, Etienne chevauchait..." à "...jouir enfin !"





Plan de la fiche sur le chapitre 7 de la quatrième partie de Germinal de Zola :
Introduction
Lecture du texte
Annonce des axes
Commentaire littéraire
Conclusion


Introduction

    Les deuxième et troisième parties de Germinal, roman de Emile Zola publié en 1885, ont mis en scène l'intégration progressive d'Etienne dans le monde de le mine : il acquiert des savoirs-faire et s'installe chez les Maheu.

    La quatrième partie est le centre du roman car la grève se déclenche et la disette se généralise. Dans ce chapitre 7, les mineurs prennent la décision de se rassembler dans la forêt de Vandame. A cette occasion Etienne, dans le rôle du meneur, prononce un discours devant 3000 charbonniers. Après avoir procédé à un rapide historique de la grève, Etienne demande aux mineurs s'ils souhaitent poursuivre la grève et comment.

    Nous allons d'abord voir que le texte propose un portrait de meneur mais que celui-ci présente des propositions utopiques et insuffisantes. Enfin nous verrons une autre image d'Etienne, un chrétien avec une foi nouvelle.

Germinal - Zola



Lecture du texte

   Dès lors, Etienne chevauchait sa question favorite, l'attribution des instruments de travail à la collectivité, ainsi qu'il le répétait en une phrase, dont la barbarie le grattait délicieusement. Chez lui, à cette heure, l'évolution était complète. Parti de la fraternité attendrie des catéchumènes, du besoin de réformer le salariat, il aboutissait à l'idée politique de le supprimer. Depuis la réunion du Bon-Joyeux, son collectivisme, encore humanitaire et sans formule, s'était raidi en un programme compliqué, dont il discutait scientifiquement chaque article. D'abord, il posait que la liberté ne pouvait être obtenue que par la destruction de l'Etat. Puis, quand le peuple se serait emparé du gouvernement, les réformes commenceraient : retour à la commune primitive, substitution d'une famille égalitaire et libre à la famille morale et oppressive, égalité absolue, civile, politique et économique, garantie de l'indépendance individuelle grâce à la possession et au produit intégral des outils du travail, enfin instruction professionnelle et gratuite, payée par la collectivité. Cela entraînait une refonte totale de la vieille société pourrie ; il attaquait le mariage, le droit de tester, il réglementait la fortune de chacun, il jetait bas le monument inique des siècles morts, d'un grand geste de son bras, toujours le même, le geste du faucheur qui rase la moisson mûre ; et il reconstruisait ensuite de l'autre main, il bâtissait la future humanité, l'édifice de vérité et de justice, grandissant dans l'aurore du vingtième siècle. A cette tension cérébrale, la raison chancelait, il ne restait que l'idée fixe du sectaire. Les scrupules de sa sensibilité et de son bon sens étaient emportés, rien ne devenait plus facile que la réalisation de ce monde nouveau : il avait tout prévu, il en parlait comme d'une machine qu'il monterait en deux heures, et ni le feu, et ni le sang ne lui coûtaient.
  - Notre tour est venu, lança-t-il dans un dernier éclat. C'est à nous d'avoir le pouvoir et la richesse !
   Une acclamation roula jusqu'à lui, du fond de la forêt. La lune, maintenant, blanchissait toute la clairière, découpait en arêtes vives la houle des têtes, jusqu'aux lointains confus des taillis, entre les grands troncs grisâtres. Et c'était sous l'air glacial, une furie de visages, des yeux luisants, des bouches ouvertes, tout un rut de peuple, les hommes, les femmes, les enfants, affamés et lâchés au juste pillage de l'antique bien dont on les dépossédait. Ils ne sentaient plus le froid, ces ardentes paroles les avaient chauffés aux entrailles. Une exaltation religieuse les soulevait de terre, la fièvre d'espoir des premiers chrétiens de l'Eglise, attendant le règne prochain de la justice. Bien des phrases obscures leur avaient échappé, ils n'entendaient guère ces raisonnements techniques et abstraits ; mais l'obscurité même, l'abstraction élargissait encore le champ des promesses, les enlevait dans un éblouissement. Quel rêve ! être les maîtres, cesser de souffrir, jouir enfin !

   Germinal - Emile Zola - Quatrième partie - chapitre 7




Annonce des axes

I. Le portrait d'un meneur
II. Des propositions utopiques et insuffisantes ; Zola caché derrière Etienne
III. Etienne, l'image symbolique du premier chrétien



Commentaire littéraire

I. Le portrait d'un meneur

Transition : Le meneur réussit à persuader la foule ("acclamations"), mais cette utopie a quand même des limites.


II. Des propositions utopiques et insuffisantes ; Zola caché derrière Etienne


III. Etienne, l'image symbolique du premier chrétien





Conclusion

      Cet extrait de Germinal est très riche. Par sa force de description, Zola propose un texte fortement lyrique et Etienne apparaît comme le prophète d'une nouvelle société. Mais, en même temps, l'écrivain dénonce les dangers des conceptions politiques mal maîtrisées. Si l'écrivain a de la sympathie pour son héros, il ne peut s'empêcher de dénoncer son utopie sociale. Le roman, par la suite, prouvera ce danger.

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Merci à Guillaume pour cette analyse sur le chapitre 7 de la quatrième partie de Germinal de Zola