Plan de la fiche sur
l'incipit de Le Grand Meaulnes de Alain-Fournier :
Introduction
Auteur : De son vrai nom Henri Alban Fournier né en 1886 à la Chapelle d’Anguillon et mort en 1914 à la guerre (porté disparu le 22 septembre).
Œuvre : Le Grand Meaulnes est la seule œuvre d’Alain-Fournier. Elle fut publiée en 1913 peu avant la première guerre mondiale, période rythmée par le progrès technique. L'histoire de Le Grand Meaulnes est fortement similaire à la vie d’Alain Fournier.
Publié dans la nouvelle revue française.
Alain-Fournier - 1913
Texte étudié
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Lu par Pomme - source : litteratureaudio.com
Au-dessus de nous, en effet, dans un réduit où s'entassaient les pièces d'artifice noircies du dernier Quatorze Juillet, un pas inconnu, assuré, allait et venait, ébranlant le plafond, traversait les immenses greniers ténébreux du premier étage, et se perdait enfin vers les chambres d'adjoints abandonnées où l'on mettait sécher le tilleul et mûrir les pommes.
"Déjà, tout à l'heure, j'avais entendu ce bruit dans les chambres du bas, dit Millie à mi-voix, et je croyais que c'était toi, François, qui étais rentré...".
Personne ne répondit. Nous étions debout tous les trois, le cœur battant, lorsque la porte des greniers qui donnait sur l'escalier de la cuisine s'ouvrit ; quelqu'un descendit les marches, traversa la cuisine, et se présenta dans l'entrée obscure de la salle à manger.
"C'est toi, Augustin ?" dit la dame.
C'était un grand garçon de dix-sept ans environ. Je ne vis d'abord de lui, dans la nuit tombante, que son chapeau de feutre paysan coiffé en arrière et sa blouse noire sanglée d'une ceinture comme en portent les écoliers. Je pus distinguer aussi qu'il souriait...
Il m'aperçut, et, avant que personne eût pu lui demander aucune explication :
"Viens-tu dans la cour ?" dit-il.
J'hésitai une seconde. Puis, comme Millie ne me retenait pas, je pris ma casquette et j'allai vers lui. Nous sortîmes par la porte de la cuisine et nous allâmes au préau, que l'obscurité envahissait déjà. A la lueur de la fin du jour, je regardais, en marchant, sa face anguleuse au nez droit, à la lèvre duvetée.
"Tiens, dit-il, j'ai trouvé ça dans ton grenier. Tu n'y avais donc jamais regardé ?"
Il tenait à la main une petite roue en bois noirci ; un cordon de fusées déchiquetées courait tout autour ; ç'avait dû être le soleil ou la lune au feu d'artifice du Quatorze Juillet.
"Il y en a deux qui ne sont pas parties : nous allons toujours les allumer", dit-il d'un ton tranquille et de l'air de quelqu'un qui espère bien trouver mieux par la suite.
Il jeta son chapeau par terre et je vis qu'il avait les cheveux complètement ras comme un paysan. Il me montra les deux fusées avec leurs bouts de mèche en papier que la flamme avait coupés, noircis, puis abandonnés. Il planta dans le sable le moyeu de la roue, tira de sa poche - à mon grand étonnement, car cela nous était formellement interdit - une boîte d'allumettes. Se baissant avec précaution, il mit le feu à la mèche. Puis, me prenant par la main, il m'entraîna vivement en arrière.
Un instant après, ma mère qui sortait sur le pas de la porte, avec la mère de Meaulnes, après avoir débattu et fixé le prix de pension, vit jaillir sous le préau, avec un bruit de soufflet, deux gerbes d'étoiles rouges et blanches ; et elle put m'apercevoir, l'espace d'une seconde, dressé dans la lueur magique, tenant par la main le grand gars nouveau venu et ne bronchant pas...
Alain-Fournier - Le Grand Meaulnes - Incipit
Structure du texte
De "Au-dessus de nous…" à "…dit la dame." : Inquiétude
De "C'était un grand garçon…" à "…du Quatorze juillet." : Portrait de Meaulnes
De "Il y en a deux…" à "…et ne bronchant pas…" : Feu d'artifice
Annonce des axes
I. Un personnage mystérieux
1. Un personnage peu décrit physiquement
2. Il inspire la peur
3. Meaulnes fascine
II. Meaulnes à l’origine d’une rencontre bouleversante
1. Rapidité de la rencontre
2. Rencontre qui permet à François de s’affranchir des interdits
3. François devient adolescent
Commentaire littéraire
I. Un personnage mystérieux
1. Un personnage peu décrit physiquement
Notation descriptive éparse et imprécise + Verbe de perception assez imprécis => idée de voile, expression restrictive, difficulté à voir augustin -> Lieu obscur.
2. Il inspire la peur
Termes vagues (un pas inconnu, ce bruit, quelqu’un ...) + rythme binaire (pas) + rythme saccadé = inquiétude + expression « le cœur battant ».
3. Meaulnes fascine
Entrée théâtrale, pas assuré, auguste = celui qui est grand. Opposition imparfait / passé simple = Meaulnes commande.
II. Meaulnes à l’origine d’une rencontre bouleversante
1. Rapidité de la rencontre
Imparfait / Passé simple + « Vivement » + « Jaillir » = action rapide.
2. Rencontre qui permet à François de s’affranchir des interdits
François franchit une limite + moments oubliés (greniers + 14 juillet) + rupture des limites rationnelles.
3. François devient adolescent
Ecolier -> paysan + Mûrir les pommes = grandir + 2 fusées : « il y en a deux qui sont pas parties » = Meaulnes et François + opposition obscurité et lumière + symbole de croissance.
Conclusion
Annonce de tous les thèmes + amitié naissante + récit initiatique qui s’amorce. Le grenier est le lieu de partage de Meaulnes et François Seurel = lieu du récit de la fête mystérieuse = moment clé.