Plan de la fiche sur
La Lettre persane 14 (XIV) de Montesquieu :
Introduction
Le texte étudié est tiré de
Les Lettres Persanes de
Montesquieu,
en 1721. Nous étudierons la lettre 14 (XIV). Il s’agit de lettres que deux persans en voyage à Paris
envoient à leurs compatriotes à Ispahan. C’est l’occasion
pour Montesquieu de critiquer la société de son temps. De la lettre
11 à 14, Montesquieu présente l’apologue des troglodytes,
ce peuple méchant et féroce au départ, va, grâce à deux
individus exceptionnels, pratiquer la vertu et une sorte d’union civique.
Cette utopie va dégénérer quand les Troglodytes vont vouloir
se choisir un roi : ils choisissent un vieillard vénérable qui
refuse leur proposition et il explique pourquoi.
Quelles idées politiques et morales Montesquieu expose-t-il ici sous
la forme d’un
apologue ?
Texte de la lettre 14
Texte de la lettre persane 14 (XIV)
Annonce des axes
I. Les idées fondamentales de la démocratie
1. Une société fondée sur la justice, la liberté et la vertu
2. Un contrat social
3. Principes d'austérité et de rigueur
II. Rejet du gouvernement monarchique
1. Forme pourtant modérée de la monarchie
2. Perte de la liberté
3. Perte des valeurs morales, de la vertu
III. Figure du vieillard (quel modèle incarne-t-il ?)
1. Modèle du citoyen
2. Contre-modèle du despote (= tyran), du monarque absolu
Commentaire littéraire
I. Les idées fondamentales de la démocratie
Nous allons voir tout d’abord qu’à travers cet apologue, Montesquieu
expose ici les valeurs qui doivent être, selon lui, les fondements de la
démocratie.
1. Une société fondée sur la justice, la liberté et la vertu
Champs lexicaux : "juste", "vertu", "députés", "libres".
Les valeurs qui sont au fondement de la démocratie : justice, liberté,
vertu. Cette vertu, pour Montesquieu, vient de la nature (« par le seul
penchant de la nature »).
2. Un contrat social
La société idéale repose sur un contrat social. Chacun
accepte de se préoccuper du bonheur des autres, ayant pour intérêt
leur propre bonheur. Il s’agit d’un système d’égalité.
Ce contrat est aussi fondé sur un esprit communautaire.
3. Principes d'austérité et de rigueur
La vertu est fondée sur le rejet de la cupidité, de l’ambition
personnelle. En négatif, un bon régime est fondé sur la
simplicité. C’est un système où les gens doivent
vivre dans la frugalité, autrement dit dans la simplicité. La
société dont le système est frugal est une société qui
vit essentiellement de l’activité agricole. Les Troglodytes vivent
en autarcie, une sorte de vie en circuit fermé.
II. Rejet du gouvernement monarchique
1. Forme pourtant modérée de la monarchie
- Le roi est choisi par le peuple (« se choisir un roi »).
- Présence d'une « assemblée ».
- La monarchie est garantie par la valeur morale (« le plus juste »).
- Il s'agit d'une démocratie représentative (« députés »).
- C'est une démocratie atténuée, c'est presque un système de monarchie parlementaire.
2. Perte de la liberté
- Les citoyens vont devenir des sujets (dépendance) (« en
naissant les Troglodytes libres, et de les voir aujourd'hui assujettis »).
Les mots « libres » et « assujettis » s’opposent,
tout comme pour « en naissant » et « aujourd’hui ».
- Les citoyens seraient soumis (« joug » et « être
soumis à un prince »).
3. Perte des valeurs morales, de la vertu
La vertu devient une contrainte et n'est plus pratiquée spontanément :
- « votre vertu commence à vous peser »
- « Mais ce joug vous paraît trop dur »
- « vous n'aurez pas besoin de la vertu »
A la place de cette vertu règnent les passions, l’ambition, la
cupidité, la recherche des plaisirs… (« Vous
savez que pour lors vous pourrez contenter votre ambition, acquérir
des richesses, et languir dans une lâche volupté »).
III. Figure du vieillard (quel modèle incarne-t-il ?)
1. Modèle du citoyen
Qu’est-ce qu’un bon citoyen ?
a. altruisme (= qui se préoccupe d’autrui) (« A Dieu ne
plaise, ... que je fasse ce tort aux Troglodytes ») : le vieillard préfère
renoncer à la couronne plutôt que de tromper les Troglodytes.
b. Amour de son peuple par l’emploi du registre pathétique, à travers
le champ lexical de l’émotion :
« cœur serré de tristesse »,
« torrent de larmes » (hyperbole), « Malheureux jour » (exclamation),
« pourquoi ai-je tant vécu ? » (question oratoire),
« Il s'arrêta un moment » (aspect théâtral),
« Ô Troglodytes ! » (exclamation).
L’annonce de la mort renforce le pathétique (« Je suis à la
fin de mes jours, mon sang est glacé dans mes veines, je vais bientôt
revoir vos sacrés aïeux » -> gradation).
(question susceptible d’être posée, par exemple) Le vieillard
cherche-t-il à convaincre ou à persuader ? Comment s’y
prend-il ?
2. Contre-modèle du despote (= tyran), du monarque absolu
- Le despote n’est pas juste (« qu'il n'y a personne parmi eux de
plus juste que moi »).
- Pratique du laxisme moral : les lois ne sont pas aussi strictes que les valeurs
morales.
- Inutilité (« Et que prétendez-vous que je fasse ? Comment
se peut-il que je commande quelque chose à un Troglodyte ? Voulez-vous
qu'il fasse une action vertueuse parce que je la lui commande, lui qui la ferait
tout de même sans moi, et par le seul penchant de la nature ? »).
Conclusion
Nous avons vu les valeurs fondamentales qui sont à la
base de la démocratie, les raisons du rejet du gouvernement monarchique
et pour finir les modèles qu’incarne le vieillard.
Il est visible dans la pensée politique de Montesquieu, que l’on
retrouve dans De l’esprit des lois, son intérêt pour la monarchie
parlementaire. Montesquieu veut une séparation des pouvoirs. Idéal
roi philosophe, éclairé par la raison et la monarchie parlementaire,
la démocratie à l’état pur est une utopie dès
lors que la population augmente.