Plan de la synthèse de 
Les Liaisons dangereuses de Laclos :
La construction du roman
Les Liaisons dangereuses de Pierre Choderlos de Laclos   est un roman épistolaire en 4 parties publié en 1782. Le roman est sous-titré "Lettres recueillies dans une société et publiées pour l’instruction de quelques autres".
Chaque partie a un rôle particulier :
  - La première : elle a une fonction d'exposition. Elle met en place les  intrigues. Les deux entreprises le vicomte de Valmont / la présidente de Tourvel  et la marquise de Merteuil / Cécile de Volanges sont en parallèle. Elle se clôt  au moment où Merteuil va envoyer Cécile et sa mère au château de Rosemonde -> les 2 intrigues se rapprochent.
  - La deuxième : elle est concentrée autour de Merteuil (cf. lettre 81), c'est  elle qui manipule, elle va réussir à convaincre Valmont de s'occuper avec elle  de Cécile. Elle va manipuler la mère de Cécile, et va triompher de Prévan.
  - La troisième : elle se concentre cette fois-ci sur Valmont : c'est lui qui  triomphe (il pervertit Cécile et la met enceinte, et réussit à conquérir la  présidente de Tourvel)
  - La quatrième : c'est le dénouement : Merteuil va intervenir dans la relation Valmont  / présidente de Tourvel et cela va aboutir à la chute des deux personnages :
  Valmont :
  * il est tombé amoureux de la présidente de Tourvel, donc il n'est plus  libertin
  * il perd Merteuil car elle refuse de revenir avec lui et elle prend le  Chevalier Danceny comme amant
  * il perd la présidente de Tourvel, et Merteuil lui interdit de réessayer de la  reconquérir
  * il perd la vie (l'apothéose)
  Merteuil :
  * Elle perd son procès, sa notoriété et sa santé.
  Dans la première lettre,  Cécile sort du couvent, alors que dans la dernière elle y entre.
  Relations Valmont / Merteuil : au début ils sont complices et au sommet de la  gloire  à la fin ils se haïssent et sont  déchus.
 
  
 
  
  
Le système des personnages
  Les personnages sont des  stéréotypes : ils sont typiques du roman libertin. Il y a :
  - Valmont et Merteuil (les maîtres)
  - Prévan, Gercourt, Émilie, la vicomtesse (libertins secondaires)
  - les jeunes naïfs : Cécile et Danceny
  - les dévots : Tourvel, Rosemonde, Mme de Volanges.
  On trouve des symétries aussi dans les personnages :
  - opposition méchants / gentils
  - opposition hommes / femmes
  - opposition jeunes / vieux
  On trouve cependant quelques nuances par rapport au roman libertin. Laclos  introduit deux formes de libertinage (Valmont et Merteuil recherchent le  plaisir, ils sont calculateurs ; mais pour Valmont c'est plus un jeu alors que Merteuil  est motivée par la vengeance vu sa condition de femme : elle veut dominer les  hommes, qui dominent en général -> "les règles du jeu ont  changé").
  Valmont est un libertin mais avec quelques nuances :
  - il tombe amoureux, donc il n'est pas libre, ce n'est pas un choix de sa part
  - il exécute les ordres de Merteuil, donc il n'est pas libre, il n'agit pas de  lui-même
  - il n'arrive pas à avoir ce qu'il veut (Merteuil)
  Mme de Tourvel ne regrettera jamais d'avoir cédé à Valmont, pour elle c'est un  grand bonheur alors qu'elle est dévote.
  Danceny est naïf au départ, mais à la fin il est très important, il va ruiner Merteuil -> évolution particulière du personnage.
La relation Vicomte de Valmont / Marquise  de Merteuil
  C'est une relation  particulière qui se dégrade au fil du roman.
  En effet, au départ, les 2 personnages sont très proches, ils sont complices :
  - certaines formules de  leurs lettres ne laissent aucun doute : « adieu, ma très belle amie », « revenez, mon cher vicomte »,
  - ils partagent un « destin » commun, donc ils sont étroitement liés,
  - le « nous » est récurrent, ils sont unis : « nous appellent », « notre destin »,
  - ils ont un but commun : répandre le libertinage,
  Mais ils finissent par s'éloigner l'un de l'autre :
  - Valmont refuse d'aider Merteuil dans son entreprise avec Cécile
  - Il se rapproche de plus en plus de la présidente de Tourvel et en tombe amoureux
  - Merteuil est jalouse car elle ne le contrôle plus et  désapprouve cet amour contraire au principe du libertinage
  Alors l'affrontement commence (lettre 153) et les deux personnages se lancent  dans une auto-destruction :
      * Valmont tente de prouver à Merteuil  que Danceny aime Cécile et pas elle.
      * Merteuil révèle à Danceny que Valmont  a mis enceinte Cécile et Danceny le provoque en duel.
      * Valmont meurt, mais remet sa  correspondance avec Merteuil à Danceny
      * Celui-ci publie certaines lettres  de la marquise qui font scandale.
      * Merteuil est défigurée, elle perd  un œil à cause de sa petite vérole, elle est endettée, déshonorée, et fuit seule  en Hollande.
  Il y a donc une évolution  dans leur relation : de l'amour à la haine.
Rôle et efficacité de la lettre
  Les spécificités et les  avantages du roman épistolaire :
  - Illusion d'authenticité pouvant exciter la curiosité du lecteur  suivant le principe du voyeurisme.
- Absence de 
narrateur omniscient
    * Juxtaposition de différents points  de vue -> le lecteur est sollicité, il est seul apte à centraliser toutes les  informations.
    * Mais ce n'est pas une simple  juxtaposition, il y a un véritable jeu de points de vue : ainsi, un même  récit pourra être raconté différemment en fonction de l'émetteur et du  destinataire.
  
    | Récit  d'un même épisode peut être raconté par des émetteurs différents à des  destinataires différents | -  Scène de Valmont jouant au bienfaiteur des pauvres : lettre 21 racontée par  Valmont à Merteuil, lettre 22 racontée par Tourvel à Mme de Volanges - Rencontre des carrosses de Valmont (avec Émilie) et Tourvel devant l'opéra :  lettre 135 racontée par Tourvel à Rosemonde, lettre 136 racontée par Tourvel à  Valmont, lettre 137 racontée par Valmont à Tourvel, lettre 138 racontée par  Valmont à Merteuil
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    | Récit  d'un même épisode à des destinataires différents mais par une même personne | - Les  carrosses : lettre 137 par Valmont à Tourvel et lettre 138 par Valmont à  Merteuil. - Après la nuit entre Valmont et Cécile : lettre 104 par Merteuil à Mme de  Volanges pour lui prêcher la vertu et la rigueur vis-à-vis de sa fille, lettre  105 par Merteuil à Cécile pour l'encourager à persister dans le vice
 - Lettre 48 : plusieurs destinataires, selon le niveau de lecture
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    | Récit  d'un même épisode par des émetteurs différents mais à un même destinataire | Lettre  96 par Valmont à Merteuil pour lui raconter la nuit avec Cécile et lettre 97 de  Cécile à Merteuil qui lui raconte la même chose (la nuit avec Valmont) | 
    * -> effet  de ces jeux sur le lecteur : Cela permet au lecteur de découvrir les différents  personnages au fur et à mesure, leur caractère, ainsi il pourra juger  seul du caractère de chaque personnage. Cela lui donne à voir le jeu des  apparences et des dissimulations = il est au centre de toutes les confidences,  de toutes les manigances, il acquiert une importance capitale. Mais cela le rend aussi complice de la perversité des roués, il peut se  délecter du sort réservé aux victimes (cf. idée de voyeurisme)
 
  - Le genre épistolaire  peut éviter au lecteur de se lasser en variant sans cesse le style d'écriture :  en effet, chaque émetteur a un style propre, révélateur de son caractère (style  très incisif chez Merteuil ou Valmont, très ampoulé chez Tourvel, naïf chez  Cécile...)
  - Le roman épistolaire  est à la mode à l'époque où Laclos écrit ce roman, mais sa particularité est  d'avoir réussi à faire concilier le principe de la succession de lettres avec  une intrigue dramatique très bien construite et vraisemblable dans laquelle  chaque lettre tient une place nécessaire = la lettre n'est pas simplement un  artifice, elle sert l'intrigue.
  - Une parfaite adéquation  entre le fond et la forme : le libertin est un pervers débauché qui agira sans  se compromettre, qui va donc manipuler à distance : quoi de mieux  qu'une lettre pour réussir cela ? Elle donne un pouvoir d'action, mais à  distance :
      *  Valmont ainsi obtiendra la clé de la chambre  de Cécile en passant par Danceny et non directement alors que Valmont et Cécile  se côtoient dans le même lieu : Valmont écrit à Danceny qui écrit à Cécile.
      *  Merteuil régit tout à distance sa  correspondance.
  - La distribution  des lettres :
      * 6 correspondants principaux  (Valmont, puis Merteuil, la présidente de Tourvel et Cécile, puis Mme de  Volanges et Mme de Rosemonde)
      * 5 correspondants secondaires
  Il est intéressant de constater que Merteuil est le personage principal alors  qu'elle est loin de détenir le record de lettres écrites, en revanche chaque  lettre de sa part a un poids considérable, cela montre tout le pouvoir du  personnage.
      * Au début, il y a deux intrigues  bien distinctes, ainsi certaines correspondances sont exclusives mais tout se  mélange au moment même où les deux intrigues se rejoignent : ainsi au début, Cécile  n'écrit pas à Valmont, Danceny n'écrit pas à Merteuil et encore moins à Mme de  Rosemonde.
  - Des jeux de contraste :  les lettres ne sont pas disposées au hasard, l'idée est de maintenir une  tension dramatique, de ménager des effets, etc.
      * Parfois le lecteur est mis dans la  confidence des manipulateurs puis bascule du point de vue des naïfs, le lecteur  devient complice.
      * Mais parfois c'est l'inverse, la manipulation  n'est révélée qu'a posteriori : ainsi, le lecteur  apprend après coup que Merteuil avait tout manigancé depuis le début pour que Cécile  finisse dans le lit de Valmont.
      * Dès le début (1ère lettre) = Cécile qui sort  du couvent et sa naïveté ; 2ème lettre = Merteuil la manipulatrice qui  exprime son intention de faire de Cécile sa victime -> contraste saisissant.
      * La lettre 81 est entourée par une lettre de Danceny  à Cécile (80) et de Cécile à Danceny (82) = les deux jeunes ; or, dans la  lettre 81, Merteuil expose sa jeunesse et sa précocité dans l'art de la  dissimulation -> cela contraste énormément avec la naïveté des  deux autres.
  Le rôle de la lettre
  - Les différentes fonctions de la lettre
      * Preuve d'une existence sociale
      * Outil d'information
      * Sert à se raconter (fonction  introspective)
      * Moyen d'analyse : elle permet de se  révéler mais malgré soi : Valmont ne cesse de faire des analyses des lettres de  Tourvel pour tenter de percevoir son état d'esprit
      * Outil d'action, voire même comme  arme (une lettre est à l'origine de la fin de Tourvel, de la fin de Valmont, de  la fin de Merteuil...)
  - Dangers et perversions de la correspondance
      * La lettre comme piège : lettre 34 :  Tourvel ne veut recevoir aucune lettre de Valmont et celui-ci contrefait  l'écriture de son mari pour qu'elle accepte de l'ouvrir.
      * Une lettre peut être interceptée  (celles de Tourvel interceptées par Valmont à Paris)
      * Une lettre peut être diffusée,  outil de diffamation (cf. fin du roman).
 
  
La représentation de la société : « le grand théâtre »
  1) Le théâtre dans Les Liaisons dangereuses
  Le « grand théâtre »  mondain.
  - Le monde est fait d'hypocrisie, de dissimulation
  - Les deux personnages principaux, et surtout Merteuil, savent manipuler les  gens, prévoir les situations, organiser des stratagèmes = ils agissent comme de  vrais metteurs en scène de théâtre
  - D'ailleurs, ces 2 personnages recherchent sans cesse des spectateurs pour  accueillir leurs exploits : Valmont cherche le regard de Merteuil lors de ses « exploits » et Merteuil cherche à faire éclater au grand jour le résultat de ses  manigances tout en restant dans l'ombre (cf. Prévan par exemple).
  Le personnage du libertin est en lui-même en relation avec le théâtre.
  - Tout comme un acteur c'est un être polymorphe, protéiforme (cf. lettre 81 +  toutes les fois où Valmont va changer ses habitudes, sa façon de parler afin  d'arriver à ses fins, pour qu'elles coïncident avec la personne qu'il cherche à  atteindre)
  Rapports entre  le roman épistolaire et le genre théâtral.
  - On trouve dans ce roman, d'une certaine manière, le respect de la règle des  trois unités : les lieux sont relativement restreints (Paris + le château de  Mme de Rosemonde), temporalité limitée : l'ensemble de l'intrigue se déroule du  3 août au 14 janvier (environ 5 mois), unité d'action : au départ, on a  l'impression qu'il y a deux intrigues mais finalement elles se rejoignent pour  n'en former qu'une.
  - La structure du roman rappelle celle d'une pièce : exposition -> dénouement, et on retrouve même, d'une certaine manière,  la présence d'une fatalité lors de ce dénouement.
  - Certaines situations rappellent celles du théâtre : jeu sur les couples,  coups de théâtre, personnages secondaires relativement stéréotypés (dévote, jeune  naïf, etc.)
  - En soi le genre épistolaire présente des similitudes avec le genre théâtral :  pas de narrateur, personnages qui existent par leurs prises de parole...
  
2) La vision du monde dans l'œuvre
  Le monde dans sa  généralité n'a pas bonne image (hypocrisie généralisée).
  Le fait de placer Merteuil et Valmont en personnages principaux :
  - Des personnages mauvais, pervers.
  - Mais une perversité poussée à son paroxysme : L'impression est donnée  qu'ils font le mal sans aucune mesure. Ainsi ce que fait subir Merteuil à Cécile  est complètement disproportionné par rapport à ce que lui a fait Gercourt. Quant  à Valmont, il ne semble avoir aucune considération pour ses victimes, comme un  simple jeu = méchanceté gratuite, arbitraire. Leur perversion est toujours  associée à l'intelligence, ce qui lui donne beaucoup plus de pouvoir : il  y a toujours un caractère méthodique à tous les plans élaborés, et les  personnages recherchent toujours du plaisir à vérifier l'exactitude de leurs  prévisions.
  -> Dès lors, les personnages peuvent exercer une certaine fascination  ambiguë sur le lecteur, d'où un doute sur la morale.
  
Les Liaisons dangereuses  ont-elles une morale ?
  Il y a une morale (cf. explication de la lettre 175), mais certains doutes :
  - La société semble irrémédiablement pervertie malgré tout et les précautions  que l'on peut prendre semblent bien insuffisantes (cf. lettre 175).
  - On a beau être le plus vertueux possible, on n'est jamais à l'abri du mal et  de ce qui s'ensuit
  - Le châtiment des deux personnages peut paraître artificiel : La mort de Valmont  est rapidement « expédiée » et la société n'est jamais au courant de  ce qu'a fait réellement Valmont (même s'il avait mauvaise réputation depuis le  début du roman en société). Ce n'est pas le cas de Merteuil qui est détruite  socialement parlant : mais quel est le rapport entre la petite vérole ou la  perte de son procès et son comportement durant l'œuvre ? (cf. même problème du  châtiment 
deus ex machina tel qu'on a pu le rencontrer dans 
Dom Juan avec  l'intervention de la statue pour clôturer la pièce.)
  
Deus ex machina est  une locution latine signifiant « dieu sort de la machine ».
  Elle est surtout employée dans le vocabulaire théâtral au sujet d'une personne  qui arrive, d'une façon impromptue (= sans avoir été prémédité), à la fin de la  pièce et par qui le dénouement s'effectue.
  L'expression existait déjà dans le théâtre grec pour désigner un mécanisme  servant à faire entrer en scène une ou des divinités pour résoudre une  situation désespérée. L'expression peut être étendue à toute résolution  d'histoire qui ne suit pas la logique interne de l'histoire mais permet au  dramaturge de conclure sa pièce de la manière qu'il désire. Elle peut,  cependant, désigner au sens propre la simple représentation sur scène d'une  divinité.