La maison d’Hélène

René-Guy Cadou





Plan de la fiche sur La maison d'Hélène de René-Guy Cadou :
Introduction
Texte de La maison d'Hélène
Annonce des axes
Commentaire littéraire
Conclusion


Introduction

    La poésie a souvent été un support pour les poètes pour déclarer leur flamme à la femme qu’ils aiment. C’est le cas dans ce poème intitulé "La maison d’Hélène" écrit par René-Guy Cadou entre 1944 et 1951 dans Hélène ou le Règne végétal. Ainsi il est dédié à Hélène, sa femme, qui fût également poète. Il est construit autour du thème de la nature, transformant la maison en paradis et montrant clairement la vision du bonheur selon Cadou.


Texte de La maison d'Hélène

La maison d'Hélène


II a suffi du liseron du lierre
Pour que soit la maison d'Hélène sur la terre
Les blés montent plus haut dans la glaise du toit
Un arbre vient brouter les vitres et l'on voit
Des agneaux étendus calmement sur les marches
Comme s'ils attendaient l'ouverture de l'arche
Une lampe éparpille au loin son mimosa

Très tard les grands chemins passent sous la fenêtre
II y a tant d'amis qu'on ne sait plus où mettre
Le pain frais le soleil et les bouquets de fleurs
Le sang comme un pic-vert frappe longtemps les cœurs
Ramiers faites parler la maison buissonnière
Enneigez ses rameaux froments de la lumière
Que l'amour soit donné aux bêtes qui ont froid
À ceux qui n'ont connu que la douceur des pierres

Sous la porte d'entrée s'engouffre le bon vent
On entend gazouiller les fleurs du paravent
Le cœur de la forêt qui roule sous la table
Et l'horloge qui bat comme une main d'enfant

Je vivrai là parmi les roses du village
Avec les chiens bergers pareils à mon visage
Avec tous les sarments rejetés sur mon front
Et la belle écolière au pied du paysage.

René-Guy Cadou - Hélène ou le Règne végétal



Annonce des axes

I. La Nature
1. Présence de la nature
2. Nature vivante

II. La parabole maison-paradis
1. Symbiose entre les éléments
2. Notion du paradis

III. Vision du bonheur



Commentaire littéraire

I. La Nature

1. Présence de la nature

Champ lexical des animaux : « agneaux » (5), « pic-vert » (11), « ramiers » (12), « bêtes » (14), « chiens bergers » (21).
      => présence du règne animal.

Champ lexical des plantes : « lierre » (1), « fleurs » (10), « forêt » (18), « roses » (20).
      => présence du règne végétal.

Champ lexical pierre : « pierres » (15).
      => présence de minéraux.

Nature lumineuse.

2. Nature vivante

Opposition entre nature et culture vers 3 à 7 : « toit, vitre, marche, lampe » «  blés, glaise, arbre, mimosa »

Lierre qui monte aux parois de la maison
      => la nature apprivoise la maison.

Liseron, plante envahissante, domine
      => la nature domine la maison.

Expression « maison buissonnière » (12) = ne pas aller à l’école pour se promener -> fuir ses contraintes pour aller dans la nature symbolisée par les buissons.
      => attraction de la nature et idée de maison de la liberté.

Expression « maison buissonnière » (12) = au 1er sens -> maison des buissons -> maison ouverte sur la nature, le règne végétal.
      => lieu privilégié de l’harmonie de l’homme avec sa compagne et aussi avec le règne animal.


II. La parabole maison-paradis

1. Symbiose entre les éléments

Symbiose entre les différents règnes présents.
Pas de coupure dans la poésie : pas de ponctuation.
Présence des 5 sens.

2. Notion du paradis

a - Religieuse

Image biblique : arche de Noé (v 6) + « agneaux » (v 5)+ « sang, chemin, pain »
      => connotation religieuse.

Les termes désignant la maison évoquent concrètement la matière mais se confond avec un jardin habité par oiseaux, agneaux.
      => animaux pacifiques qui évoquent le bonheur rustique du jardin d’Eden.

Syntaxe vers 2-14 ressemble à celle de la genèse.
      => poète = créateur + idée de nouveauté d’où « glaise » -> création de l’Homme.

b - Humaine

Champ lexical de l’affection : « amis » (9), « cœurs » (11), « amour » (14), « douceur » (15)
      => lieu d’amour.

Expressions « maison d’Hélène » (2), « la belle écolière » (24)
      => présence de la femme aimée qui encadre le texte.


III. Vision du bonheur

Formes verbales : « faites parler » (12), « enneiger » (13), « que…soit donné » (14) -> forme d’une prière, invocation -> montre la joie de l’union entre l’homme et la nature.
      => nature invoquée comme la puissance protectrice qui assure le bonheur aux hommes.

Images « on entend gazouiller » (17) et « et l’horloge qui bat comme une main d’enfant » (19) -> sentiment que l’appel du poète a été entendu -> les choses prennent vie.
      => la matière constitutive de la maison s’anime, elle est vivante.

      => pouvoir de la poésie pour Cadou = celui presque magique de l’incantation.




Conclusion

    De La maison d'Hélène, on dégage en premier lieu l’omniprésence de la nature qui transforme une simple maison en véritable paradis biblique où Cadou peut développer sa vision du bonheur : il est accordé comme une sorte de don. L’homme n’est pas en position de dominateur, c’est la nature qui le conquiert et il l’accueille et va parfois jusqu’à l'implorer dans une sorte de prière. Le bonheur serait donc un consentement profond et un effort. Cette vision tire ses origines de la littérature pastorale du 17ème siècle, elle-même inspirée des auteurs de l’Antiquité comme Virgile ou Callimaque.

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Merci à Malix pour cette analyse de La maison d'Hélène de René-Guy Cadou