Plan de la fiche sur la scène d’exposition de 
Montserrat de Roblès :
       Emmanuel Roblès est né à Oran en 1914
 (en Algérie). Fils d’un maçon, il se destinait à devenir
 marin, il renonce à cette vocation et prépare l’école
 normale d’Alger. Comme journaliste, il effectue de nombreux voyages. Romancier
 et poète, il se lance dans le théâtre avec Montserrat en 1948.
       La pièce Montserrat se situe au Venezuela. Le contexte historique est
 l’indépendance du Venezuela proclamé en 1812 par Miranda.
 C’est une pièce en 3 actes qui commence le 12 juillet 1812, le
 lendemain de l’arrestation du chef rebelle.
       Cet extrait est la scène d’exposition : Bolivar a été arrêté,
 il parvient à s’échapper, les Espagnols sont persuadés d’une trahison.
Lecture du texte
Annonce des axes
Nous verrons comment cette scène d’exposition répond aux
attentes du spectateur en étudiant les éléments de l’action,
l’atmosphère et le personnage d’Izquierdo.
I. L’action
II. L’atmosphère
III. Le personnage d’Izquierdo
Commentaire littéraire
I. L’action
- La situation de départ
« In medias res ». On retrouve dans les deux premières
  répliques les deux éléments de l’action.
1. La fuite d’un homme
Pronom « il ». Il est identifié à la 6ème
  réplique « ce Bolivar » déterminant démonstratif à connotation
  péjorative. Considéré comme un rebelle, donc comme un
  ennemi. « rejoindre ses partisans », « glisse entre les doigts ».
2. Trahison d’un Espagnol
« Il y a donc un traître dans l’état-major » Circonstance
  aggravante puisque le titre « état-major est de la noblesse ».
  Lexique lié à la trahison. Ce thème contribue à l’intensité dramatique,
  puisque c’est un noble espagnol qui a trahit l’honneur.
3. Le sentiment d’urgence
Le rideau se lève sur une discussion déjà entamée.
  Ils sont encore vêtus d’un rude uniforme de campagne. Présence
  de nombreux indicateurs temporels qui réduisent la durée : hier
  soir, seconde fois, cette nuit même, à l’aube. La durée
  de l’action est réduite (confère aussi la durée
  de la pièce).
  Conformément à une exposition conventionnelle les premières
  répliques informent le spectateur sur l’intrigue.
II. L’atmosphère
Les personnages présents sont des personnages secondaires. Leur dialogue
contribue à rendre l’atmosphère particulièrement pesante,
inquiétante par les récits des officiers qui mêlent violence
et plaisir.
1. L’évocation de la guerre
Evocation des viols de jeunes femmes, les femmes sont réduites à des
  objets. « Je l’ai donné » « On peut en trouver ».
  Butin de guerre/récompense. « Chaque fois que je…Que nous
  faisions l’amour » Renforce la cruauté. Sa jeunesse « 16
  ans », innocence anéanti. « Comme des colombes » :
  les colombes sont synonymes de paix.
  Atmosphère de sauvagerie, d’horreur « Que l’on
  exterminât jusqu’aux nouveau-nés ». Il s’agit d’un
  massacre. « Mon bataillon n’a laissé vivants que ».
  Omniprésence du racisme. Gestes et paroles méprisantes « Oh Dommage… Une
  indienne » Haussement d’épaules. « Dans ce pays ».
2. Le plaisir du récit
La guerre apparaît comme un soulagement. « Ah ! ce sera de nouveau
  la guerre » Assimilé à un divertissement, un loisir. Complicité entre
  les trois officiers dans l’évocation amusée des combats
  passés. Orgueil, vantardise des officiers. Grossièreté plus qu’éducation.
III. Le personnage d’Izquierdo
Izquierdo est présenté comme un personnage surhumain, un dieu.
  C’est un être de volonté et de pouvoir. Présent des
  les propos des officiers avant même de l’être sur scène.
  Il est associé à Zeus (roi des dieux, de l’Olympe). « Un
  ouragan ! Une tornade ! » « Se plier à sa
  volont » « conviction insolente ».
  Être de passion, il a un caractère emporté et extrême. Ce
  qui prime est le désir, l’envie. Emportement d’une passion « amoureux
  fou » « Il doit être dévoré de rage ! » Hyperbole.
  Symbolise sa démence, il doit calmer cette passion. Personnage essentiel
  dans la pièce. Portrait noir permettant de mettre en scène son
  entrée, c’est un homme cruel.
Conclusion
       Cette scène remplit non seulement sa fonction informative
 mais insuffle un rythme original susceptible de séduire le spectateur.
 Elle est au-delà la concrétisation sur scène d’un
 nouveau théâtre qui veut abandonner le carcan des contraintes classiques
 et de la différenciation des genres. Cette scène témoigne
 de la volonté de se tourner vers un théâtre résolument
 libre et moderne plus proche de la vérité, celle de l’homme
 et du monde et de la sensibilité des spectateurs.