Plan de la fiche sur la description de la pension de Mme Vauquer -
Le père Goriot de Balzac :
Introduction
Ce texte est un extrait du roman
Le Père Goriot de
Honoré de
Balzac, paru en 1835. L’auteur fait la description de la pension Vaucquer où habite
le père goriot. La tonalité est pathétique parce que Balzac
montre la déchéance humaine. Comment va-t-il procéder pour
décrire à la fois une triste réalité et critiquer
la propriétaire ?
Honoré de Balzac
Texte étudié
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Lu par Nicole Delage - source : litteratureaudio.com
Au-dessus de ce troisième étage étaient un grenier à étendre
le linge et deux mansardes où couchaient un garçon de peine,
nommé Christophe, et la grosse Sylvie, la cuisinière. Outre
les sept pensionnaires internes, madame Vauquer avait, bon an, mal an,
huit étudiants en Droit ou en Médecine, et deux ou trois
habitués qui demeuraient dans le quartier, abonnés tous pour
le dîner seulement. La salle contenait à dîner dix-huit
personnes et pouvait en admettre une vingtaine; mais le matin, il ne s'y
trouvait que sept locataires dont la réunion offrait pendant le
déjeuner l'aspect d'un repas de famille. Chacun descendait en pantoufles,
se permettait des observations confidentielles sur la mise ou sur l'air
des externes, et sur les événements de la soirée précédente,
en s'exprimant avec la confiance de l'intimité. Ces sept pensionnaires étaient
les enfants gâtés de madame Vauquer, qui leur mesurait avec
une précision d'astronome les soins et les égards, d'après
le chiffre de leurs pensions. Une même considération affectait
ces êtres rassemblés par le hasard. Les deux locataires du
second ne payaient que soixante-douze francs par mois. Ce bon marché,
qui ne se rencontre que dans le faubourg Saint-Marcel, entre la Bourbe
et la Salpêtrière, et auquel madame Couture faisait seule
exception, annonce que ces pensionnaires devaient être sous le poids
de malheurs plus ou moins apparents. Aussi le spectacle désolant
que présentait l'intérieur de cette maison se répétait-il
dans le costume de ses habitués, également délabrés.
Les hommes portaient des redingotes dont la couleur était devenue
problématique, des chaussures comme il s'en jette au coin des bornes
dans les quartiers élégants, du linge élimé,
des vêtements qui n'avaient plus que l'âme. Les femmes avaient
des robes passées reteintes, déteintes, de vieilles dentelles
raccommodées, des gants glacés par l'usage, des collerettes
toujours rousses et des fichus éraillés. Si tels étaient
les habits, presque tous montraient des corps solidement charpentés,
des constitutions qui avaient résisté aux tempêtes
de la vie, des faces froides, dures, effacées comme celles des écus
démonétisés. Les bouches flétries étaient
armées de dents avides. Ces pensionnaires faisaient pressentir des
drames accomplis ou en action; non pas de ces drames joués à la
lueur des rampes, entre des toiles peintes mais des drames vivants et muets,
des drames glacés qui remuaient chaudement le coeur, des drames
continus.
Extrait du chapitre I - Le Père Goriot - Honoré de Balzac
Mme Vauquer - Illustration de Bertall (1867)
Annonce des axes
Tout d’abord Balzac fait une étude de moeurs puis un commentaire sur l’état des pensionnaires.
I. Une étude de moeurs
1. Description des lieux
2. Description des personnages
II. Commentaire du narrateur
1. Commentaire ironique sur Mme Vauquer
2. Commentaire pathétique
Commentaire littéraire
I. Une étude de moeurs
1. Description des lieux
Balzac fait une description des lieux. La description de la pension se fait
de haut en bas. D’abord le « troisième étage » avec « le
grenier », « la salle à dîner », « du
second étage ». Puis il cite certains quartiers populaires : « le
faubourg Saint-Marcel ».
2. Description des personnages
Vêtement : « redingotes problématiques », « linge élimé » « robes
passé » reteinte, déteinte » « de
vieilles dentelles raccommodées », « fichu éraillé ».
Ils sont tous pauvres mais essayent de paraître dignes, ils s’accrochent à la vie.
Les personnages entrent dans le texte par le haut de l'immeuble, les plus pauvres
sont en haut. « Sylvie, la grosse » désignée seulement
par sa fonction, pas de nom de famille, vit avec « Christophe, l'homme
de peine » dans le grenier avec le linge. Ensuite il y a les étudiants
puis les pensionnaires les plus aisés. L'organisation se fait en fonction
de leur richesse, les plus pauvres en haut. Ils sont tous pauvres car « ne
payent que » « bon marché » -> souligne un manque.
Idée générale de Balzac : les lieux et les hommes sont
intimement liés. Les lieux conditionnent les hommes et les hommes conditionnent les lieux.
II. Commentaire du narrateur
1. Commentaire ironique sur Mme Vauquer
« Ces sept pensionnaires étaient les enfants gatés de
Mme Vauquer, qui leur mesurait avec une précision d'astronome les soins
et les égards, d'après les chiffres de leur pesions » -> souligne que Mme Vauquer est avare, elle profite de la misère humaine.
2. Commentaire pathétique
Le pathétique (= qui suscite l’émotion) se ressent dans
la description des personnages.
Exemple : « le spectacle désolant que présentait l'intérieur
de cette maison se répétait-il dans le costume de ses habitués, également
délabrés ». « délabrés » s’utilisent
normalement pour les lieux. « écus démonétisés » c’est-à-dire
n’ont plus de valeurs.
Balzac dit « Ces pensionnaires faisaient pressentir des drames accomplis
ou en action (...) mais des drames vivants et muets »
Ils incarnent la misère humaine, ils ont vécu des choses douloureuses
comme le suggère « résistés aux tempêtes de la vie ».
Les personnages sont usés.
Conclusion
Ce texte se situe au début du roman
Le Père Goriot et a pour fonction
d'expliquer les lieux, les personnages, de faire une étude de moeurs
sur cette pension. Les descriptions permettent de comprendre l’état des
personnages et une certaines réalité parisienne même si
elle est reconstituée. L’'ironie qui se dégage du commentaire du
narrateur est une critique de Mme Vauquer, qui profite par avarice de la misère
humaine. Le registre pathétique veut attirer l’attention du lecteur sur
les conditions de vie difficile dans certains quartiers parisiens. Cette description
permet de situer le texte dans le mouvement littéraire du réalisme du XIXème siècle.