Plan de la fiche sur
le chapitre 7 de Pierre et Jean de Maupassant :
Introduction
Nous allons étudiez un extrait de
Pierre
et Jean écrit
par
Guy de Maupassant. Cet extrait correspond à la tirade de Mme Roland
qui avoue à son fils sa relation et qu’il est le fils de Maréchal.
Problématique : En quoi cette confession peut-elle surprendre ?
Texte étudié
- Eh bien ! oui. Au moins je ne t'aurais pas trompé... Tu veux que je
reste avec toi, n'est-ce pas ? Pour cela, pour que nous puissions nous voir
encore, nous parler, nous rencontrer toute la journée dans la maison,
car je n'ose plus ouvrir une porte dans la peur de trouver ton frère
derrière elle, pour cela il faut, non pas que tu me pardonnes - rien
ne fait plus de mal qu'un pardon -, mais que tu ne m'en veuilles pas de ce que
j'ai fait... Il faut que tu te sentes assez fort, assez différent de
tout le monde pour te dire que tu n'es pas le fils de Roland, sans rougir de
cela et sans me mépriser !... Moi j'ai assez souffert... j'ai trop souffert,
je ne peux plus, non, je ne peux plus ! Et ce n'est pas d'hier, va, c'est de
longtemps... Mais tu ne pourras jamais comprendre ça, toi ! Pour que
nous puissions encore vivre ensemble, et nous embrasser, mon petit Jean, dis-toi
bien que si j'ai été la maîtresse de ton père, j'ai été encore
plus sa femme, sa vraie femme, que je n'en ai pas honte au fond du coeur, que
je ne regrette rien, que je l'aime encore tout mort qu'il est, que je l'aimerai
toujours, que je n'ai aimé que lui, qu'il a été toute ma
vie, toute ma joie, tout mon espoir, toute ma consolation, tout, tout, tout
pour moi, pendant si longtemps ! Ecoute, mon petit : devant Dieu qui m'entend,
je n'aurais jamais rien eu de bon dans l'existence, si je ne l'avais pas rencontré,
jamais rien, pas une tendresse, pas une douceur, pas une de ces heures qui nous
font tant regretter de vieillir, rien ! Je lui dois tout ! Je n'ai eu que lui
au monde, et puis vous deux, ton frère et toi. Sans vous ce serait vide,
noir et vide comme la nuit. Je n'aurais jamais aimé rien, rien connu,
rien désiré, je n'aurais pas seulement pleuré, car j'ai
pleuré, mon petit Jean. Oh ! oui, j'ai pleuré, depuis que nous
sommes venus ici. Je m'étais donnée à lui tout entière,
corps et âme, pour toujours, avec bonheur, et pendant plus de dix ans
j'ai été sa femme comme il a été mon mari devant
Dieu qui nous avait faits l'un pour l'autre. Et puis, j'ai compris qu'il m'aimait
moins. Il était toujours bon et prévenant, mais je n'étais
plus pour lui ce que j'avais été. C'était fini ! Oh ! que
j'ai pleuré !... Comme c'est misérable et trompeur, la vie !...
Il n'y a rien qui dure... Et nous sommes arrivés ici ; et jamais je ne
l'ai plus revu, jamais il n'est venu... Il promettait dans toutes ses lettres !... Je l'attendais toujours !... et je ne l'ai plus revu !... et voilà qu'il
est mort !... Mais il nous aimait encore puisqu'il a pensé à toi.
Moi je l'aimerai jusqu'à mon dernier soupir, et je ne le renierai jamais,
et je t'aime parce que tu es son enfant, et je ne pourrais pas avoir honte de
lui devant toi ! Comprends-tu ? Je ne pourrais pas ! Si tu veux que je reste,
il faut que tu acceptes d'être son fils et que nous parlions de lui quelquefois,
et que tu l'aimes un peu, et que nous pensions à lui quand nous nous
regarderons. Si tu ne veux pas, si tu ne peux pas, adieu, mon petit, il est
impossible que nous restions ensemble maintenant ! Je ferai ce que tu décideras.
Extrait du chapitre VII de Pierre et Jean de Guy de Maupassant.
Annonce des axes
I. La demande
II. L'aveu
III. La justification
Commentaire littéraire
I. La demande
- Elle demande la compréhension de Jean : "tu ne m'en veuilles
pas de ce que j'ai fait"
- Elle lui demande de ne pas renier son père : "que tu l'aimes
un peu".
Pour cela, elle emploie des anaphores avec une répétition de "Il
faut que". Cela insiste sur les taches que Jean doit accomplir d’où un
discours injonctif caractérisé par l'emploi du subjonctif. On
note aussi la présence de quelques questions rhétoriques : "Tu
veux que je reste avec toi, n’est ce pas ?".
- Un ultimatum : si Jean n'accepte pas, elle part.
- Mme Roland évoque la souffrance qu’elle a ressentie : "oh ! que j’ai pleuré !", notamment avec une gradation : "j’ai
assez souffert…j’ai trop souffert, je ne peux plus, non, je ne
peux plus". Cela peut pousser Jean à accepter sa proposition
pour ne pas la faire souffrir davantage.
II. L'aveu
Elle fait ressortir l’aspect exceptionnel de son amour pour Maréchal.
- Elle dit à Jean que Maréchal est son seul amour : "je
n'ai aimé que lui".
- Elle utilise le registre lyrique : fonction expressive dominante ; vocabulaire
de l'amour : "embrasser ; femme ; l'aime" ; tournures exclamatives
et interrogatives qui suggèrent l’intensité des émotions éprouvées.
- Il y a une anaphore : "toute ma vie, toute ma joie, tout mon espoir,
toute ma consolation" avec un parallélisme de construction et une
répétition de "tout" qui insiste sur l'amour qu'elle
pouvait éprouver à son égard et l'importance qu'il avait
a ses yeux.
- Elle emploie aussi une gradation : "Je l'aime encore tout mort qu'il
est, Je l'aimerai toujours, Je n'ai aimé que lui".
- Elle dit habilement que son seul bonheur a été avec Maréchal
avec une antithèse. Elle emploie "tout" pour caractériser
ce que lui a apporté Maréchal et "rien" pour ce que
lui a apporté Roland.
- Elle compare sa vie à une nuit vide et noire : "ce serait vide,
noir et vide comme la nuit". Répétition de "vide" pour insister.
III. La justification
- Cette aveu n'est pas une confession car à aucun moment elle n’a
de regrets : "je ne regrette rien".
- Pour se justifier, elle prend Dieu à témoin : "devant
Dieu qui m'entend" ; "il a été mon mari devant Dieu".
- Elle légitime cette liaison : "j'ai été sa femme
comme il a été mon mari". Elle se justifie en parlant d'eux
comme une prédestination de deux êtres : "Dieu nous avait
fait l’un pour l’autre".
- Mme Roland utilise la casuistique, elle sépare l'action de l'intention.
Conclusion
En conclusion, vu le contexte dramatique de cette scène de
Pierre
et Jean, Mme Roland, à l'aide
de procédé rhétoriques, avoue à son fils que Maréchal
est son père et que c'est le seul homme qu'elle n’ait jamais aimé.
Elle justifie son aveu en prenant Dieu à témoin et en légitimant
sa liaison et demande à Jean sa compréhension et de ne pas renier
son père en lui posant un ultimatum et en faisant ressortir sa souffrance.