2. Le regard de Pierre sur les femmes
Il s'impose à nous à travers des images très fortes et très variées qui se succèdent.
a - leur beauté :
- champ lexical de la beauté : adjectifs (jolies, mignonne, belles…), noms (toilettes, étoffes, grâce, coquetterie, séduction…), comparaisons (comme un bouquet, comme une immense floraison…).
- syntaxe accumulative : effet souligné par la longueur de la phrase, omniprésence
de la beauté.
b - mais une beauté chargé d'intention :
- la récurrence de "pour" à la fin du premier paragraphe (anaphore, reprise de la même construction "elles s'étaient fait belles pour…") et la récurrence de "déjà" à la fin du deuxième paragraphe.
- Les verbes : "voulaient" et "pensaient".
- "rencontré, remarqué, attendu" : le hasard, le premier pas,
l'anticipation (arrière pensée), l'ordre des participes passés employés comme
adjectifs dans l'expression "l'homme rencontré, remarqué, attendu" révèle cette
intentionnalité : "plaire, séduire, tenter". Elles veulent plaire par la parure : "étoffes jolies, ombrelles, tailles emprisonnées, chaussure, chapeau", par le corps (taille, geste), par la voix, par le sourire et la recherche de séduction
par des adjectifs. Ce jeu n'est pas innocent, tout devient indice d'un appel.
II. Un jeu marqué par la duplicité
1. Un comportement artificiel
- Grâces factices.
- Tailles emprisonnées.
- Elles s'étaient faites belles.
- Couvrir le sable : femme porte un masque qui dissimule tout ce qui peut être naturel.
- Coquetterie et parées comporte une connotation rusé et duplicité.
- Epoux est isolé, apparaît une seule fois dans une forme négative : "excepté pour
l'époux ". L'époux est ainsi dissocié des autres hommes.
- Répétition de "les hommes" en insistant sur le nombre, la forme attributive "pour" qui
exclut l'époux souligne le jeu de ses femmes.
- Evocation d'autres hommes, l'amant, l'inconnu.
- Image de la chasse : "chassaient", "gibier" considéré comme "souple et fuyante",
le vocabulaire appliqué au gibier s'applique à la femme. Fuyante, qui s'enfuie,
qui manque de franchise et de loyauté, gibier "proche et facile" comparaison
avec la femme facile, légère. S'ajoute la complicité de l'homme qui rentre dans
ce jeu de séduction.
2. Image du marché, du commerce
Pierre dresse un parallèle péjoratif entre la recherche de la séduction et l'activité marchande.
Annoncé déjà dans le premier paragraphe avec "coquetterie étalée" pour l'étalage,
notion également dans le verbe "tenter" pour la marchandise. Des corps du premier
paragraphe au deuxième paragraphe.
III. Une vision hallucinée qui sert de révélateur
1. Le spectacle de la plage est marqué par le nombre
De nombreux pluriels plus les noms ayant un sens collectif : "groupe", "bouquet", "gibier". "vaste" souligne l'ampleur du tableau, tableau qui s'étendra à la terre entière à la fin. La scène déborde aussi temporellement : "amant d'aujourd'hui et demain", "toujours". Dans l'image de la chasse, les hommes et les femmes se font complices du même jeu, l'humanité entière est concernée par l'ensemble de la séduction.
2. Une focalisation qui se fait surtout sur les femmes
érer par la multiplication des verbes qui sont des verbes d'actions : "plaire, séduire, conquérir, offrir, faire, désirer". Les femmes ont l'initiative de l'action. Les hommes par comparaison en un verbe réduit : "appelaient, désiraient, chassaient", cette disproportion très révélatrice, les femmes mènent le jeu.
Dans la métaphore de la halle, l'inventaire
est exclusivement féminin et il est souligné par : "les unes", "les
autres", "celles-ci", "celles-là". Le regard de Pierre se consacre sur
leur comportement. Mais à travers ce regard, il laisse libre court à ses
obsessions. Pierre part de l'évocation de la beauté, puis par
glissement il évoque celle de la séduction, de la coquetterie et enfin de la perversité.
De la même manière, nous observons le même glissement dans la succession
de termes. Pierre croit prouver la culpabilité des femmes en employant
des mots de plus en plus lourds de reproches. De plus, il pense
mener une déduction rigoureuse en utilisant des liens logiques : "donc".
Il a ainsi déformé la réalité.
3. Des généralisations réductrices
"toutes ces femmes" avec la récurrence de "toutes", les femmes de la plage, les femmes de la société, sa mère.
"tous les hommes" -> aucun sens de la nuance de Pierre.
"ne… que", une restriction, vision réductrice.
"Et il songea que sur la terre entière c'était toujours la même chose", entière = tous les lieux, toujours = toutes les époques, chose = tous les comportements.