La Princesse de Babylone

Voltaire

Chapitre 11 (extrait)

De "Tout fut prêt bientôt pour marcher..." à "...du papier et de l'encre."





Plan de la fiche sur le Chapitre 11 de La Princesse de Babylone de Voltaire :
Introduction
Texte étudié
Annonce des axes
Commentaire littéraire
Conclusion


Introduction

Auteur :
De son vrai nom François-Marie Arouet, Voltaire (1694-1778) incarne l'esprit philosophique des Lumières qu'il va contribuer à diffuser, par ses tragédies, ses poèmes, ses contes philosophiques et surtout ses pamphlets et ses essais. Issu de la bourgeoisie parisienne, il va rapidement combattre les privilèges et les préjugés et connaître l'exil et la prison, découvrant l'Angleterre puis la Prusse, avant de connaître sur le tard une reconnaissance nationale. Participant à L'Encyclopédie de Diderot, il défend un idéal de progrès, de justice et de liberté, dénonçant le fanatisme et la superstition, il a exercé sur l'opinion publique une véritable influence répandant des idées qui conduiront à la Révolution Française. On lui doit les tragédies Œdipe ou Zaïre, les contes Candide et L'Ingénu et des essais comme Les Lettres philosophiques ou Le Dictionnaire philosophique.

Œuvre :
Publié en 1768, La princesse de Babylone est un conte philosophique d'inspiration orientale dans la veine de Zadig, écrit en 1747. Il relate les aventures de Formosante, princesse de Babylone, et d'Amazan, berger Gangaride qui courront le monde afin de se retrouver. Ce récit permet à Voltaire de faire une sorte d'état des lieux de l'Europe de son temps.

Extrait :
Au chapitre 11, Formosante et Amazan se retrouvent enfin et s'apprêtent à porter secours au roi Belus, attaqué par les Egyptiens, les Scythes et les Indiens. Aidés par des espagnols, des Basques et le roi d'Ethiopie, il gagne l'Egypte, prêt à livrer bataille.

Voltaire
Voltaire, par Maurice Quentin de La Tour




Texte étudié


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Lu par René Depasse - source : litteratureaudio.com


    Tout fut prêt bientôt pour marcher par Memphis, par Héliopolis, par Arsinoé, par Pétra, par Artémite, par Sora, par Apamée, pour aller attaquer les trois rois, et pour faire cette guerre mémorable devant laquelle toutes les guerres que les hommes ont fait depuis n’ont été que des combats de coqs et de cailles.
    Chacun sait comment le roi d’Ethiopie devint amoureux de la belle Formosante, et comment il la surprit au lit, lorsqu’un doux sommeil fermait ses longues paupières. On se souvient qu’Amazan, témoin de ce spectacle, crut voir le jour et la nuit couchant ensemble. On n’ignore pas qu’Amazan, indigné de l’affront, tira soudain sa fulminante, qu’il coupa la tête perverse du nègre insolent, et qu’il chassa tous les Ethiopiens d’Égypte. Ces prodiges ne sont-ils pas écrits dans le livre des chroniques d’Égypte ? La renommée a publié de ses cent bouches les victoires qu’il remporta sur les trois rois avec ses Espagnols, ses Vascons et ses licornes. Il rendit la belle Formosante à son père ; il délivra toute la suite de sa maîtresse, que le roi d’Égypte avait réduite en esclavage. Le grand kan des Scythes se déclara son vassal, et son mariage avec la princesse Aldée fut confirmé. L’invincible et généreux Amazan, reconnu pour héritier du royaume de Babylone, entra dans la ville en triomphe avec le phénix, en présence de cent rois tributaires. La fête de son mariage surpassa en tout celle que le roi Bélus avait donnée. On servit à table le bœuf Apis rôti. Le roi d’Égypte et celui des Indes donnèrent à boire aux deux époux, et ces noces furent célébrées par cinq cents grands poètes de Babylone.
    Ô muses ! qu’on invoque toujours au commencement de son ouvrage, je ne vous implore qu’à la fin. C’est en vain qu’on me reproche de dire grâces sans avoir dit benedicte. Muses ! vous n’en serez pas moins mes protectrices. Empêchez que des continuateurs téméraires ne gâtent par leurs fables les vérités que j’ai enseignées aux mortels dans ce fidèle récit, ainsi qu’ils ont osé falsifier Candide, l’Ingénu, et les chastes aventures de la chaste Jeanne ; qu’un ex-capucin a défigurées par des vers dignes des capucins ; dans des éditions bataves. Qu’ils ne fassent pas ce tort à mon typographe, chargé d’une nombreuse famille, et qui possède à peine de quoi avoir des caractères, du papier et de l’encre.


    Extrait du chapitre 11 de La Princesse de Babylone - Voltaire




Annonce des axes

I. Une fin classique de conte
II. Les dernières critiques



Commentaire littéraire

I. Une fin classique de conte

Cet apologue est une fin classique car toute les actions se terminent : guerre, oppositions, le problème de la succession au trône et l'enlèvement des servantes. Il y a un dénouement heureux car les rois d'Egypte et celui des Indes servent au repas et il y a le mariage. Il y a le retour à Babylone et au faste ("fête surpassa en tout celle que le roi Bélus avait donnée", "cinq cents grands poètes". Tous les protagonistes sont présents : Formosante et Amazan, Belus, les servantes, les trois rois, le phénix, le bœuf Apis. Cependant c'est une fin très rapide, où plusieurs actions sont achevées en quelques lignes : cinq lignes pour le voyage, cinq pour l'histoire du roi d'Ethiopie, une pour résumer la guerre et neuf pour clore toutes les actions. C'est une fin accélérée car servant peu au projet de Voltaire.
DONC : La fin de La princesse de Babylone est classique et c'est sans doute parce qu'elle prévisible que Voltaire la précipite. Par contre, il se sert également des dernières lignes pour achever la critique qu'il a entreprise.


II. Les dernières critiques

"Apis rôti" c'est la continuation de la dénonciation des idoles, des symboles : Le Dieu redevient ce qu'il est : un bœuf. De plus, les prêtres du début sont remplacés par des poètes et le roi Egyptien, incarnant la religion, sert à table. De plus Voltaire s'exprime directement : "je", il devient omniprésent. Il invoque les Muses mais à la fin de l'écriture de son ouvrage, et non au début comme il est plus habituel. Voltaire demande qu'elle lui évite le plagiat ("Empêchez que des continuateurs téméraires…"). Il demande au critique de ne pas déformer ses propos, ses idées. Ainsi, il met en évidence le fait que le conte philosophique a pour objectif de défendre les idées de l'auteur, de convaincre. On voit que le conte philosophique est avant tout argumentatif.
DONC : Les dernières lignes du conte poursuivent les critiques de la société mais surtout montrent la volonté de Voltaire de ne pas être trahit dans les idées qu'il défend, qu'on ne déforme pas ses propos et ses opinions.





Conclusion

    L'épilogue de La princesse de Babylone clôt à la fois le conte et l'objectif de Voltaire qui est de diffuser les idées des Lumières par un type de texte, le conte, accessible à tous.

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Merci à Romain pour cette analyse du Chapitre 11 de La Princesse de Babylone de Voltaire