Plan de l'analyse de
Le rossignol de Verlaine :
Introduction
Le poème
Rossignol appartient au recueil
Poèmes saturniens (1866) (-> Texte complet des
Poèmes saturniens). C'est le premier recueil de
Verlaine où il se cherche et subit des influences.
Il est aussi influencé par
Baudelaire qui rend ces poèmes plus symbolistes.
Lecture du poème
Rossignol
Comme un vol criard d'oiseaux en émoi,
Tous mes souvenirs s'abattent sur moi,
S'abattent parmi le feuillage jaune
De mon coeur mirant son tronc plié d'aune
Au tain violet de l'eau des Regrets,
Qui mélancoliquement coule auprès,
S'abattent, et puis la rumeur mauvaise
Qu'une brise moite en montant apaise,
S'éteint par degrés dans l'arbre, si bien
Qu'au bout d'un instant on n'entend plus rien,
Plus rien que la voix célébrant l'Absente,
Plus rien que la voix -ô si languissante!-
De l'oiseau qui fut mon Premier Amour,
Et qui chante encor comme au premier jour;
Et, dans la splendeur triste d'une lune
Se levant blafarde et solennelle, une
Nuit mélancolique et lourde d'été,
Pleine de silence et d'obscurité,
Berce sur l'azur qu'un vent doux effleure
L'arbre qui frissonne et l'oiseau qui pleure.
Paul Verlaine, Poèmes saturniens
Annonce des axes
I. La structure syntaxique
II. Le développement de l'image
III. L'interprétation
Commentaire littéraire
I. La structure syntaxique
- 1 seul vers avec un point-virgule (vers 14), qui coupe la phrase
- 1ere partie de la phrase (vers 1) est une subordonnée de comparaison, puis une proposition principale (vers 2) ; "s'abattent" est répété 3 fois.
- vers 3 : avec beaucoup de compléments
- vers 7 : il est tout seul car il y a une virgule
- "sur moi" marque de lyrisme et personnel
Puis proposition principale (vers 7) avec un enjambement
- vers 10 : proposition subordonnée de conséquence
- vers 11 à 14 :on passe du silence à un bruit. Verlaine procède par élargissement en exprimant un glissement mais sans rupture.
- 2eme partie (vers 15 à 20) a une structure plus simple
- vers 15 et 16 : complément qui indique le temps et la lumière
- vers 16 et 17 : contre rejet avec "une"
- vers 17 et 18 : groupe sujet
- dans cette partie, il n'y a pas de glissement, le poème s'achève sur un tableau figé
II. Le développement de l'image
- vers 1 : indique le comparant
- vers 2 : indique l'idée du comparé
- cœur : comparé à un arbre : "feuillage jaune", "tronc plié d'aune"
- les Regrets = surface liquide, "de l'eau". Le cœur se reflète dans l'eau des Regrets
- les souvenirs s'éteignent petit à petit, il ne reste plus que le rossignol (=amour perdu)
- temps : clair de lune et il fait nuit
- représentation allégorique
III. L'interprétation
- état de malaise : "criard" (péjoratif avec violence)
- feuillage jaune = automne (saison de la mélancolie) le cœur apparaît comme torturé par des souvenirs du passé
- "violet" : couleur de deuil
- "Regrets" : important et allégorique
- eau : glissement et sentiment de permanence (Les Regrets ne s'arrêtent pas)
- apaisement grâce à une sorte d'endormissement
- vers 11 : amour amplifié. L'Absente est le souvenir de la femme
- "- ô si …" : coupe très importante et marque de lyrisme. "Si" marque une fore d'intensité
- vers 13 : verbes au passé simple, coupé du présent donc il y a une rupture.
- mélange de tristesse et de beauté : "splendeur", "blafarde".
Conclusion
Verlaine aime les demi-teintes avec des évocations de sentiments car il a des états d'âme ambiguë et complexe.