Si je mourais là-bas

Apollinaire - Poèmes à Lou




Introduction

Guillaume Apollinaire (1880-1918) est un poète et écrivain français, il est l'un des plus grands poètes du début du 20ème siècle. Il a écrit quelques romans et nouvelles érotiques. Il était adepte du calligramme, du cubisme et du surréalisme dont il a forgé le nom. Apollinaire a été influencé par la poésie symboliste dans sa jeunesse. Il se caractérisait entre la modernité et la tradition, il s'agissait pour lui de suivre le mouvement du temps et non du passé ou du futur.

Si je mourais là-bas est un poème tiré du recueil Poèmes à Lou écrit en 1915. Il est le fruit d'une relation brève et ardente avec Louise de Coligny-Châtillon, une belle aristocrate rencontrée à Nice en 1914. Le poète imagine sa mort sur le front et en fait part à sa bien-aimée.

Le poème est constitué de 5 quintils en alexandrin et d'un vers isolé en alexandrin.
Ancrage réalité guerre.
Caractère testamentaire.




Lecture du poème

Lecture audio du poème Si je mourais là-bas de Guillaume Apollinaire :



Si je mourais là-bas...


Si je mourais là-bas sur le front de l'armée
Tu pleurerais un jour ô Lou ma bien-aimée
Et puis mon souvenir s'éteindrait comme meurt
Un obus éclatant sur le front de l'armée
Un bel obus semblable aux mimosas en fleur

Et puis ce souvenir éclaté dans l'espace
Couvrirait de mon sang le monde tout entier
La mer les monts les vals et l'étoile qui passe
Les soleils merveilleux mûrissant dans l'espace
Comme font les fruits d'or autour de Baratier

Souvenir oublié vivant dans toutes choses
Je rougirais le bout de tes jolis seins roses
Je rougirais ta bouche et tes cheveux sanglants
Tu ne vieillirais point toutes ces belles choses
Rajeuniraient toujours pour leurs destins galants

Le fatal giclement de mon sang sur le monde
Donnerait au soleil plus de vive clarté
Aux fleurs plus de couleur plus de vitesse à l'onde
Un amour inouï descendrait sur le monde
L'amant serait plus fort dans ton corps écarté

Lou si je meurs là-bas souvenir qu'on oublie
- Souviens-t'en quelquefois aux instants de folie
De jeunesse et d'amour et d'éclatante ardeur -
Mon sang c'est la fontaine ardente du bonheur
Et sois la plus heureuse étant la plus jolie

Ô mon unique amour et ma grande folie

30 janv. 1915, Nîmes.

Guillaume Apollinaire - Poèmes à Lou



Si je mourais là-bas chanté par Jean Ferrat :


Annonce des axes

Dans un premier temps nous verrons l'expression des sentiments du poète et par la suite la façon dont il célèbre la femme aimée.

Commentaire littéraire

I. L'expression des sentiments

Idées Procédés
La peur de la mort Hypothèse : « si » (vers 1 et 21)
Répétition du verbe mourir (vers 1, 3 et 21), « front de l'armée » (vers 1 et 4)
Première guerre mondiale > ancrage historique réel Champ lexical guerre
Peur de l'oubli (par Lou) :
- Idée de l'éparpillement du souvenir, progression dans le poème, dans l'espace.
- L'auteur se traite comme un souvenir vite oublié.
« souvenir éclaté » (vers 6), « souvenir oublié » (vers 11), « souviens-t'en » (vers 22) > répétition
« mon souvenir s'éteindrait comme meurt un obus […] » (vers 3/4) > comparaison
« tu pleurerais un jour » (vers 2)
Le poète amoureux
- Présence du poète
- Poème lyrique, expression des sentiments, des états d'âmes du poète
Champ lexical de l'amour
Pronom personnel « je » utilisé à plusieurs reprises
Adjectifs possessifs



II. Célébration de la femme aimée

Idées Procédés
Poème dédié à la femme aimée
- Lettre d'adieu, d'amour
- Présence du destinataire
Hypothèse « si »
Titre du recueil « poèmes à Lou », répétition « Lou » (vers 2 et 21)
Marque de la deuxième personne « tu », « tes » + adjectifs possessifs « ma »
Beauté, éloge du corps Termes valorisants
Superlatif « la plus jolie » (vers 25)
Description du corps dans la troisième strophe.
Anaphore de « je rougirais » (vers 12 et 13)
Négation « tu ne vieillirais point » (vers 14)
Message de l'auteur
- Destinataire / lecteur entremêlés
- L'auteur ne veut pas être oublié
Impératif présent « sois » (vers 25), « souviens t'en » (vers 22) à valeur de conseil > mis en valeur par le tiret
Métaphore « fontaine ardente » (vers 24) > abondance > dérivation




Conclusion

    Ce poème est un hommage à Lou, une lettre pour qu'elle ne l'oublie pas et pour lui montrer et lui prouver tout l'amour qu'il a pour elle s'il était amené à mourir pendant la guerre.

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Merci à Caroline pour cette fiche sur Si je mourais là-bas, de Apollinaire