Plan de la fiche sur
Soleils couchants de Victor Hugo :
Introduction
Victor Hugo, auteur
complet (romancier, dramaturge) et engagé (
Le dernier jour d'un condamné)
est aussi un adepte de la poésie qu’il
définit comme « ce qu’il y a d’intime en tout » dans
la préface de son recueil
Odes et ballades (1828) évoquant
le sentiment de mal-être et de mélancolie propre aux romantiques.
Il annonce ainsi dans la préface qu’il s’agira « de
vers sereins et paisibles [...] des vers de l’intérieur de l’âme » et
comme un « regard mélancolique sur ce qui est, ce qui a été ».
En somme, ce recueil est dominé par le thème de la fuite du temps
comme on le constate dans ce dernier poème composé de 4 quatrains
en alexandrins aux rimes suffisantes et croisées. Les 6 poèmes
de « Soleils Couchants » présentent une méditation
sur la condition humaine face à la nature et plus particulièrement
au couché de soleil d’où le thème principal de la
fuite du temps, caractéristique du romantisme.
Victor Hugo
Texte du poème Soleils couchants
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Lu par René Depasse - source : litteratureaudio.com
Soleils couchants
Le soleil s'est couché ce soir dans les nuées ;
Demain viendra l'orage, et le soir, et la nuit ;
Puis l'aube, et ses clartés de vapeurs obstruées ;
Puis les nuits, puis les jours, pas du temps qui s'enfuit !
Tous ces jours passeront ; ils passeront en foule
Sur la face des mers, sur la face des monts,
Sur les fleuves d'argent, sur les forêts où roule
Comme un hymne confus des morts que nous aimons.
Et la face des eaux, et le front des montagnes,
Ridés et non vieillis, et les bois toujours verts
S'iront rajeunissant ; le fleuve des campagnes
Prendra sans cesse aux monts le flot qu'il donne aux mers.
Mais moi, sous chaque jour courbant plus bas ma tête,
Je passe, et, refroidi sous ce soleil joyeux,
Je m'en irai bientôt, au milieu de la fête,
Sans que rien manque au monde immense et radieux !
Victor Hugo, Les Feuilles d'Automne
Annonce des axes
I. La fuite du temps
II. L'influence positive du temps sur la nature
III. Son impact négatif sur l’homme
Commentaire littéraire
I. La fuite du temps
- Champ lexical du temps (spécialement dans le 1er quatrain)
- Utilisation du présent dans tout le poème = le temps est omniprésent (thème principal)
- Titre faisant référence à la journée qui se termine, au temps qui passe. Dans le texte, on trouve également : « le soleil s’est couché ce soir ».
- « soirs, nuits, aubes, jours » = temps envisagé dans sa suite comme l’indique le mouvement du premier quatrain = énumération des différents moments de la journée avec les articulations chronologiques « Et », « Puis » (
anaphore) qui répété dans un même quatrain met en valeur la rapidité du temps.
- Utilisation du futur dans des verbes de mouvement « viendra, passeront » = met l’accent sur la fuite du temps.
- Mouvement souligné par des images, personnification : « pas du temps qui s’enfuit » -> accentuation du pouvoir du temps.
- Evocation de la rivière : « fleuve d’argent »
- Forme du poème qui met en valeur la fuite du temps :
• Rythme binaire mais hémistiche en 2
-> accélération du rythme
• Énumération avec parallélismes + enjambement (v.5, 6, 7,8)
-> rapidité
Ainsi le thème de la fuite du temps dominant est à l'origine de sentiments variés comme la mélancolie, l'amertume, la nostalgie, d'autant plus que l'auteur met l'accent sur les conséquences positives de la fuite du temps sur la nature.
II. L'influence positive du temps sur la nature
- Nature affectée par le temps « ridée », mais suivi de « non vieillis » qui annule le sens péjoratif de l’adjectif = la nature ne subit pas l’influence négative du temps = reste immuable, semblable à elle-même.
- Mise en valeur par les marques de la permanence « toujours », « sans cesse » + présent d’habitude « roule » « donne »
- Ne vieillit pas mais se rajeunit = correspond au temps cyclique des saisons avec un renouvellement (V. 10/11) :
• « ridés » = changement superficiel
• « toujours vert » = toujours jeunes
• « s’iront rajeunissant » = renouvellement
- Insiste sur le pouvoir de la nature (par-dessus le temps qui passe) + champ lexical du temps toujours en présence de parallélismes pour montrer
son influence sur la nature = termes présents dans tout le poème
pour montrer l’omniprésence de la nature.
- Utilisation de pluriels = met en valeur la puissance de la nature
- Référence aux 4 éléments : terre (montagnes),
eau (fleuves), feu (soleil), air (orage, nuées, vapeur) -> tout est réuni
d’où la référence dans le dernier vers au monde.
- « immense » + personnification « face » « front » = pouvoir de la nature et sa grandeur
« joyeux », « fête » = aspect festif
III. Son impact négatif sur l’homme
- Utilisation de la première personne du singulier « je » « moi » = évocation de l’homme = représente toute l’humanité
- « courbant plus bas ma tête » = vieillissant, s’inclinant face au pouvoir du temps = euphémisme qui souligne l’accablement
du poète = sa soumission.
- « refroidit », « je passe », « je m’en irai » = références à la mort
- Présent puis futur = met en valeur le caractère éphémère de l’homme
- « Mais moi » montre l’effet opposé à la nature et souligne une injustice.
- La nature se renouvelle, rajeunit, tandis que l’homme disparaît.
- Pronom personnel singulier = nature qui détient plus de pouvoir.
- Evocation de l’homme dans un quatrain contrairement à la nature dans l’ensemble du poème = faiblesse de l’homme + aspect éphémère.
- La souffrance implicite marquée par l’opposition = le poète inspire son mal-être de façon subtile car sentiment opposé à la nature « radieuse » « joyeuse » = l’auteur est seul (romantique).
Le temps apporte souffrance et mort à l’homme.
Conclusion Soleils couchants est bien un poème lyrique (thème de
la fuite du temps) : face à ce coucher de soleil, l'auteur constate avec
tristesse et amertume son sort et son impuissance face à une nature qui
se renouvelle et rajeunit au fil des saisons. Au contraire, l'Homme subit cette
fuite, l'amenant à une disparition opérée dans la joie et
l'indifférence. Ces quatrains, en présentant une méditation
sur le temps qui passe, permet le constat tragique de la condition humaine.
Ouverture :
Louise Labé exprimant sa souffrance par une métaphore filée.
Tableaux de David Friedrich représentant l'immensité de la nature.