Plan de la fiche sur un extrait du
chapitre 1 de Le Ventre de Paris de Emile Zola :
Introduction
Dans cet extrait du premier chapitre du roman naturaliste
Le Ventre de Paris écrit en 1873 par
Emile Zola, Florent, arrêté par erreur après le coup d’état du 2 décembre 1851 s’est évadé du bagne de Cayenne et découvre le nouveau marché des Halles 7 ans plus tard.
Texte étudié
Il n'eut plus qu'une pensée, qu'un besoin, s'éloigner des Halles. Il attendrait, il chercherait encore, plus tard, quand le carreau serait libre. Les trois rues du carrefour, la rue Montmartre, la rue Montorgueil, la rue Turbigo, l'inquiétèrent : elles étaient encombrées de voitures de toutes sortes ; des légumes couvraient les trottoirs. Alors, il alla devant lui, jusqu'à la rue Pierre-Lescot, où le marché au cresson et le marché aux pommes de terre lui parurent infranchissables. Il préféra suivre la rue Rambuteau. Mais, au boulevard Sébastopol, il se heurta contre un tel embarras de tapissières, de charrettes, de chars à bancs, qu'il revint prendre la rue Saint-Denis. Là, il rentra dans les légumes. Aux deux bords, les marchands forains venaient d'installer leurs étalages, des planches posées sur de hauts paniers, et le déluge de choux, de carottes, de navets recommençait. Les Halles débordaient. Il essaya de sortir de ce flot qui l'atteignait dans sa fuite ; il tenta la rue de la Cossonnerie, la rue Berger, le square des Innocents, la rue de la Ferronnerie, la rue des Halles. Et il s'arrêta, découragé, effaré, ne pouvant se dégager de cette infernale ronde d'herbes qui finissaient par tourner autour de lui en le liant aux jambes de leurs minces verdures. Au loin, jusqu'à la rue de Rivoli, jusqu'à la place de l'Hôtel-de-Ville, les éternelles files de roues et de bêtes attelées se perdaient dans le pêle-mêle des marchandises qu'on chargeait ; de grandes tapissières emportaient les lots des fruitiers de tout un quartier ; des chars à bancs dont les flancs craquaient partaient pour la banlieue. Rue du Pont-Neuf, il s'égara tout à fait ; il vint trébucher au milieu d'une remise de voitures à bras ; des marchands des quatre-saisons y paraient leur étalage roulant. Parmi eux, il reconnut Lacaille, qui prit la rue Saint-Honoré, en poussant devant lui une brouettée de carottes et de choux-fleurs. Il le suivit, espérant qu'il l'aiderait à sortir de la cohue. Le pavé était devenu gras, bien que le temps fût sec ; des tas de queues d'artichauts, des feuilles et des fanes, rendaient la chaussée périlleuse. Il butait à chaque pas. Il perdit Lacaille, rue Vauvilliers. Du côté de la Halle au blé, les bouts de rue se barricadaient d'un nouvel obstacle de charrettes et de tombereaux. Il ne tenta plus de lutter, il était repris par les Halles, le flot le ramenait. Il revint lentement, il se retrouva à la pointe Saint-Eustache.
Emile Zola - Le Ventre de Paris - Extrait du chapitre 1
Les Halles, Léon Lhermitte, 1895
Annonce des axes
Nous verrons dans une première partie comment cet environnement lui est hostile puis nous analyserons le caractère symbolique de son itinéraire.
I. Un environnement hostile
II. Un itinéraire symbolique
Commentaire littéraire
I. Un environnement hostile
Nature des éléments décrits :
- Les légumes d’une part => impression de pléthore
- hyperbole"déluge de choux"
- quantité"brouettée"; "bas"
- plusieurs fois les mêmes éléments
- Les charrettes d’autre part : matière dure qui bloque les rues
- énumération
- fréquence des mêmes éléments
- termes (verbes et adjectifs) qui signalent la clôture "encombrées", "infranchissable","embarras","barricadaient"
-
Personnification des légumes par le biais d’une
métaphore où les
herbes encerclent le personnage : "cette infernale ronde d’herbes qui finissaient par tourner autour de lui en le liant aux jambes de leurs minces verdures."
II. Un itinéraire symbolique
- Récurrence des noms de rue qui correspondent au plan
exact de l’époque (caractéristique naturaliste) parcours en boucle : il est prisonnier.
=> corroboré par ce que voit Florent : les mêmes charrettes, les mêmes légumes
- Le personnage cherche à fuir => verbes d’action "s’éloigner des Halles", "se dégager"
Conclusion
Dès le début du roman où se
situe le texte, le personnage de Florent venu de l’extérieur semble
redouter l’organisme que représentent les Halles de Paris.
Déjà dans ce texte on le voit essayer de fuir ce ventre qu’il perçoit comme hostile
mais il est finalement repris malgré ses
efforts, par les Halles qui le happent.
Ce cours épisode est métonymique de l’histoire du roman car il n’a pas les valeurs que prônent les Halles et ne parvient pas à s’intégrer. Ainsi, il est successivement saisi, digéré et éjecté par ce monde qui n’est pas le sien.