Plan de la fiche sur
la scène 1 de l'Acte III de On ne badine pas avec l'amour de Alfred de Musset :
Introduction
Dans ce monologue de
On ne Badine pas avec l’Amour (
Alfred de Musset), Perdican ne sait plus où il en
est dans ses sentiments. Il se demande si il est amoureux de Camille, ainsi
la question qui débute l’extrait va trouver une multitude de réponses au fil du monologue.
Texte de la scène
ACTE TROISIEME
SCENE I
EXTRAIT
[...]
PERDICAN
Je voudrais bien savoir si je suis amoureux. D'un côté, cette manière d'interroger est tant soit peu cavalière, pour une fille de dix-huit ans ; d'un autre, les idées que ces nonnes
lui ont fourrées dans la tête auront de la peine à se
corriger. De plus, elle doit partir aujourd'hui. Diable ! je l'aime, cela est sûr.
Après tout, qui sait ? peut-être elle répétait
une leçon, et d'ailleurs il est clair qu'elle ne se soucie pas de moi
D'une autre part, elle a beau être jolie, cela n'empêche pas
qu'elle n'ait des manières beaucoup trop décidées,
et un ton trop brusque. Je n'ai qu'à n'y plus penser ; il est
clair que je ne l'aime pas. Cela est certain qu'elle est jolie ; mais
pourquoi cette conversation d'hier ne veut-elle pas me sortir de la tête ?
En vérité, j'ai passé la nuit à radoter. Où vais-je
donc ? - Ah ! je vais au village.
Il sort.
On ne Badine pas avec l’Amour - Alfred de Musset
Annonce des axes
La structure de l’extrait
Un monologue original
Eléments de commentaire littéraire
La structure de l’extrait :
Le monologue débute par une interrogative indirecte (« je voudrais
bien savoir si… ») avec pour problème si il est amoureux
ou non de sa cousine. Le terme clef de la première phrase est l’adjectif « amoureux » qui
annonce le thème du dilemme.
Les réponses au dilemme ponctuent le passage : « je l’aime
cela est sûre » et « il est clair que je ne l’aime pas ».
Dans les deux cas, nous pouvons noter la même assurance malgré que
ce soit deux points de vue contradictoires. Le problème n’est donc
pas résolu :
Question initiale + arguments + réponse positive
Reprise de l’argumentation + réponse négative.
Il n’y a donc pas de réelle conclusion sinon une sorte de retour à la
réalité immédiat.
Un monologue original :
- Les articulations logiques :
Le monologue est en apparence bien construit. On remarque la présence
de connecteur « d’un côté », « d’un
autre » et « de plus ». Ce sont donc trois
arguments qui agrémentent la réponse positive. Puis « après
tout », « d’ailleurs » et « d’une
autre part » qui conduisent à une réponse négative.
On a donc trois argumentations de chaque côté qui amènent à deux
conclusions contradictoires.
- Arguments étayant la réponse :
(« Attitude cavalière » « des idées toutes
faites » « le départ de Camille ») les arguments sont
très proches donc comment Perdican peut aboutir à des réponses
opposées.
Ce discours traduit en réalité le trouble du jeune homme et ses
bouleversements sentimentaux. Camille est une véritable fascination
(récurrence du mot « jolie »).
Il est troublé et ne voit pas clair dans son cœur.
- Un monologue faussement rigoureux :
Ce monologue parait argumenté mais il ne l’est pas. Il a toutes
les apparences d’un monologue argumentatif (débat avec interrogations,
dilemme et arguments). Cependant il n’y a pas de relation logique et
pas de réelle argumentation (conclusions qui diffèrent).
La fin du passage est marquée par un retour à la réalité.
(« Où vais-je donc ? ») qui souligne l’état
de perturbation.
De plus Perdican n’a pas résolu son dilemme. Le monologue ne remplit
donc pas sa fonction délibérative.
Pour le spectateur, la situation est cependant beaucoup plus claire : il
est évident qu’il aime Camille. C’est l’absence
de réponse mais aussi l’évidence de celle-ci qui rend
le monologue original.
Conclusion
Cet extrait de
On ne Badine pas avec l’Amour prend la forme
d’un monologue original qui montre le bouleversement du jeune homme qui
ne sait plus contrôler ses sentiments. Cependant, cette agitation révèle
aux spectateurs l’amour authentique qu’il éprouve pour Camille.