En dépit de ce cadre paradoxal, on peut lire un hymne à l’héroïsme
de l’homme.
II- L’héroïsme de l’homme
Le poète voulu faire un récit émouvant. En dépit
de leur souffrance, les hommes restent courageux et dignes. La composante
pathétique est visible au vers 10 (« chacun se sentant mourir,
on était seul... » 28). L’emploi de « on » dénote
une participation émotive du poète et des lecteurs. Les hommes
créent une unité malgré leur souffrance. Le courage
et l’héroïsme des clairons qui se transforment en statue.
Il cherche la grandeur dans la misère. La caractérisation
insiste sur la dignité des hommes (« pensifs » => héros
romantique) => les grenadiers sont dans une attitude semblable à celle
du proscrit (le poète). Idée de destin introduite dès
le départ par « on était vaincu par sa conquête ».
Cette idée oppose le caractère fini de l’humanité et
le caractère indéfini de la destiné. Ironie du destin
qui se joue des hommes, visible dans « vaincu par sa conquête » et « pour
la première fois, l’aigle baissait la tête ».
C’est une animation du symbole de l’unité napoléonienne
qu’est l’aigle. Le revers s’oppose à l’ambition
humaine. Les hommes ne perdent pas leur dignité. « Cette immense
armée ». « Cette » et « immense » dénotent
l’idée de grandeur. Répétition de « immense » au
vers 27.
« On était seul » => pour la première
fois, cette armée se désagrège (malgré sa fraternité).
Ce « on » renvoie à une valeur individuelle : chacun
des hommes de l’armée était seul. Victor Hugo exalte
(idée de hauteur) la fragilité des hommes, de leur destin. « On » donne
aussi une généralité à l’expression.
Il y a bien un hymne à l’héroïsme des hommes qui
se fait en deux temps : chanter leur dignité et leur fraternité puis
exalter leur fragilité en donnant une valeur exemplaire à leur
douleur.
Nous avons un récit émouvant mais aussi un
véritable tableau composé par un poète, non plus un
description mais bel et bien une vision.
III. Le tableau d’un poète
Ecriture visionnaire typiquement romantique. La vision est assumée
par le point de vue du poète, elle est subjective. Il y a donc une
participation affective du poète qui entraîne le lecteur.
Au vers 1, « on était vaincu par sa conquête » a
trois sens différents qui peuvent être employés dans
ce poème.
1- chacun des soldats était vaincu par leur propre conquête.
2- L’ensemble des armées est vaincu par la conquête
de Napoléon.
3- On est toujours vaincu par ses propres conquêtes.
Il y a donc une polysémie. La force poétique se trouve dans
l’étude grammaticale.
Au vers 7-9-12 : on ne sait plus très bien qui est désigné par
ce « on » : participation affective de ce « on ».
L’histoire ne peut être écrite que subjectivement. Elle
est aussi commentée. « Sombres jours » est un commentaire
du poète.
La description réaliste est rejetée pour la description fantastique.
(20-21). « Muette vengeresse » => animisme (donner vie aux éléments
naturels). Idée de mystère (22) => la retraite de Russie est
sur la vanité de la condition humaine en prenant Napoléon.
Il nous montre comment les destins les plus ambitieux se retournent contre eux même. La retraite de Russie est une vaste allégorie à la
condition humaine.