Plan de la fiche sur
Les pauvres à l'église de Rimbaud :
Introduction
Les pauvres à l’église est un des premiers poèmes d’
Arthur Rimbaud. Il est tiré d'un recueil intitulé
Poésie écrit en 1870. C’est un poème du même type que
Les poètes de 7 ans. On ressent la colère de l’adolescent devant les contraintes subies à Charleville. Il a été élevé dans la religion catholique avec sa mère. Etant forcé d’aller à la messe le dimanche, il pose un regard critique sur la Bourgeoisie.
Texte du poème Les pauvres à l'église de Rimbaud
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Lu par Alexandre Khazal - source : litteratureaudio.com
Les pauvres à l'église
Parqués entre des bancs de chêne, aux coins d'église
Qu'attiédit puamment leur souffle, tous leurs yeux
Vers le choeur ruisselant d'orrie et la maîtrise
Aux vingt gueules gueulant les cantiques pieux ;
Comme un parfum de pain humant l'odeur de cire,
Heureux, humiliés comme des chiens battus,
Les Pauvres au bon Dieu, les patrons et le sire,
Tendent leurs oremus risibles et têtus.
Aux femmes, c'est bien bon de faire des bancs lisses,
Après les six jours noirs où Dieu les fait souffrir !
Elles bercent, tordus dans d'étranges pelisses,
Des espèces d'enfants qui pleurent à mourir.
Leurs seins crasseux dehors, ces mangeuses de soupe,
Une prière aux yeux et ne priant jamais,
Regardent parader mauvaisement un groupe
De gamines avec leurs chapeaux déformés.
Dehors, le froid, la faim, l'homme en ribote :
C'est bon. Encore une heure ; après, les maux sans noms !
- Cependant, alentour, geint, nasille, chuchote
Une collection de vieilles à fanons :
Ces effarés y sont et ces épileptiques
Dont on se détournait hier aux carrefours ;
Et, fringalant du nez dans des missels antiques,
Ces aveugles qu'un chien introduit dans les cours.
Et tous, bavant la foi mendiante et stupide,
Récitent la complainte infinie à Jésus
Qui rêve en haut, jauni par le vitrail livide,
Loin des maigres mauvais et des méchants pansus,
Loin des senteurs de viande et d'étoffes moisies,
Farce prostrée et sombre aux gestes repoussants ;
- Et l'oraison fleurit d'expressions choisies,
Et les mysticités prennent des tons pressants,
Quand, des nefs où périt le soleil, plis de soie
Banals, sourires verts, les Dames des quartiers
Distingués, - ô Jésus ! - les malades du foie
Font baiser leur longs doigts jaunes aux bénitiers.
Arthur Rimbaud - Poésies
Portrait du jeune Arthur Rimbaud
Annonce des axes
I. Un poème classique et original
1. Une forme classique et original
2. Composition du poème
II. Peinture de la société
1. Le peuple
2. Les femmes
3. Les exclus de la société (marginaux)
4. Les dames de la bourgeoisie
III. Critique de la religion
1. Refuge des faibles c'est-à-dire les femmes, les vieilles et les exclus
2. Les prières
3. Dieu lointain et insensible
Commentaire littéraire
I. Un poème classique et original
1. Une forme classique et original
- Néologisme « fringalant »
- Métrique 7ème vers
- 9 quatrains
- Souci de rébellion, ne respecte pas la métrique
2. Composition du poème
- La place la plus grande accordée aux pauvres. 6ème, 5ème quatrains
- Place réduite pour Jésus
II. Peinture de la société
1. Le peuple
- Dès les premiers vers, on voit les pauvres entassés comme du bétail entre des rangées de bancs « parqués entre des bancs ».
- Ils sont mis à l’écart « aux coins d’églises ».
- Ces pauvres, humiliés par leur position semblent cependant heureux d'être là parmi les autres fidèles et prient comme les autres.
- Le premier quatrain présente les pauvres comme des animaux. Nous le voyons par les adjectifs « parqués » et « puamment ». Cette description est en opposition avec la richesse de l’Eglise « le chœur ruisselant d’orrie ».
- Rimbaud donne l’impression de personnes ridicules mais heureuses.
- Les chapeaux déformés font référence au milieu populaire.
2. Les femmes
- Rimbaud s'en prend également aux femmes qui viennent ici avec leurs enfants pendant l'heure de la messe pour oublier leurs souffrances quotidiennes.
- La maternité est une image négative, animale, un supplice « des espèces d’enfants qui pleurent à mourir »
- Quatrième quatrain : les seins, image de la féminité, ramène à la misère
3. Les exclus de la société (marginaux)
- A côté, il y a les personnes âgées. Elles se cachent.
- Les aveugles
- 6ème quatrain : « les effarés », « épileptique »
- Rimbaud compare les aveugles à leurs chiens, qui cherchent dans les livres de messes comme les chiens cherchent dans les ordures.
- Tout le monde va à l'église, il ne reste dehors que les corrompus, les hommes en ribote.
4. Les dames de la bourgeoisie
- (Jalousie devant la beauté des jeunes filles.)
- Vers 31 : femmes de la bourgeoisie « expressions choisies »
III. Critique de la religion
1. Refuge des faibles c'est-à-dire les femmes, les vieilles et les exclus
- Beaucoup voient dans la religion un refuge à leurs difficultés.
- Le troisième quatrain montre le destin cruel des femmes qui ne peuvent se reposer qu’à l’église, des femmes épuisées.
- 5ème quatrain : Les femmes trouvent dans l’église une sorte de protection. « C’est bon »
2. Les prières
- Les pauvres énoncent leurs prières "bavant leur foi mendiante et stupide" à un Christ qui ne les entend pas et même qui s'ennuie, « qui rêve »
- Des prières adressées dans le vide. Pour Rimbaud, c’est une cérémonie stupide. « farce prostrée »
- Les prières manquent de conviction « les mysticités prennent des tons pressants ».
- Il montre son mépris en employant des péjoratifs tels que « gestes repoussants ». Ces gestes peuvent être par exemple le fait de s'agenouiller.
3. Dieu lointain et insensible
- 7ème quatrain : vision négative de l’église. Portrait de Jésus. Seulement quatre strophes pour Jésus (alors que 6 strophes pour les pauvres)
- Les mots « en haut » et « loin » montrent que Jésus est inaccessible -> référence à
Le Mal
- Jésus est loin de ses fidèles, indifférent aux misères du peuple.
- Rimbaud décrit une humanité mauvaise.
- L'église voudrait faire croire qu’elle arrive à rassembler les riches et les pauvres dans un seul endroit sans marquer de différence entre eux.
- Pour Rimbaud la messe est inutile. Elle est « prostrée et sombre ».
Conclusion
Les pauvres à l’église est un poème où l’on retrouve toute la haine de Rimbaud contre l’Eglise et la société. Son regard est celui d’un adolescent en totale révolte contre son milieu, c'est-à-dire la bourgeoisie. Nous pouvons remarquer que les thèmes choisis par Rimbaud sont les mêmes dans
Le Mal et
A la musique.