Introduction
Le poème
Saltimbanques est extrait du recueil
Alcools, de
Guillaume Apollinaire.
Le poème
Saltimbanques a pour thème un motif essentiel de la poésie d’
Apollinaire, à savoir les gens du voyages : les saltimbanques, qui font des sauts c'est-à-dire, acrobates les baladins, ceux qui avancent c'est-à-dire, les nomades. Le poème commence et se termine par le terme du mouvement.
Lecture du poème
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Lu par René Depasse - source : litteratureaudio.com
Saltimbanques
à Louis Dumur
Dans la plaine les baladins
S'éloignent au long des jardins
Devant l'huis des auberges grises
Par les villages sans églises
Et les enfants s'en vont devant
Les autres suivent en rêvant
Chaque arbre fruitier se résigne
Quand de très loin ils lui font signe
Ils ont des poids ronds ou carrés
Des tambours des cerceaux dorés
L'ours et le singe animaux sages
Quêtent des sous sur leur passage
Guillaume Apollinaire (1880 - 1918)
Annonce des axes
Commentaire littéraire
I - Les nomades associés au voyage
1 - Le champ lexical du mouvement opposé au non mouvement
Tous les verbes, les noms et prépositions. Le verbe s'éloigner est utilisé de manière décalée, pas avec la bonne préposition car il n'y a pas de point d'origine.
Non mouvement représenté par les lieux "villages" baladin en relation avec espaces
ouverts, illimités et aussi imaginaires par opposition à un univers clos qui
crée un climat d'hostilité.
Allitérations en "l" et "r" qui donnent une impression
de fluidité et de mouvement.
2 - Le sens symbolique du cortège
Le déplacement des nomades va dans le sens de l'écoulement universel, temps et vie qui s'écoulent. Et aussi celui de l'amour qui ne dure pas. La présence des enfants devant le cortège montre la capacité d'espérer. Les assonances en "i" suggèrent une autre forme de vie qui est celle des villageois, à savoir une vie terne et sérieuse alors que dans le second quatrain les assonances sont une invitation des nomades à partager leur vie. Octosyllabes réguliers à rimes plates avec un espace laissé entre chaque accent suggérant la lenteur du cortège.
II - Opposition nature et culture
1 - Deux champs lexicaux : nature et culture
La nature est représentée par les baladins. Elle est opposée au champ lexical de la culture. Deux formes de civilisations : vie nomade et vie sédentaire.
2 - Caractérisation de la vie sédentaire
Le mot "huis" représente une porte fermée de même que les "auberges" grises et les villages sans église évoquent des lieux sans joie et triste, sans dimension de spiritualité. Adjectif grise, en dehors de la couleur, la fonction habituelle des auberges avec l'alcool pour mieux oublier la monotonie de cette vie.
3 - Les médiateurs entre les deux mondes
Les arbres fruitiers sont à mi-chemin entre culture et nature. Ils établissent un système de communication avec les nomades, comme les animaux, ils appartiennent à la nature mais ils sont devenus sages pour être utiles aux hommes.
III - La fête
1 - Les champs lexicaux de la fête
Tous les éléments du 3
ème quatrain. Ils apportent la variété, la couleur, le motif du cercle (cerceau) inscrit la fête dans une sorte de répétition cyclique. Les animaux servent de médiateurs entre les deux mondes et raniment la monotonie quotidienne du village.
2 - Tout est éphémère
Les nomades n'ont fait que traverser sur leur passage, car leur parcours ne s'arrête pas et la fête fait partie d'un jeu de paillettes (cerceau dorée).
Conclusion
Deux points de vue possible pour aborder le poème
Saltimbanques :
- En relation avec l'esthétique baroque et on retrouve le thème de la mobilité, inconstance, fuite, illusion propre à l'art baroque.
- On le rapproche d'un point de vue idéologique à celui du romantisme avec la nostalgie d'un paradis à jamais perdu et l'idée que tout se dégrade à partir de ce point d'origine.