Introduction
Le poème
Signe est extrait du recueil
Alcools, de
Guillaume Apollinaire.
Signe est le fragment d’un poème beaucoup plus long. Le titre vient du signe astrologique d’
Apollinaire, né sous le signe de la vierge, qui est aussi le signe astrologique sous lequel débute l’automne.
La composition poétique :
1. Les vers : Les vers de ce poème sont des alexandrins avec la césure à l’hémistiche.
2. Les rimes :
Rimes croisées type AB/AB
3. Les strophes : Le poème est composé de deux strophes en forme de
quatrains.
Lecture du poème
Signe
Je suis soumis au Chef du Signe de l'Automne
Partant j'aime les fruits je déteste les fleurs
Je regrette chacun des baisers que je donne
Tel un noyer gaulé dit au vent ses douleurs
Mon Automne éternelle ô ma saison mentale
Les mains des amantes d'antan jonchent ton sol
Une épouse me suit c'est mon ombre fatale
Les colombes ce soir prennent leur dernier vol
Guillaume Apollinaire - Alcools
Annonce des axes
Commentaire littéraire
1. Un poète sous influence
Le premier vers de la première strophe est, en fait, l’explication
du titre. C’est par un emprunt au vocabulaire de l’héraldique, " Chef
du Signe ", qui signifie le signe noble dans un blason, qu’Apollinaire
révèle sa croyance d’une sujétion à la saison.
On retrouve l’ambiguïté du rapport que le poète entretient
avec l’automne à cause du verbe soumettre, qui peut suggérer
l’idée d’une obligation, d’un fait subi. D’autre
part, la métaphore méliorative du blason laisse penser qu’Apollinaire
revendique avec fierté l’influence qu’exerce sur lui l’automne.
La seconde strophe s’ouvre par une apostrophe à l’automne,
où Apollinaire reconnaît explicitement l’envoûtement
qu’exerce sur lui la saison.
" Mon Automne éternelle ô ma saison mentale ". La saison est
vécu par le poète plus comme un état d’esprit que
comme un moment de l’année.
2. Un chagrin d’amour
Mais au travers du thème de l’automne célébré perce une mélancolie inhérente à la saison, celle des amours mortes. Elle se retrouve dès le vers 2, dans l’opposition de l’élément
masculin apprécié " j’aime les fruits " et
de l’élément féminin rejeté " je
déteste
les fleurs ". La fleur est d’évidence la
métaphore de la femme. Les vers 3 et 4 disent la souffrance d’aimer et sont peut-être l’expression des souffrances qu’Apollinaire éprouva dans
sa relation amoureuse et malheureuse avec Annie Playden. Comme souvent chez
ce poète, le thème de la mutilation apparaît, au vers 6 " les
mains des amantes d’antan jonchent ton sol ". Cette image d'une
mutilation s'accompagne d'une réification et le verbe joncher, qui s’applique
en premier lieu aux feuilles qui tombent, montre comment les souvenirs amoureux
finissent par se trouver assimilés aux manifestations naturelles propres à cette
saison. L’automne, saison de transition, devient l’occasion d’un
bilan. Le vers 7 poursuit le thème des amours malheureuses avec une allusion évidente au mythe d’Orphée et Eurydice, symbole
de l’amour impossible.
Conclusion
Signe est certainement, de tous les poèmes
de Guillaume Apollinaire sur l’automne, celui qui affirme le mieux la
relation particulière qui unissait le poète et la saison. Mélange
de liens exaltés et de mélancolie, il résume parfaitement
l'ambiguïté de cette relation, tout en accordant une place aux amours
malheureuses, thème familier de l’auteur.