
Et rugissant tout bas, la regardait briller,
    Et semblait avoir peur de la faire envoler.
    Un ineffable amour emplissait l'étendue.
    L'herbe verte à mes pieds frissonnait éperdue,
    Les oiseaux se parlaient dans les nids ; une fleur
    Qui s'éveillait me dit -. c'est l'étoile ma soeur.
    Et pendant qu'à longs plis l'ombre levait son voile,
    J'entendis une voix qui venait de l'étoile
    Et qui disait : - Je suis l'astre qui vient d'abord.
    Je suis celle qu'on croit dans la tombe et qui sort.
    J'ai lui sur le Sina, j'ai lui sur le Taygète ;
    Je suis le caillou d'or et de feu que Dieu jette,
    Comme avec une fronde, au front noir de la nuit.
    Je suis ce qui renaît quand un monde est détruit.
  Ô 
    nations ! je suis la poésie ardente.
    J'ai brillé sur Moïse et j'ai brillé sur Dante.
    Le lion océan est amoureux de moi.
    J'arrive. Levez-vous, vertu, courage, foi !
    Penseurs, esprits, montez sur la tour, sentinelles !
    Paupières, ouvrez-vous, allumez-vous, prunelles,
    Terre, émeus le sillon, vie, éveille le bruit,
    Debout, vous qui dormez ! - car celui qui me suit,
    Car celui qui m'envoie en avant la première,
    C'est l'ange Liberté, c'est le géant Lumière !